Le camp Geille. La plus forte emprise française de Ouakam a été restituée, ce jeudi 17 juillet 2025, aux autorités militaires sénégalaises, ouvrant une nouvelle page dans la coopération militaire entre le Sénégal et la France.
Un cérémonial militaire ponctué de levée de couleurs sénégalaises dans l’enceinte du camp Geille de Ouakam pour acter la dernière restitution des Eléments français au Sénégal (Efs). Le général de division Pascal Ianni, en charge du commandement français pour l’Afrique, a remis, symboliquement, les clés de l’infrastructure au chef d’état-major général des Armées sénégalaises (Cemga), le général de corps d’armée Mbaye Cissé. Deux actes forts immortalisés par un contingent de professionnels des médias sénégalais et étrangers devant l’ambassadeur de France et toute la hiérarchie militaire. Une cérémonie sobre, mais qui marque le « tournant important » qu’il opère dans le riche et long parcours de la coopération militaire entre le Sénégal et la France. C’est aussi l’épilogue de « plusieurs mois de discussions amicales et fraternelles entre les deux pays, portant sur la restitution définitive des emprises militaires françaises aux armées sénégalaises », selon le Cemga. Ce dernier a rappelé que le retrait français marque l’expression de la « volonté politique » des « plus hautes autorités de donner un nouveau contenu au partenariat multiséculaire entre la France et le Sénégal ». Un départ qui projette un « partenariat rénové ».
Le départ définitif des Efs, dernière dénomination de la force, répond, selon le général Ianni, « à la volonté des autorités sénégalaises de ne plus avoir de forces permanentes étrangères présentes sur leur territoire ». Ce qui induit un « changement structurel de notre présence », mais aussi un « changement nécessaire ».
« Ce format de partenariat s’inscrit dans la nouvelle doctrine sénégalaise de coopération en matière de défense et de sécurité, qui vise avant tout à consolider l’autonomie des forces armées sénégalaises tout en contribuant à la paix dans la sous-région, en Afrique et dans le monde », a expliqué le général Mbaye Cissé. Il s’est réjoui de la dynamique et variée coopération militaire qui a huilé les rapports entre les deux armées. Cette coopération étant principalement axée sur la formation, l’entraînement et le soutien logistique permettant une « montée en puissance des armées sénégalaises, notamment dans la capacitation des cadres et l’entraînement des unités ».
Le nouveau partenariat à fonder doit être « réinventé dans une Afrique dynamique dont la jeunesse porte beaucoup d’espoir », a expliqué le général de division. Il se dit aussi conscient de la « vraie transformation de l’approche à l’égard des pays africains et de nos partenaires africains ». « Nous devons agir différemment et nous n’avons plus besoin de bases permanentes pour cela », a-t-il affirmé. Pour lui, le fait de « prolonger artificiellement une empreinte partout où elle n’était plus souhaitée par les bénéficiaires aurait été une mauvaise politique ». L’idéal est désormais d’ « écrire l’avenir de ce partenariat stratégique et de cette relation si spéciale, essentielle pour la stabilité de la région », a souhaité le général Ianni. Il a promis que la nouvelle coopération sera coécrite « dans le strict respect des intérêts et de la souveraineté de nos deux pays ».
Pour le Cemga, les armées sénégalaises, tout en restant ouvertes aux apports fécondants des partenaires extérieurs, « entendent consolider les nombreux acquis engrangés sur le chemin exaltant de la quête de l’autonomie stratégique ». « Le partenariat rénové dont il est question sera articulé autour du raffermissement des échanges dans les domaines de l’instruction, de la formation, de l’entraînement et de tout autre domaine à haute valeur ajoutée pour les armées sénégalaises », a-t-il assuré. Mieux, il a suggéré que la nouvelle page soit « éclairée par les orientations de nos autorités politiques respectives ».
Il s’est fait l’interprète des populations ouakamoises pour transmettre leurs remerciements et ceux des autorités coutumières et locales. Une terre de Ouakam « d’accueil légendaire de la communauté lébou, qui aura permis aux militaires français de célébrer la « Teranga » (hospitalité) sénégalaise, de nouer des amitiés et d’impacter la vie des différentes couches professionnelles et sociales ».
Ibrahima Khaliloullah NDIAYE