Ballou, Aroundou, Golmy, Yaféra, Belly Diaalo, Tiguéré, Diamel… Dans le Bakel et le Matam, toutes ces localités ont en commun d’avoir vécu, au mois d’octobre dernier, les affres de la crue du fleuve Sénégal. Les eaux ont débordé du lit, envahi et ceinturé les villages, villes, détruit des bâtiments, inondé des concessions… Il fallait prendre des pirogues pour atteindre nombre de villages devenus insulaires. Retour sur les lieux, trois mois après. Plus l’ombre d’une pirogue ou d’eau synonyme de déluge. Au loin, des eaux ceinturent encore Golmy mais le village est accessible. Le mot d’ordre reste la reconstruction pour nombre de populations qui habitent sous des tentes et n’envisagent pas de poursuivre leur bail à l’hivernage ou l’été prochain. Déjà elles souffrent de la fraicheur et restent confrontées au problème de moyens pour reconstruire leur maison. Par-dessus tout, elles craignent de revivre le même scénario à l’hivernage prochain.
Urgence
Trois mois après les inondations liées à la crue du Fleuve Sénégal, les stigmates sont encore présents. Le traumatisme vivace. Les sinistrés ont tout perdu ou presque : leurs maisons, leurs moyens de subsistance, leurs récoltes. La situation est d’autant plus difficile que le débordement du fleuve a coïncidé avec la période des récoles ; ce qui signifie que de nombreuses familles ont perdu leurs réserves de nourriture et leurs revenus pour cette campagne agricole. Cette situation a accentué leur détresse. Face à l’ampleur des dégâts, certains sinistrés retrouvent difficilement le sourire, malgré la solidarité des parents, des voisins, des expatriés des localités touchées et même de l’Etat. Cependant, cette solidarité si agissante soit-elle, est insuffisante. En attestent les témoignages des sinistrés. La crue du fleuve Sénégal a été particulièrement dévastatrice dépassant en intensité et en ampleur les inondations précédentes. Alors que le prochain hivernage ne pointe pas son nez, il hante déjà le sommeil des victimes. Dès lors, l’Etat doit prendre des mesures pour rassurer ces populations. Cela passe par la fourniture de matériaux de construction aux familles les plus démunies pour restaurer leurs maisons. L’aide à la reconstruction et le soutien psychologique permettent aux victimes de retrouver espoir et de reprendre leurs activités économiques. Ce volet est une urgence et une extrême nécessité. L’Etat doit également prendre des mesures de mitigation des risques d’inondation en s’attaquant à l’urbanisation non maîtrisée et à l’installation des populations dans les zones inondables. Une meilleure gestion des ouvrages de drainage des eaux s’impose aussi. Les services de secours devront être mieux équipés pour intervenir en cas de besoin. Des programmes de sensibilisation doivent également être menés pour informer les populations sur les comportements à adopter en cas de mauvaises conditions climatiques. L’information climatique doit être disponible et accessible aux populations où qu’elles se trouvent. Ces efforts devraient contribuer à une gestion plus efficace des prochains hivernages ; même si les inondations sont un phénomène naturel difficile à prédire. Surtout dans un contexte de changement climatique.
Par Mamadou GUEYE