Réagissant, lors de la conférence du Comité de commémoration du massacre de Thiaroye, la présidente de la commission «Établissement des faits», la professeure Rokhaya Fall, est revenue sur le travail de recherche documentaire ayant présidé à la rédaction du Livre blanc. Selon elle, le comité n’a pas pu avoir tous les documents sollicités auprès de la France. «Nous n’avons pas eu accès à certains documents, même si la France affirme nous avoir transmis tout ce qu’elle possédait. Or, notre travail d’historien nous amène à constater le contraire», dit-elle. Pour preuve, la présidente de la commission «Établissement des faits» donne en exemple le manifeste d’embarquement des militaires au retour. «Ce document-là, la France dit ne pas l’avoir, mais nous sommes convaincus qu’il existe et qu’il a été dissimulé», assure-t-elle. Ainsi, Professeure Fall, souligne que plusieurs archives demeurent inaccessibles ou partiellement «caviardées». «L’on sait que ces événements auraient été frappées d’amnistie, effaçant toute trace des sanctions infligées à des officiers le jour même du massacre. », déclare-t-elle. « Ces éléments confirment qu’il existe des zones d’ombre dans cette histoire».
Mais selon Rokhaya Fall cela ne va pas empêcher de poursuivre le travail d’enquête et d’interprétation. Cette absence de transparence nourrit les interrogations, y compris au plus haut niveau. «C’est ce qui explique, en partie, les réserves du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, lorsqu’il évoque le fait que la France cache encore des choses», souligne-t-elle. Rokhaya Fall a enfin indiqué que des pistes de recherche existent également du côté allemand : « Nos investigations montrent que des documents pourraient s’y trouver. Rien n’est encore confirmé, mais cela ouvre de nouvelles perspectives. », a-t-elle laissé entendre.
Souleymane WANE