A la fin du 15e siècle, les Mandingues occupèrent le Gabou et la partie entre la haute Gambie et la moyenne Casamance. Les Mandingues étaient déjà présents dans cette zone du futur Sédhiou avant le colonisateur français. Mais, ils avaient pris le soin de s’installer loin des Baïnounks pour incompatibilité de pratiques cultuelles entre musulmans et païens et surtout à cause du vin de palme, boisson fort prisée des Baïnounks.
La tension entre Mandingues et Baïnounks avait fini par atteindre son paroxysme et les premiers finirent par s’attaquer aux seconds. Les Balantes confinés dans le Balantacounda étaient originaires du Fouta Djalon. Ils étaient guerriers ou esclaves et avaient fui pour se retrouver en Casamance. « Ils s’installèrent progressivement dans le Boudié pour fuir l’épreuve du «Tali» jus fait à base de fruit vénéneux à l’effet foudroyant. Ce produit toxique était souvent utilisé pour se débarrasser d’un ennemi à tort ou à raison », raconte Aminata Rose Diallo.
Sédhiou connut aussi l’arrivée des Peuls originaires du Fouta Djalon. Ils se sont installés au 15e siècle dans le Boudié à Badiary, Boudiémar et vivaient surtout de l’élevage, mais souffraient beaucoup d’actes de pillage perpétrés par les Balantes sur leur bétail.
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Les Toucouleurs étaient présents dans le Kabada avec Tankon comme principal village. Enfin, les Mancagnes et Manjaks, dépossédés de leurs terres en Guinée-Bissau par le colon portugais, sont les dernières ethnies à s’installer à Sédhiou.
Ils se fixèrent au 19ème siècle dans le Boudié s’activant dans l’agriculture. Ces deux peuples ont choisi les localités hors agglomération pour des raisons d’espace, afin d’avoir des terres à cultiver toute l’année.
L’arrivée des colons a favorisé le développement certes de Sédhiou dans les années 1837 mais a encouragé l’installation de beaucoup d’autres communautés. Cependant, cette mutation a eu des conséquences sur les autochtones Baïnounks et les autres populations. Ces premiers habitants qui ne s’étaient pas préparés à faire face à une telle situation n’ont pas pu résister. Défaits, envahis, submergés, ils perdirent le contrôle de leur territoire pour aller vivre loin du centre économique.
Par Jonas Souloubany BASSENE (correspondant)