Ouvert en 1904, le cimetière de Thiawlène, dans la commune de Rufisque Est, fait face à un manque criant d’espace pour enterrer dignement les morts. Son extension est sollicitée ou la création d’un nouveau cimetière pour une solution structurelle.
RUFISQUE – Seize heures. Un calme étourdissant nous accueille au célèbre quartier historique de Thiawlène Boute, situé dans la commune de Rufisque Est, jouxtant l’ancienne usine de chaussures Bata. La rue qui mène au cimetière, empreinte d’histoires, est quasi déserte. Seule une bande d’amis s’affaire autour de la théière, profitant de l’ombre projetée par le mur de ce cimetière. L’entrée principale est à une trentaine de mètres, non loin du grand bleu. Le parfum salé de la brise marine adoucit l’air. Les vagues ravageuses flirtent désormais avec la digue frontale, érigée depuis 2013 pour stopper les caprices de l’océan. Ces dernières, déchaînées, ont, par le passé, fait intrusion dans des habitations et une bonne partie du cimetière, emportant sur leur passage quelques sépultures. À l’intérieur de ce cimetière, érigé en 1904 par Sangué Dieng – le premier à s’être installé à Thiawlène, dont le nom renvoie aux coups de fouet distribués sur la place publique et destinés aux fauteurs -, la disposition des tombes obéit à une organisation à la fois originale et particulière. Elles sont regroupées par famille. « Avant, si quelqu’un décédait, il était enterré dans le périmètre familial réservé », raconte Baye Ida Ndiaye, jeune fossoyeur, la trentaine révolue. Il n’est pas rare de tomber sur une plaque où est inscrite la famille Kane, Lo, etc. « C’est dans cet espace que les membres de la famille d’Adama Lo, qui donne son nom à une rue de Rufisque, sont enterrés », montre-t-il. Des figures religieuses et des personnalités politiques reposent dans ce mythique cimetière qui est au bord de la saturation. Parmi elles, nous pouvons citer Tafsir Ibrahima Mbengue (1846-1951), grand disciple de Seydina Limamoulaye ; Sokhna Oumy Khaira Sall, une des épouses de Serigne Babacar Sy et mère de Seydi Mouhamadou Moustapha Djamil de Fass ; Mbaye Jacques Diop, etc. Avec l’usure du temps, le cimetière de Thiawlène étouffe sous le poids de la démographie et surtout de son manque d’espace. « Le cimetière n’appartient pas seulement au quartier de Thiawlène. De Keury Souf, Colobane Mali Guissé, Arafat, Castors, Colobane 1 et 2, bref, jusqu’à Dakar, des enterrements se font ici », précise Baye Ida Ndiaye. Seule une petite portion de terre accueille les nouveaux défunts. Serigne Bara Ndiaye, à la barbe blanchie par le poids de l’âge, est assis devant sa maison, égrènant son chapelet. Ce résident du quartier depuis plus d’un demi-siècle est favorable à l’agrandissement du cimetière. « Pratiquement chaque jour, on enregistre un enterrement, raison de plus pour songer à son extension », estime-t-il. Les quartiers comme Dangou et Diokou vivent pratiquement la même situation. D’ailleurs, à l’occasion de ses 120 ans célébrés l’année dernière, l’extension du cimetière était au cœur des doléances contenues dans le Document d’orientation stratégique (Dos).
Mohamed DIÈNE (Correspondant)