Le meurtre du jeune Moustapha Dieng, le lundi 20 janvier, avait installé un climat de tensions à Yeumbeul Sud. Le jeune supporter de l’Asc Natangué dudit quartier a été tué par des supporters du camp adverse appartenant à l’Asc Farba. Sa famille, qui observe difficilement le deuil, pleure la perte d’un « soutien indéfectible », un « travailleur acharné ». Sa maman, inconsolable, implore la justice divine.
Le meurtre du jeune Moustapha Dieng, le lundi 20 janvier 2025, avait installé un climat de tension à Yeumbeul Sud. Le jeune supporter de l’Asc Natangué a été tué de manière atroce. Aux alentours de la maison du défunt, non loin de la route principale qui mène au centre-ville, cette affaire est sur toutes les lèvres. Un esprit revanchard anime certains jeunes du quartier Natangué. La colère de certains se voit à travers l’utilisation de mots grotesques. Entre les deux quartiers, les éléments de la police, venus en masse, assurent la sécurité. Des débris de pneus brûlés et des pierres éparpillées çà et là témoignent des affrontements entre les forces de défense et de sécurité et les jeunes du quartier Natangué qui voulaient faire leur propre justice en attaquant le camp adverse. À l’intérieur du domicile du disparu, le climat est tout autre. Un calme plat y règne. Les visages sont submergés par l’émotion. Désolation, tristesse et des visages renfrognés campent le décor. En cette mi-journée du mercredi 22 janvier 2025, le corps du défunt est attendu à 15h. D’aucuns s’attèlent à faire les derniers réglages pour amener Moustapha Dieng à sa dernière demeure. La mère du défunt, Isseuh Tall, inconsolable, se souvient d’une personne très attentionnée, travailleuse et qui avait un bel avenir devant lui. La mort de son fils est une épreuve difficile à surmonter dans la famille. Des larmes qui viennent du fond du cœur. L’émoi et l’angoisse s’affichent sur tous les visages. Pour la maman, celui qui a tué son fils a fait perdre l’espoir à toute une famille. « De tous mes enfants, Moustapha est mon fils préféré. Nous avions une parfaite entente. Il était un soutien indéfectible de notre famille. Travailleur acharné, il m’a toujours pris en charge. Chaque fin du mois, il déboursait 100.000 FCfa pour payer mon appartement sans parler de mes dépenses quotidiennes. Nous avons perdu un être cher qui est irremplaçable dans nos cœurs », témoigne-t-elle, essuyant ses larmes qui transfigurent son visage.
« Nous laissons cette affaire entre les mains de la justice », déclare Fallou Dieng, grand frère du défunt. Ce dernier condamne avec véhémence les violences qui sévissent dans les mouvements navétanes. Ce n’est pas la première fois, précise-t-il, que les supporters des deux équipes utilisent l’argument de la force et de la violence.
Grandeur d’âme
Pour lui, ce match a toujours été un « derby » à telle enseigne que la violence a toujours pris le dessus sur la sportivité et le fair-play. Ainsi, il plaide pour que les Navétanes soient définitivement rayés des compétitions sportives. « Nous avons perdu un homme d’une grandeur d’âme et qui était très responsable. Nous ne pouvons que formuler des prières à son égard. Je lance solennellement un appel aux autorités étatiques, notamment celles qui assurent l’ordre et la sécurité. Nous voulons que les violences cessent dans la banlieue. Si les sanctions ne sont pas sévères avec zéro tolérance, nous risquons de nous retrouver dans une situation désastreuse », a-t-il souligné. Cheikh Mbaye, un ami intime du défunt, ne peut pas retenir ses larmes. Assis sur une chaise, les yeux masqués par ses lunettes noires fumées, le jeune semble perdu. La douleur est si profonde qu’il parle difficilement. Son ami Moustapha Dieng, fait-il savoir, était son compagnon de tous les jours. « Même le jour du drame, on devait partir ensemble pour suivre le match. Mais j’avais un imprévu, raison pour laquelle on n’a pas effectué le déplacement ensemble. C’est insupportable ce qui s’est passé ce jour-là. Maintenant que nous ne pouvons plus le revoir vivant, nous laissons cette affaire entre les mains de la justice », dit-il avec la voix cassée.
Moustapha Dieng est décrit comme un homme courtois, ouvert et travailleur. Tailleur de profession, d’après Ndoumbé Sall, membre de la famille, c’est lui qui subvenait à leurs besoins du quotidien et payait l’éducation de ses frères et sœurs. « C’est une grande perte pour toute la famille. Cet acte sera difficile à pardonner. C’est de l’indiscipline tout simplement et il faut que ça cesse », a-t-elle lancé, le visage rouge de colère.
Des habitants en colère
À Yeumbeul Sud, le meurtre de Moustapha Dieng défraie la chronique. Âgé de 30 ans et habitant au quartier Natangué, le jeune homme a perdu la vie dans des circonstances dramatiques. Le lundi 20 janvier dernier, en route pour le stade Alassane Djigo de Pikine pour suivre le match de son équipe, d’après les témoignages, Moustapha Dieng et ses amis ont été bloqués sur le chemin par des supporters de l’équipe adverse. Selon toujours les dépositions, des disputes ont eu lieu ; il y a eu ensuite des altercations. Ainsi, Moustapha Dieng a reçu une brique sur la tête. Le sang coulait à flots. Les premiers secouristes l’ont directement emmené à l’hôpital, mais finalement, Tapha, comme l’appellent communément ses voisins, a succombé à ses blessures. Depuis lors, le climat est tendu à Yeumbeul Sud. Dans la nuit du mardi 21 au mercredi 22 janvier 2025, les jeunes du quartier Natangué ont voulu en découdre avec leurs voisins du quartier Farba. Mais la présence des forces de l’ordre a pu empêcher qu’un autre drame se reproduise. À l’origine, c’est un match de Navétanes comptant pour les demi-finales qui devait opposer les deux équipes rivales.
Cinq personnes arrêtées
Un retour de parquet se précise pour W. Faye, S. M. Sarr, M. Ch. Diam et M. Th. Ndour incriminés dans le meurtre de Moustapha Dieng, jeune supporter de l’Asc Natangué, qui s’est produit le lundi 20 janvier à Yeumbeul Sud. Une cinquième personne a rejoint les 4 autres susmentionnées. Son arrestation s’est faite suite à un ordre du Procureur de la République pour des auditions dans le cadre de la poursuite de l’enquête qui a été entamée par la police de Yeumbeul Sud. Depuis cet événement tragique, les hommes du commissaire Abdou Sarr ont renforcé le dispositif sécuritaire entre les deux quartiers pour assurer le maintien de l’ordre et ainsi barrer la route à toutes sortes de violences. L’autopsie a révélé « un écrasement encéphalite dû à une fracture du crâne, des dents écrasées ».