02 juillet 1990 – 02 juillet 2025. Voilà 35 ans que Serigne Abass Sall n’est plus de ce monde. L’érudit fut un penseur islamique, un bâtisseur, un poète et un éducateur, profondément enraciné dans la tradition tidjane, tout en étant résolument visionnaire.
Cheikhana El Hadji Abass Sall At-Tidjany, plus connu sous le nom de Serigne Abass Sall, fut l’une des figures marquantes de l’islam et du tidjanisme. L’érudit consacra toute sa vie à la propagation de l’islam et de la Tijaniya. Il est considéré comme l’un des plus grands khalifes de Cheikh Ahmed Tidiane.
Né en 1909 à Nguick (Sakal, région de Louga), fils de Mayoro Sall et de Sokhna Fatoumata Wade, il entreprit des études coraniques dès son enfance, en 1918, révélant très tôt un vif désir de savoir. Il étudia à Louga, Saint-Louis, puis auprès de grands maîtres islamistes dans des disciplines telles que la grammaire, la jurisprudence et la rhétorique. Tout au long de sa vie, il sut concilier une expérience paysanne avec une intense vie spirituelle. Poussé par sa foi et son sens de la communauté, il fonda notamment Taaba en 1951 dans le Saloum. Serigne Abass Sall dessina et fit bâtir la grande mosquée de Louga (à quatre minarets), celle de Saint-Louis, ainsi que plusieurs autres dans le Saloum (Taaba, Khayra), dès 1953.
Le natif de Louga fut également un auteur prolifique. Sa plume, puissante et inspirée, se révéla dès l’âge de 15 ans, lorsqu’il composa ses premiers poèmes spirituels. Il écrivit Kifāyatoul Tullāb (« L’utilité du savoir ») et composa un riche diwan de poésie arabe (environ 10 000 vers), ainsi qu’un important corpus en wolof. Fortement attaché à l’éducation et à la transmission, l’érudit fonda des écoles, organisa des daaras (écoles coraniques), et promouvait un islam ancré dans la spiritualité de Cheikh Ahmad Tijani, tout en restant à distance de la sphère politique.
Serigne Abass Sall tira sa révérence dans la nuit du 2 juillet 1990 à Louga, où il repose dans la mosquée qu’il fit bâtir, désormais lieu de pèlerinage. Son institut, ses mosquées et ses écrits continuent aujourd’hui d’éclairer les communautés tidjanes.
A.NDIAYE