Huit ans après son rappel à Dieu, la mémoire de Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine reste vive, portée par une vie de service, de sagesse et de clairvoyance. Né en 1928 à Tivaouane, le fils de Serigne Babacar Sy et de Sokhna Astou Kane incarnait l’héritage spirituel et moral de la famille de Seydi El Malick Sy.
Avant même d’accéder au khalifat en 2017, à la suite du décès de Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Makhtoum, Al Amine était déjà une figure incontournable de Tivaouane. Porte-parole de la confrérie, il avait su allier érudition islamique, engagement citoyen et sens élevé des responsabilités, devenant un pilier dans la gestion des tensions religieuses et sociales au Sénégal.
Sa grandeur ne se mesurait pas uniquement à son savoir, mais à son exceptionnelle capacité à gérer les crises avec lucidité. L’affaire de 2012, liée à la profanation de la zawiya de Dakar, en est un exemple marquant. Alors que la colère grondait, il fit barrage à la violence, protégeant le ministre de l’Intérieur d’alors d’une foule hostile. Une démonstration éclatante de ce qu’il appelait la « conscience solutionniste ».
Derrière l’homme spirituel se cachait un visionnaire pragmatique, profondément engagé dans le rayonnement de la Tarîqa. Il initia de nombreuses réalisations, dont la zawiya El Hadji Malick Sy de New York, symbole de l’expansion internationale de l’islam malékite. Il est aussi l’artisan des Hadaratoul Jumma populaires, devenues des rendez-vous religieux majeurs.
Fidèle à l’enseignement de son père, il croyait en la responsabilisation des jeunes et en la transmission active. Il forma ainsi une nouvelle génération d’ambassadeurs de la Tidjaniyya, devenus aujourd’hui des références.
Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine n’était pas un simple guide : il fut un bâtisseur d’harmonie, un homme de paix et de principes. Jusqu’à son rappel à Dieu, le 22 septembre 2017, il incarna cette rare alchimie entre spiritualité éclairée, courage moral et engagement pour le bien commun. Son héritage, lui, demeure inaltérable.
Salla GUEYE