Khalife général des Mourides depuis 2018, Serigne Mountakha Mbacké, fils de Serigne Bassirou Mbacké, est un soufi doublé d’un grand acteur économique. Le chef religieux s’active depuis plus de 50 ans dans l’agriculture. L’homme croit également à l’investissement productif afin de favoriser le développement économique et social de Touba et du pays.
L’homme est aimé de tous. Son physique et ses photos ont cette magie de transmettre la joie et surtout le « mbekté », cette expression wolof qui colle à son image rehaussée par un collier de barbe blanche surmonté parfois de lunettes qui cachent deux épais sourcils d’un blanc éclatant eux aussi. Lui, c’est le Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké. Le patriarche de Darou Minan est né le 11 juillet 1932 à Kael. Il a succédé à Serigne Sidi Moukhtar Mbacké en janvier 2018. Il est le fils de Serigne Bassirou Mbacké et de Sokhna Binetou Diakhaté (qui est issue de la famille d’érudit de Mbakole) et le petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, le fondateur de la confrérie mouride. Intellectuel réputé pour son soufisme et sa maîtrise du Coran, le grand marabout est une figure marquante du mouridisme. S’inscrivant dans la continuité après son accession au khalifat, il inaugura la mosquée Massalikoul Jinane de Dakar et finalisa les chantiers de l’université Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba. Il y est allé également de ses propres réalisations à l’image de la Mosquée de Porokhane inaugurée par lui-même et du « Keurou Khassida » destiné aux xassaïdes de Serigne Touba, entre autres. En renfort à l’État du Sénégal, Serigne Mountakha Mbacké avait remis une enveloppe de 200 millions de FCfa au ministère de la Santé pour qu’il la remette au Chef de l’État de l’époque. Ce, pour matérialiser son soutien dans la lutte contre la pandémie à Covid-19. Confirmant son engagement à œuvrer pour l’Islam, il a aussi contribué, à hauteur de 100 millions de FCfa, pour les travaux de la Grande mosquée de Tivaouane. L’histoire retient que c’est par l’entremise de Serigne Mountakha que son prédécesseur a fermé les cimetières situés à l’est de la Grande mosquée et ouvert Bakhiya. Elle retient aussi que c’est lui qui a procédé à la pose de la première pierre des deux nouveaux minarets de la mosquée. Derrière son caractère religieux se cache une dimension économique et sociale. « Il aime le travail et en a fait un dogme pour servir Dieu et sa communauté », témoigne le fils de Serigne Fallou Mbacké, Serigne Ahmad Badawi Mbacké. Poursuivant son descriptif, le recteur du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim peint Serigne Mountakha Mbacké comme un savant, un adorateur de Dieu qui suit la Sunna et s’épanouit également par le gain issu du travail. « Il croit au travail caractérisé par un revenu décent pour servir sa famille, son proche. C’est un homme de développement qui promeut la science, éduque et forme l’homme à travailler », souligne le religieux, dans son bureau, vêtu d’un bazin bleu. L’autre qualité majeure de Serigne Mountakha Mbacké, selon Serigne Ahmad Badawi Mbacké, est le sens qu’il accorde au capital humain, car convaincu que tout développement économique et social en dépend. « C’est un homme qui aide les gens à travailler », estime le dignitaire mouride. Pour lui, on ne saurait parler d’acteur économique à Touba sans citer Serigne Mountakha. Ce qui prouve réellement sa dimension socio-économique, c’est son attachement à l’investissement dans des projets aux impacts sociaux importants. « Quand quelqu’un investit 36 milliards de FCfa dans une université, c’est qu’il tient au développement économique. L’argent qu’il reçoit, il le retourne aux populations. L’université construite en un temps record constitue un exemple éloquent. Il cultive le don de soi pour la communauté », indique Serigne Ahmadou Badawi Mbacké.
Un grand agriculteur
En plus de son sens de l’humain et de l’engagement pour le développement, Serigne Mountakha Mbacké, aux yeux de Serigne Ahmad Badawi Mbacké, est un agriculteur hors pair. Il l’a hérité de son père, Serigne Bassirou Mbacké. « Il a des champs et aime le travail. C’est un homme d’une dimension économique extraordinaire. Ses activités agricoles font vivre énormément de personnes », explique-t-il. Bien que voué à l’agriculture, estime Serigne Ahmad Badawi Mbacké, il est un homme moderne. En atteste, selon lui, son engagement pour l’industrialisation de Touba. C’est d’ailleurs lui qui a procédé à la pose de la première pierre du projet d’industrialisation initié par Serigne Saliou Mbacké, à travers la zone industrielle de Touba. « D’ailleurs, il tient à ce que le projet aboutisse. Il ne cesse de le réitérer et fera tout pour y arriver. Il estime que l’initiative ne doit pas être vouée à l’échec », dit le fils de Serigne Fallou Mbacké. Le président de la Commission Communication et Culture du Grand Magal de Touba, Serigne Abdoul Ahad Mbacké, dit bien connaître le patriarche de Darou Miname. À côté de sa réputation de religieux connu de tous, il est sûr et certain que l’homme est un acteur économique, un homme au service du social et du développement. « Serigne Mountakha a été élevé dans cet environnement de piété et de travail. Beaucoup ne le savent pas, mais c’est un grand agriculteur qui cultive des hectares dans beaucoup de villages de Diourbel », témoigne Serigne Abdoul Ahad Mbacké. Le Khalife dispose, en effet, de champs dans plusieurs localités du Sénégal et principalement à Darou Salam Typ. Selon lui, Serigne Mountakha Mbacké, durant son cursus hors du pays, a toujours été un très grand acteur économique. « Il allie agriculture et éducation spirituelle, ce qui fait de lui un véritable maître d’œuvre de l’éducation de la formation. C’est un scientifique, un agriculteur, quelqu’un qui promeut le culte du travail. Ces actions sociales sont toujours de grande portée », ajoute le responsable de la Commission Communication du Grand Magal de Touba. D’où le sens de la planification de l’homme. Assurément, un soufi résolument orienté vers l’économie, le social et le développement.