Au Sénégal, les policiers vont bientôt avoir un nouvel accessoire dans leur uniforme : une caméra embarquée, fixée à leur poitrine, prête à enregistrer chaque contrôle, chaque interpellation, chaque échange avec le citoyen. Objectif annoncé : lutter contre la corruption et les abus. Une promesse de transparence qui, sur le papier, ferait pâlir d’envie n’importe quelle démocratie nordique. Que se passera-t-il cependant quand une vidéo compromettante disparaîtra « accidentellement », comme par un mystérieux hasard ?
En théorie, ces caméras devraient rassurer tout le monde : le policier honnête qui pourra prouver qu’il n’a rien à se reprocher et le citoyen qui saura que son droit à un contrôle équitable est respecté. Mais, dans un pays où le bakchich se donne parfois avec plus de naturel qu’une poignée de main, il n’est pas certain que la simple présence d’un petit œil électronique suffise à dissuader les habitudes bien ancrées. Reste à savoir si ces caméras seront des témoins fiables ou de simples gadgets destinés à calmer l’opinion publique, car en matière de lutte contre la corruption, le plus important n’est pas de filmer, mais d’agir. sidy.diop@lesoleil.sn