Sociologue de formation et ingénieur en développement territorial, Simon Seck est le président de l’Association des jeunes de Mbodiène. Son village, explique-t-il, mérite mieux qu’un rêve suspendu.
Que pensez-vous de l’arrêt du projet Akon City ?
L’arrêt du projet Akon City laisse un goût amer. Ce qui devait symboliser le développement et l’espoir d’une relance économique est aujourd’hui figé dans le silence. Mais il faut comprendre que chaque projet a ses phases, c’est un rappel que nos projets doivent être pensés avec rigueur, transparence et vision. Mbodiène mérite mieux qu’un rêve suspendu, elle mérite des actes concrets et durables pour le développement économique local de notre village.
L’État, à travers la Sapco, a lancé au mois de juillet dernier les travaux d’aménagement de la station balnéaire de Mbodiène. Une consolation ?
Le lancement au début du mois de juillet 2025 des travaux d’aménagement de la station balnéaire de Mbodiène redonne un souffle d’espoir à une communauté longtemps déçue par des promesses inachevées. Les habitants de Mbodiène veulent y croire, mais avec prudence. Car ici, on a appris qu’entre les annonces et les réalisations, il existe souvent un long silence. Cette fois, Mbodiène attend des actes. Reste à espérer que cette fois-ci, la mise en œuvre de cette station balnéaire sera concrète et durable.
Quelle est la place du tourisme à Mbodiène ?
Mbodiène occupe une place particulière dans le paysage touristique du Sénégal. C’est un village côtier qui possède un potentiel naturel et culturel exceptionnel : une plage préservée, une lagune paisible, une population accueillante et un environnement encore authentique. Pourtant, ce potentiel reste en grande partie inexploité.
Les projets annoncés, à l’exemple d’Akon City, souvent ambitieux, peinent à se concrétiser, laissant derrière eux des traces d’espoir et de frustration. Mbodiène pourrait pourtant devenir un modèle de tourisme durable, fondé sur la valorisation du patrimoine local, la participation des habitants et la préservation de l’environnement. Son avenir touristique dépendra de la capacité des autorités à transformer les intentions en actions, et à impliquer réellement la communauté dans cette vision.
Akon a construit une maison pour la jeunesse, un terrain de football et un terrain de basket. Que retenez-vous de lui ?
Ce qu’on retient d’Akon, c’est avant tout sa volonté de contribuer concrètement au développement local de Mbodiène. Même si son projet de ville futuriste avance lentement, il a su poser des jalons concrets à Mbodiène, en soutenant la jeunesse et le sport à travers la construction d’une maison de la jeunesse, la réfection d’un terrain de foot et d’un terrain de basket à Mbodiène, il a posé des actes tangibles, au-delà des discours. Et rien que pour cela, il mérite respect et reconnaissance.
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L’entretien de la Maison des jeunes est coûteux. Comment vous êtes-vous organisés pour la gérer afin qu’elle soit viable ?
L’entretien du bâtiment représente effectivement un coût important. Pour assurer la viabilité de la Maison des jeunes de Mbodiène, nous avons mis en place un comité de gestion, appuyé par un gestionnaire du centre chargé du suivi des activités au sein du centre. Afin de générer des ressources pour l’entretien et le fonctionnement, nous louons la salle pour des événements éducatifs, culturels ou associatifs, et mettons à disposition la cour arrière pour des activités culturelles comme les « ngel » ou les « xawaré ». Récemment, nous avons ouvert une buvette pour permettre au centre d’avoir des revenus supplémentaires. Cette organisation permet de maintenir le centre actif, autonome et utile à toute la communauté.
L’État n’a confié maintenant à Akon que 8 ha sur les 55 initialement prévus. Il parle notamment de retard dans les travaux. Qu’en pensez-vous ?
La réduction du terrain attribué à Akon, passé de 55 à 8 ha, montre qu’il y a eu des difficultés dans la mise en œuvre du projet initial. On ne peut pas en dire beaucoup plus à ce stade. Cependant, même si le projet n’avance pas comme prévu, il ne faut pas négliger les retombées positives déjà visibles à Mbodiène, notamment la construction de la Maison des jeunes, la réhabilitation des terrains de sport et l’intérêt médiatique qui a mis en lumière le village. L’essentiel maintenant, c’est que les autorités puissent définir une formule plus réaliste et adaptée, afin que les initiatives déjà lancées par Akon à Mbodiène soient consolidées et continuent de bénéficier à la population locale.
Propos recueillis par Aly DIOUF