Dans certaines sociétés, le lévirat et le sororat sont associés à des croyances religieuses et spirituelles. La modernité n’a pas eu raison de ces pratiques matrimoniales. Imam Amadou Djiré, chef religieux à Somono Waoundé, est formel. Selon lui, l’islam n’écarte point ces rites de veuvage.
L’essentiel, indique-t-il, c’est que la femme consent à se remarier par un frère ou un proche de son défunt mari. « Personne ne peut, par contre, obliger la veuve à épouser un frère de son mari. Elle est majeure, donc libre de faire le choix de se remarier avec qui elle veut», explique l’imam. Cette pratique relève, selon lui, d’une vieille tradition, mais elle n’est pas interdite par l’islam. D’ailleurs, souligne-t-il, « l’islam la renforce ». Aussi a-t-il mis en garde contre les enfants qui s’opposent au remariage de leurs mamans par leurs oncles ou proches parents.
« L’enfant doit rester à sa place ; il ne doit pas s’immiscer dans les affaires conjugales de sa mère encore moins s’opposer au mariage de celle-ci », s’indigne-t-il. Imam Djiré reste convaincu que cette opposition des enfants au remariage de leurs mères relève de « l’ignorance ». Pour lui, cela relève de la « jalousie » qui, rappelle-t-il, est « bannie par la religion musulmane ». Le chef religieux à Somono Waoundé pense que les enfants devraient plutôt encourager leur mère et lui faciliter la tâche « pour préserver et renforcer les liens familiaux et surtout de s’épanouir ».
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Le Cadi de Waoundé, Mouhamadou Diagana, confirme que cette pratique n’est pas interdite par l’islam. « Quand quelqu’un reprend l’épouse de son frère décédé, c’est par souci de préserver la progéniture pour qu’elle ne puisse pas grandir ailleurs, dans un autre environnement », poursuit le juge musulman. « Il s’agit de consolider les liens familiaux pour le bien des enfants. Mais ce n’est pas une obligation », insiste le guide religieux.
Après le veuvage, souligne Imam Diagana, la femme est libre de se remarier avec un frère ou un proche de son défunt mari ou pas, mettant en garde contre les petits calculs et les questions d’intérêt. « Il faut privilégier l’harmonie familiale », ajoute le guide religieux. Il met aussi en garde les enfants qui, indique-t-il, ne doivent pas s’occuper du mariage de leurs parents. «Leur mère a le plein droit de se remarier. Ils peuvent juste partager leurs inquiétudes avec elle et non s’y opposer», insiste le Cadi.
Par Samba Oumar FALL, Souleymane Diam SY (textes) et Mbacké BA (photos)