Entre nuisance sonore, encombrement et insécurité, le tourisme est en perte de vitesse. Jadis connu pour ses magnifiques paysages, la Petite-Côte qui incarne le tourisme balnéaire est devenue la cible privilégiée des délinquants. Les récents braquages effectués dans des hôtels de la zone ont fini par révéler le talon d’Achille de cette partie balnéaire du littoral. En plus du commissariat spécial annoncé par le chef de l’Etat, la relance de la destination Sénégal implique d’autres défis à relever.
Du Sud de Dakar au delta du Saloum, s’étend la Petite-Côte. Cette vaste étendue constitue l’une des plus belles zones touristiques du Sénégal. Des plages de sable fin de Saly Portudal aux mangroves et greniers de mil de Joal-Fadiouth en passant par la somptueuse lagune de La Somone, le département de Mbour offre un paysage ensoleillé où des milliers de personnes viennent faire du farniente ou profiter des effets induits du tourisme, loin de la pollution de Dakar et des centres urbains. Les établissements touristiques implantés le long de la Petite-côte constituent, à côté de la pêche, l’une des principales mamelles de l’économie de Mbour. Aujourd’hui, ce secteur en quête de relance subit des menaces qui freinent son expansion. Entre résilience à l’érosion côtière et modernisation des infrastructures, le secteur touristique local fait en effet face à une menace sécuritaire. Entre janvier et mars 2025, deux grands réceptifs hôteliers de la place ont été attaqués par des gangs armés ; ce phénomène d’insécurité ne date pas d’aujourd’hui.
A Saly, le président du village artisanal est témoin de plusieurs scènes d’agressions. Souvent, les touristes victimes viennent lui confier leurs mésaventures. Pour Momar Diaw, cette situation peint une mauvaise image qu’il urge de redessiner afin de mieux promouvoir l’attractivité touristique de Mbour. « L’insécurité freine nos activités… » « Qui connait Saly sait que c’est une destination touristique de rang mondial. Donc, la sécurité doit être au maximum dans cette zone qui est une vitrine de la destination Sénégal. Nous avons alerté les autorités et la police mais jusqu’à présent, c’est le statu quo. Je pense que la police touristique doit être dotée de moyens pour au moins disposer suffisamment d’éléments pour pouvoir effectuer des patrouilles nocturnes et installer des check points sur les routes. Pourquoi ne pas faire des rondes au sein même des hôtels et des zones stratégiques pour dissuader toute tentative malsaine. C’est important que nos visiteurs se sentent en sécurité », a-t-il martelé.
Ce constat d’insécurité est largement partagé par les différents acteurs qui ne cessent d’alerter. Attrayante et facile d’accès en raison de sa proximité avec la capitale et les infrastructures modernes comme l’autoroute à péage Dakar-Mbour, cette partie du littoral sénégalais garde toujours son charme naturel. En effet, l’Etat du Sénégal y a consenti d’importants investissements pour la mise en œuvre du projet de développement du tourisme et des entreprises (Pdte) afin de d’apporter des réponses durables aux problèmes de compétitivité de l’économie sénégalaise. Malgré ces efforts, la rentabilité n’est pas encore sentie par les hôteliers qui déplorent l’insécurité dans ce secteur clé de l’économie. « On n’arrive plus à avoir les clients Vip.
Ces derniers sont maintenant orientés vers Dakar ou Diamniadio car ils y trouvent le maximum de sécurité. Nous sommes envahis par des personnes dont la présence est perçue comme néfaste. Avec les réseaux sociaux, les clients partagent facilement les expériences de leurs séjours. Et ces dernières années, l’insécurité freine nos activités. Les cas d’agressions sont multiples et les récents braquages d’hôtels viennent accroitre le sentiment de menace qui pèse dans le secteur », a constaté Balla Guiro, responsable de la surveillance de l’hôtel Palm Beach.
Diégane Diouf (MBOUR – Correspondant)