Avec la fête de Tabaski, certains hommes préfèrent acheter le mouton en fonction du nombre d’épouses qu’ils ont. Mais avec les contingences de la vie, d’autres se limitent à un seul mouton, et ce, conformément à la religion. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la stabilité de nombreuses familles.
ne épouse, un problème. Deux épouses, deux problèmes, trois épouses… », dit-on dans le langage populaire. Ainsi, à l’occasion de la fête de Tabaski, certains hommes préfèrent conjuguer le nombre de moutons à sacrifier au nombre d’épouses. C’est le cas de Ousseynou Diop, agent au tribunal de Dakar. Depuis qu’il est devenu polygame, à chaque Tabaski, il achète deux moutons, mais théoriquement, un seul est destiné à l’une des épouses. « J’achète deux moutons.
L’un est pour mon propre sacrifice en tant que chef de famille. L’autre est destiné à mon épouse qui n’est pas de tour le jour de la Tabaski », confie-t-il. Cependant, avec les contingences de la vie et le coût exorbitant du mouton, il est devenu de plus en plus difficile de respecter la règle « une épouse, un mouton ». Les yeux rivés sur un journal, Ibrahima Baldé, trouvé à la gare de Rufisque, semble se braquer lorsqu’on aborde la question de la Tabaski avec lui. Le quinquagénaire dit passer des nuits blanches depuis quelques jours.
Car, cette année, sa troisième épouse a exigé l’achat d’un mouton. «Toutes ces années, j’en achetais deux et elle venait chez ma mère passer la fête avec la première. Cette fois-ci, elle m’a exigé un mouton à l’instar de ses coépouses, sinon elle préfère rester chez ses parents», raconte le sieur Baldé qui, à quelques jours de la fête, n’a qu’un seul mouton. Le septuagénaire Moussa Mbengue est dans un dilemme, même si, depuis sa retraite, il y a quelques années, ce sont ses enfants qui lui paient le mouton de Tabaski. Son inquiétude est liée au fait que ses deux épouses ne vivent plus dans la même maison.
La première loge à la Cité Mansour de Rufisque et la seconde à Hlm Rufisque. « Avant, nous vivions ensemble à Liberté VI. Mes enfants achetaient un seul mouton pour toute la famille. Depuis des jours, j’essaie de les convaincre pour qu’ils en trouvent deux afin que leur mère et leur tante aient chacune un mouton », dit le maître coranique, qui force le sourire.
Clerc dans un cabinet d’avocat, Ayouba Diédhiou est loin de cette tourmente. « L’islam parle de sacrifice pour l’homme et non pour les épouses. La religion n’a jamais dit un mouton par épouse », tranche d’emblée ce polygame. Ainsi, il renseigne que, comme l’année dernière, il compte acheter un seul mouton pour ses deux épouses qui vivent séparément. « C’est la deuxième qui vient chez la première. La fête sera une avec un seul mouton », indique M. Diédhiou.
Si son épouse accepte cette situation, il n’en est pas le cas pour Mme Sow, deuxième femme. L’inimitié entre elle et sa coépouse l’oblige maintenant à acheter un mouton pour elle et ses enfants. Son mari lui a fait savoir qu’il ne peut pas passer outre les recommandations divines. Mme Mme Sow a certes les moyens de s’acheter un mouton, mais d’autres préfèrent retourner chez leurs parents ou en arrivent même à des disputes conjugales. C’est dire que parfois, le mouton de Tabaski est source de tension dans certains couples polygames.
Fatou SY