Le président de la République Bassirou Diomaye Faye est attendu aujourd’hui à Ndiayenne Pendao (Podor), première étape de sa visite de 48 heures dans le nord du pays. Une occasion pour le chef de l’État de constater le potentiel agricole énorme de cette partie du Sénégal.
PODOR – La région Saint-Louis dispose d’un potentiel agricole qui en fait l’un des greniers du pays. Une situation favorisée par la présence du fleuve Sénégal, mais aussi par de nombreux aménagements hydro agricoles. Rien que pour la région de Saint-Louis, la superficie agricole utile (Sau) est estimée à 272.800 hectares, dont 110.206 hectares sont déjà aménagés. La région de Saint-Louis est bien gâtée par dame nature. Elle bénéficie d’eau en abondance, avec le fleuve Sénégal et ses nombreux affluents, le Lac de Guiers et de multiples marigots qui constituent des sources d’eau essentielles pour l’agriculture et l’élevage.
Dans le département de Podor, environ 100.000 hectares supplémentaires sont disponibles, mais non encore aménagés. Sur ces vastes étendues, on cultive essentiellement du riz. Avec ses 22 communes, le département est une zone par excellence de culture de riz. Une filière très développée dans les zones aménagées de la vallée du fleuve, grâce à la Société d’aménagement et d’exploitation des terres du delta (Saed). En plus d’être une zone bien irriguée, le département dispose de sols fertiles et d’un climat sahélien bien adaptés à plusieurs cultures. Le développement depuis quelques années, de motopompes et de forages permet aux producteurs d’optimiser l’eau et la culture hors saison. Le département de Podor est l’un des gros producteurs d’oignon du Sénégal. Chaque année, des milliers de tonnes sont cultivés pour alimenter les plus grands marchés du pays. Lors de la campagne 2023/2024, environ 3.300 hectares ont été cultivés en oignon, avec des rendements compris entre 20 et 25 tonnes par hectare.
Toutefois, les difficultés ne manquent pas. Il s’agit essentiellement de manque d’infrastructures de stockage. Pour préserver la qualité des récoltes et réduire les pertes post-récolte, les producteurs réclament des équipements de conservation adaptés, notamment des systèmes de ventilation efficaces. Une vieille doléance non encore satisfaite, dans une zone où la chaleur est permanente tout au long de l’année. Autre difficulté et pas des moindres, est l’accès des producteurs aux crédits et intrants agricoles. Pour la présente campagne, les producteurs de Podor avaient comme objectif d’exploiter 4.780 hectares, pour une production estimée à 95.605 tonnes d’oignon. Toutefois, ils sollicitent l’État pour surmonter les défis liés à l’accès aux intrants, mais surtout à la commercialisation. Une démarche qui participerait à maintenir, mais aussi à améliorer la compétitivité de cette filière stratégique.
Tomate, l’or rouge en sursis !
A côté de l’oignon qui occupe une place importante dans le quotidien des populations, la tomate se fait petit à petit une place. Lors de la saison 2024, le périmètre emblavé a connu une hausse, passant de 496,40 à 513,99 hectares. Des progrès notables, mais masqués par les nombreux défis auxquels les producteurs font face. En effet, des parasites affectent certaines cultures, ce qui réduit considérablement les rendements et menace la viabilité économique de la filière. « La plus grande difficulté que nous rencontrons aujourd’hui, c’est la bactériose. C’est une maladie qui sévit depuis plus de dix ans dans des parcelles de tomate. Sa présence a fortement contribué à la baisse des rendements. Nous avons eu à interpeller le ministre de l’Agriculture sur la question et il avait pris l’engagement d’envoyer des services appropriés, pour essayer de trouver une solution durable », a déclaré Abdoulaye Dieng, président de la filière tomate.
Tout comme l’oignon, le retard dans la mise à disposition d’engrais et de produits phytosanitaires pour la tomate est également une réalité. Outre l’oignon, la tomate industrielle, on y cultive la canne à sucre (à Richard Toll), le maïs, le mil, le sorgho, la pomme de terre, le niébé ou encore la patate douce. Le département de Podor est aussi une zone à forte vocation pastorale. L’élevage, pratiqué par une bonne partie de la population, est un pilier central de l’économie. On estime le potentiel du département à 380.000 têtes de bovins, 850.000 têtes de petits ruminants et 25.000 têtes de chevaux et d’ânes. Un des plus grands réservoirs pastoraux du Sénégal, le département aura un rôle majeur à jouer dans l’économie nationale.
Mamadou THIAM (Correspondant)