Le Sénégal a commémoré ce dimanche 1ᵉʳ décembre le 80ᵉ anniversaire de l’un des pires crimes coloniaux de son histoire. Un événement tragique où l’armée française a ouvert le feu sur des tirailleurs africains réclamant leurs soldes. Le Professeur Mamadou Diouf, président du Comité de commémoration du 80e anniversaire du massacre, dans un entretien accordé au Soleil digital, a souligné l’importance de cette commémoration et les objectifs du Comité à restaurer la mémoire collective.
« La symbolique, comme je disais tout à l’heure, est une affirmation d’un engagement beaucoup plus souverainiste du nouvel état sénégalais », a déclaré le Pr. Diouf. Il insiste sur le fait que le récit de cet événement ne peut pas être uniquement français : « Il y a un regard et ce regard des africains. Le Sénégal, en tant que nation souveraine, a le devoir de raconter sa propre histoire et de donner une voix à ceux qui ont été réduits au silence ».
Le massacre de Thiaroye a rassemblé des soldats de divers pays africains qui se sont battus pour la France. Le Pr. Diouf voit dans cette commémoration un moyen de « construire une conscience qui est une conscience collective panafricaine ».1 Il s’agit de transcender les frontières nationales et de reconnaître le destin commun de l’Afrique face à la colonisation.
Le travail du Comité de commémoration ne se limite pas à la simple commémoration. Il s’agit d’un travail de recherche approfondi pour établir la vérité sur le massacre. Un livre blanc sera remis à l’État sénégalais en avril, faisant « un état des lieux pour dire sur les documents, voilà ce qu’on ne sait pas, voilà ce qu’on sait, voilà les hypothèses qui peuvent être faites ».2 Ce travail permettra de clarifier les événements, le nombre de victimes et le contexte du massacre.
Le Pr. Diouf reconnaît que la tâche est immense et que le travail de recherche ne fait que commencer. « Ce travail qui est en train d’être effectué pour éclairer et rétablir les faits est un travail à à long terme », explique-t-il. Il appelle à la collaboration de tous les pays concernés pour reconstruire l’histoire de Thiaroye 44 et honorer la mémoire des victimes. La commémoration du 80e anniversaire est une étape cruciale dans ce processus, un moment pour se souvenir, réfléchir et s’engager pour la justice et la vérité.
Cheikh Tidiane NDIAYE