Ce lundi 11 août 2025, la population de Thiaroye-sur-Mer a été confrontée à une houle qui a causé d’importants dégâts matériels. Maison inondées et déchets rejetés par la mer dessinent un tableau de profond désarroi. Reportage.
11h34 à Thiaroye-sur-Mer. En cette matinée de mardi peu ensoleillée, le village n’est toujours pas réveillé. Le calme des ruelles rappellerait bien une ambiance morbide, ce qui est totalement différent de l’atmosphère au quotidien.
La plage, habituellement bondée à cette heure, résonnait toujours d’une bonne ambiance. Aujourd’hui, elle est presque vide : seules les ordures s’étalent à perte de vue.
Comme si ce spectacle accablant ne suffisait pas, une odeur dérangeante offre un accueil loin d’être rafraîchissant à ceux qui osent s’y aventurer.
Au petit matin, le spectacle est triste : des murs se sont effondrés, et les vagues, comme pour les narguer, viennent s’abattre sur les pans défaillants des habitations.
La population a été surprise par cette montée des eaux, qui a causé d’importants dégâts sur la côte de Mbao à Yarakh. Si elle est habituée à ce phénomène récurrent en période d’hivernage, il ne survient pas habituellement à cette date.
Selon Mamadou Gueye, un sexagénaire de teint noir, « cette houle survenait d’habitude au courant du mois de septembre ».
Une houle dévastatrice
Rares sont les pêcheurs partis en mer ce mardi. Certains sont obligés d’amarrer leurs pirogues dans les rues du village pour qu’elles ne subissent pas encore le déchaînement de dame océan.
Abdoulaye Gueye, un adolescent de teint noir et de taille moyenne, fuyant la triste situation, trouve réconfort dans le lavage de ses moutons.
« La houle a commencé dans la soirée du dimanche 10 août par une légère montée des eaux qui, bien que préoccupante, restait gérable. » Mais dès les premières heures du lundi 11 août, « de très grandes vagues se sont abattues sur les habitations situées près de la plage. »
À peine a-t-il fini sa phrase que Khady Ndoye, d’une noirceur d’ébène illuminante et de taille moyenne, surgit derrière lui et lance : « Nous sommes fatigués » et « nous ne voulons plus vivre cette horreur », dit-elle d’une voix tremblante.
Séga Diop, un pêcheur et habitant de Thiaroye-sur-Mer, confie avec un air triste qu’il est épuisé par cette situation. Sa maison, située juste en face de la mer, serait « sur le point de s’écrouler ». L’eau commence déjà à atteindre les fondations qui sont visibles à l’œil nu. Comme pour se consoler, il se sert des sacs contenant des ordures qui se trouvent sur la plage pour essayer de protéger sa maison.
Nombreux sont ceux qui utilisent cette technique, mais est-ce vraiment efficace ? En tout cas, elle semble être une solution ponctuelle car chaque année, Séga entreprend des rénovations.
Il révèle qu’en 2024, sa « cuisine s’était déjà effondrée sous l’effet d’une houle, sous ses yeux et ceux de sa famille, impuissants. » Il a « investi plus de trois millions de francs CFA pour remettre sa maison en état, sans parvenir à contenir les assauts de la mer. »
Ce phénomène semble toucher chaque année les côtes de Thiaroye, « en 1999 sous le régime d’Abdou Diouf, les dégâts avaient été particulièrement importants: de nombreuses pirogues avaient été complètement détruites et des maisons ravagées. Cela avait obligé les habitants à quitter leurs domiciles pour ne revenir que quelques mois plus tard. À l’époque, le gouvernement d’Abdou Diouf les avait indemnisés », raconte Mamadou Guèye.
Mise en place de la CCGRC par la mairie
La municipalité de Thiaroye-sur-Mer a réagi face à cette situation ce mardi 12 août à travers un communiqué. Elle a annoncé la création de la Cellule Communale de Gestion des Risques et Catastrophes (CCGRC), qui sera chargée de la coordination, de la gestion, du suivi et de la prévention des situations de risques et catastrophes, avec à sa tête la deuxième adjointe au maire, Yaye Bayam Diouf.
La CCGRC a pour missions de :
1. Assurer la veille et l’alerte précoce face aux risques.
2. Coordonner les interventions de secours et d’assistance
3. Évaluer les dégâts et proposer des mesures de réparation.
4. Mener des actions de sensibilisation et de formation communautaire.
5. Élaborer et mettre à jour le Plan Communal de Gestion des Risques et Catastrophes.
Yaya Sow