Le nom de Thierno Adama Gaye évoque la sainteté chez les Foutanké. Vu comme un maitre soufi, Thierno Adama était un marabout très couru de son vivant.
Le Fouta a toujours été une terre d’érudits. Au nombre d’entre eux, Thierno Adama Gaye, le saint de Nianga Edy, un village du département de Podor, à 17 km de Ndioum. Depuis Tuuldé Galle, on atteint le paisible village wolof de Nianga Edy relié au Walo par un pont en construction sur le fleuve Doué.
Nianga Edy a vu naître, en 1916, le maître Adama Gaye, dont le nom résonne aux quatre coins du Sénégal comme un soufi de la Tijjaaniyya. Disparu en 2011, sa lignée et son héritage sont, aujourd’hui, assurés par son fils unique, Thierno Mamadou Adama, dont la ressemblance avec son père est frappante.
Thierno Adama a fait ses humanités auprès de son père avant d’aller poursuivre son apprentissage chez un de ses disciples, Thierno Baba Guèye. Il mémorise le Coran chez Thierno Bocar Dièye avant d’aller approfondir ses connaissances chez Thierno Amadou Cascas.
« Empêché par une blessure, il veut retourner chez lui. Alors, le marabout lui propose de lui donner un diplôme. Ce qu’il refuse, arguant ne pas être intéressé par les diplômes, mais plutôt par la connaissance. Il lui récite alors tout le Coran pour lui montrer qu’il maitrise bien le livre saint », souligne Thierno Mamadou Adama Gaye.
Toujours à la quête de connaissances et de sciences islamiques, il poursuit ses voyages qui le mènent en Gambie, à Tambacounda, à Tabading, à Nguémou (Mali). C’est son maitre Thierno Idriss Thiambo, originaire de Dabia (Fouta), qui l’initie à la Tijjaaniyya à Tambacounda. Il verra, entre Tamba et Tabading, trois poissons marchant à l’air libre dans une zone dépourvue de cours d’eau.
A lire aussi : Dabakh, le réconciliateur du spirituel et du temporel
Une fois chez le maitre Tafsir Madiédji, celui-ci lui révèle que ces poissons, émanation du diable, voulaient le détourner de sa route. Le maitre le renforce en connaissances ésotériques avant son retour au Fouta. Il prend le chemin de Kaédi (Mauritanie) alors que le foyer coranique de Thierno Amadou Néné était encore ardent. Ce séjour, un temps bref, sonnera le retour au village natal où il fonde une famille.
Mais il s’éclipsera à nouveau pour aller en terre ivoirienne. Son maitre El Hadji Mamadou Lamine Dia l’y retrouve et lui ordonne de « retourner dans son village qui lui sera entièrement soumis ». En quête d’un maitre spirituel, il va aller voir Thierno El Hadji Mamadou Lamine Bâ de Pathé Gallo. Ce dernier l’amène chez Thierno El Hadji Mamadou Moussa Ly de Dara Haleybé.
À la mort de Thierno Mamadou Moussa Ly, Thierno Adama Gaye se confie à Thierno Mountaga Tall. Ce dernier décline eu égard à sa dimension, indiquant que Thierno Seydou Nourou Tall ou Abdoul Aziz Sy Dabakh sont plus indiqués pour être ses maitres. Thierno Adama refuse et se suffit à lui. Thierno Mountaga accepte finalement la charge tout en lui indiquant qu’il n’est pas plus gradé que lui.
À la disparition de celui-ci, il renouvelle son allégeance à son fils Thierno Madani Tall qui est toujours le guide de la famille. C’est-à-dire donc les belles relations tissées par Thierno Adama Gaye avec de nombreux dignitaires tidianes. Abdoul Aziz Sy Dabakh l’avait même retenu sept jours durant à Tivaouane, afin qu’il prie pour l’unité de la famille Sy.
Il n’est pas étonnant que de nombreux chefs religieux aient assisté à son inhumation (la famille Sy, Thierno Samassa, Thierno Madani…). La prière mortuaire a été dirigée par Thierno Bachir Tall, l’actuel khalife de la famille omarienne.
Par Ibrahima Khaliloullah NDIAYE