La gent féminine ne manque pas d’astuces pour faire durer son couple. La séduction est tout un art et l’encens fait partie des éléments incontournables de ce jeu. Cependant, il n’a pas encore révélé tous ses secrets.
La femme fait son numéro de charme, une odeur agréable embaume la pièce dans l’intimité du couple. Elle se saisit d’un de ses pots d’encens et en met dans l’encensoir. La fumée se repend telle une trainée de poudre. La nuit peut enfin commencer. Cet art de la séduction fait partie de l’ambiance. Cette fumée aux effluves enivrants est bien prisée. « J’apprécie le thiouraye némali», affirme Mamadou Diop. Ce sexagénaire a deux épouses. « Elles connaissent mon goût pour cet encens », affirme-t-il avec un sourire coquin. D’après le vendeur de pièces détachées à Petersen, le « némali » éveille ses sens.
Un autre encens est également convoité. Le « gowé » est aussi réputé que le « némali. Au marché Liberté 6, il éveille tous les sens. Cette senteur particuliere contraste avec l’odeur des poissons mélangée à celle des épices. Dans une des boutiques de ce lieu de commerce, le «gowé» marque sa présence. Ce parfum attire tel un aimant et c’est le but recherché par ces vendeurs. Sur des étagères sont exposées des pots d’encens et des parfums de chambre. En sachet, dans des pots ou même dans des box, il y en a pour toutes les dames. «Yaré-yaré», «Nama ray», «Nakk bou rouss», «roffo», «souffou Djeddah », «Sossou kani», «wax waxette» sont autant d’appellations d’encens. Ils viennent la plupart de Djeddah ou encore de Dubaï. Mais le gowé ravit la vedette à tous les autres. Vendu sous formes de boules noires, cet encens vient du Mali, de la Gambie et du Walo. Le kilo du «gowé saaff» coûte 5.000FCfa et le «gowé simple » est vendu à 6.000FCfa. Assis derrière le comptoir de sa boutique, Modou Diop est à l’affût des clientes. Selon le trentenaire, le cyperus rotondus «gowé» est beaucoup prisé par la gente féminité. « Il est très rentable», admet-il. Comme pour confirmer ses dires, une cliente vient acheter le fameux gowé. Il comporte plusieurs variétés. « Il y a le gowé simple, il peut être accompagné de parfum, le gowé xothie et le gowé saff », explique-t-il.
Hormis sa popularité, cet encens est très efficace pour neutraliser les mauvaises odeurs. « Il suffit juste d’en prendre quelques boules plus un papier aluminium déposés sur l’encensoir afin de l’utiliser comme désodorisant et est aussi un bon moyen de lutter contre l’odeur du renfermé », explique-t-il. Les habits n’ont pas besoin de parfum. « Un petit bout de tissu dans l’armoire ou encore mettre le vêtement au-dessus de l’encens pour combattre l’odeur », poursuit-il. Ces petites boules noires renferment certaines vertus. « Le gowé arrive à bout des maux de ventre et des infections. Il faut en bouillir quelques-uns et de les boire sous forme d’infusion », conclut-il.
L’encens, un allié mystique
L’encens ne renferme pas seulement un aspect désodorisant. Il peut aussi servir à des fins mystiques. En cette matinée, le marché HLM vibre au rythme de son train-train quotidien. Il est réputé pour ses tissus aussi divers que variés. Mais dans tout ce festival de couleurs qui oblige à ouvrir l’œil, il faut aussi avoir du flair. La fumée émanant des encensoirs de certaines boutiques sont visibles à perte de vue. Le marché est peuplé de vendeurs d’encens. Mais plus particulièrement le «thiouraye Oliban» connu sous le nom de «thiouraye seytané» ou encore barakanté chez les Maliens. C’est un encens qui se présente sous la forme de boules blanches à l’extérieur, légèrement poudreuse et jaune à l’intérieur. Vendu en sachet à 500FCfa. Il est réputé comme étant un moyen d’exorcisation et utilisé pour se protéger des esprits maléfiques.
« Cet encens peut chasser le mauvais esprit », explique Anta Ndiaye, vendeuse d’encens. A l’en croire, l’usage est simple.« Le thiouraye Oliban doit être mis dans l’encensoir. Il faut laisser la fumée agir sur le possédé et ainsi le démon va libérer son corps », détaille-t-elle. Cet encens si particulier protège du mauvais œil. « Le mélange du thiouraye plus de la préparation mystique sous forme de liquide (saafara) est un bon bain mystique ». D’après la vendeuse d’encens, il peut aussi être utilisé à d’autres fins peu recommandables. « Une personne peut être accusée d’être un démon juste parce qu’elle n’a pas pu supporter l’odeur d’un encens », explique-t-elle. Selon Anta c’est sur recommandation de leur marabout que certaines personnes prennent des excréments d’âne qu’elles mettent dans un encensoir. Si la personne se lève automatiquement après avoir respiré l’odeur infecte, elle est tout de suite perçue comme étant un mauvais esprit. Une croyance populaire qui selon Anta Ndiaye a causé beaucoup de tort.
Connu comme étant un élément indispensable de la séduction, l’encens n’a pas encore révélé tous ses secrets.
Arame NDIAYE