Le transport hippomobile est encore lucratif dans la cité religieuse de Tivaouane. Les charrettes et autres calèches font toujours partie du décor. Elles constituent un sous-secteur du transport urbain très dynamique et pourvoyeur d’emplois.
Malgré la présence des motos taxis « Jakarta » et autres taxis-clandos, les acteurs du transport hippomobile continuent de tirer leurs épingles du jeu, dans la cité religieuse de Tivaouane. On note deux types d’activités dans ce sous-secteur à savoir le transport de marchandises et celui de passagers.
Les charrettes s’occupent du chargement de marchandises, ciment, fer, béton et autres bagages de toutes sortes et les calèches convoient les passagers. Pour le transport de marchandises, les charretiers collaborent avec des quincailleries pour livrer divers matériaux. Parmi eux, Aly Ndiaye, très connu dans la localité. Sa particularité, il a l’art de communiquer et même de jouer avec son cheval dénommé « Mbau » qui exécute les ordres de son maître. « Je rends grâce à Dieu, ce cheval avec lequel je travaille depuis 11 ans me permet de gagner ma vie honnêtement », a-t-il reconnu. À l’en croire, il peut transporter plus de 8 tonnes de ciment par jour, en raison de 3000 FCfa la tonne, soit 24.000 F Cfa par jour.
Même son de cloche chez des charretiers rencontrés au marché. Ils viennent pour la plupart des villages aux alentours de Tivaouane et du centre du pays comme Diourbel, Louga, Kaolack, entre autres, a renseigné l’un d’eux, Mansour Diop. Pour lui, le prix du transport de bagages est sous-évalué. « Les clients payent, par exemple, 3000 F Cfa pour une tonne de ciment, ce qui est peu », a-t-il déploré. Cependant, il a tenu à préciser qu’il s’en sort, malgré tout, parce qu’il lui arrive de gagner 20.000 FCfa par jour, voire plus. Et pendant la période du gamou (Maouloud), c’est la grande traite, rappelle-t-il. Le transport hippomobile n’est pas seulement l’affaire des charrettes. Les calèches s’occupent des passagers et sont très prisées, malgré la présence de motos taxis « Jakarta ». Elles sont conduites par des adultes, voire des personnes âgées. Parmi les clients, on retrouve beaucoup de jeunes qui préfèrent encore ces calèches aux motos taxis « Jakarta ».
Mor Seck charretier vient de boucler ses 15 ans dans ce secteur d’activité. « J’ai hérité de cette calèche de mon grand frère qui a préféré acheter une moto « Jakarta ». Notre père était cocher, mon grand frère avait pris le relais avant de me le passer », a-t-il fait savoir. Pour lui, il est hors de question d’abandonner la calèche pour un autre moyen de transport. À l’en croire, c’est une activité lucrative. « Le minimum que je gagne par jour, c’est 5000 FCfa et il m’arrive d’avoir le double par jour », nous a-t-il confié, alors qu’il conduisait des clients à la gare routière de Tivaouane. Ce type de transport est surtout utilisé par les bonnes dames et les personnes âgées. Elles sont stationnées, la plupart, à l’entrée du marché où elles attendent les femmes. Ces calèches sont capables d’aller partout en toute sécurité, a laissé entendre mère Astou, le panier rempli de légumes, alors qu’elle s’installe confortablement sur une calèche pour se rendre à Keur Mass, un quartier du centre-ville de Tivaouane.
Ni les cochers encore moins les charretiers ne se sont prononcés sur l’organisation de leur sous-secteur. Ils n’ont aucun problème avec les autorités municipales, ce n’est que durant les évènements comme le gamou que la commune les oblige à payer des taxes. Ali Ndiaye, un conducteur de calèche, estime que les chevaux qui sont dans le transport hippomobile doivent être bien traités par leurs propriétaires. À l’en croire, l’autorité doit veiller à leur bien-être.
Par ailleurs, il estime que le sous-secteur du transport hippomobile mérite d’être régulé à travers un recensement des acteurs, à l’instar des motos « Jakarta », afin d’exercer un contrôle sur les animaux. Cela permettrait, selon Ali Ndiaye, de veiller sur les chevaux de trait qui sont parfois mal entretenus. À l’en croire, les autorités doivent accorder une attention particulière à ces animaux de trait qui permettent à de centaines de gens, jeunes comme adultes, voire des personnes âgées d’exercer un emploi digne.
Ibrahima NDIAYE (correspondant)