Que serait un talibé Cheikh sans son chapelet pour le « wird » ou le « wazifa » ? Que serait-il encore sans son bonnet qui le rend si distinctif ? Sans doute une tortue sans sa carapace. À Tivaouane, ces objets du quotidien, loin d’être de simples ornements, racontent toute une histoire. Et les marchands s’activent pour répondre à l’attachement profond des fidèles à ces symboles de la Tijaniya.
Les vendeurs de l’esplanade de la grande mosquée de Tivaoune sont déjà prêts à accueillir les fidèles, potentiels acheteurs. Aucun détail ne doit être laissé en reste. Si la ville sainte se pare de ses plus beaux atouts pour accueillir les fidèles, les marchands, eux, suivent aussi le rythme de la célébration. A quelques jours du Maouloud, ils dépoussièrent, réparent et remettent sur le marché leurs plus belles marchandises.
Ahmadou Kane est en plein préparatif. A l’aide d’une huile, il donne un petit coup d’éclat aux chapelets soigneusement accrochés devant l’entrée de sa boutique. Il enchaine ensuite avec la pièce maitresse de sa collection : les bonnets. Ce dernier n’hésite pas à mettre en avant le « lafa » de Njol Fouta ou encore le bonnet carré si cher à Serigne Babacar Sy.
« Cette période est une période faste pour nous.Les affaires marchent bien car ces articles sont tout un symbole pour la tariqqa tidiane », indique-t-il poursuivant sa besogne.Ce dernier affirme que ces bonnets font partie chaque année de ses meilleures ventes.
Les chapelets se vendent aussi comme des petits pains à en croire Thierno Sy. Dans sa boutique sise à quelques encablures de celle d’Ahmadou Kane, l’heure est aux derniers réglages des articles à mettre en avant. Ici, aucun élément ne doit être laissé en rade pour multiplier les chiffres. Sur la devanture de l’échoppe, le vendeur a soigneusement exposé des chapelets aussi divers que variés. En effet, comme l’explique si bien le marchand, chaque chapelet a toute une symbolique. De la manière jusqu’à la forme, tout compte lorsque l’on égrène les noms d’Allah.
Parmi les chapelets, Thierno Sy énumère le chapelet « zaytoune » ou olivier, un arbre cité dans le Coran et dont les bienfaits au point de vue spirituel seraient immenses. Ces perles servent à fabriquer un « kurus » de couleur marron. Hormis le « zeytoune », il y a notamment le « bakhline » ou encore le « djalabane ».
Arame NDIAYE (texte) – Pape FAYE (vidéo)