Les travaux temporaires en hauteur doivent être réalisés à partir d’un plan de travail conçu, installé et équipé de manière à préserver la santé et la sécurité des travailleurs, tout en permettant l’exécution des tâches dans des conditions ergonomiques. C’est ce qu’a souligné l’expert en réduction des risques et gestion des catastrophes, Amadou Fall Canar Diop, dans une contribution.
Au Sénégal, les chutes mortelles d’ouvriers sur les chantiers sont devenues fréquentes. D’ailleurs, ce mardi 11 mars 2025, en après-midi, trois ouvriers ont perdu la vie à la suite d’une chute accidentelle depuis un bâtiment R+10-1 en construction à la cité Keur Gorgui. L’année dernière, à la même période, un autre ouvrier est décédé lors de travaux de maçonnerie au 5e étage d’un immeuble de la cité « Foire City ». Un mois plus tôt, en février 2024, dans le quartier Keur Issa de Thiès, un maçon nommé M. Gueye est mort des suites d’une chute sur un chantier de rénovation.
Au-delà de ces drames, on peut également citer les deux maçons victimes d’un accident de travail à la suite d’une chute du 9e étage d’une brouette remplie de béton, dans un secteur résidentiel du quartier Point-E. Durant cet accident, survenu en mars 2023, l’un des ouvriers, âgé de seulement 18 ans, est décédé sur le coup. Il faut noter que l’élément commun relevé lors de ces tragédies, qui se sont déroulées dans des lieux différents, est que toutes ces victimes ne portaient pas d’équipements de sécurité au moment des faits.
La prévention des chutes de hauteur à partir d’un plan de travail peut être assurée, selon l’expert Amadou Fall Canar Diop, par diverses protections collectives. Il s’agit principalement de garde-corps intégrés ou fixés de manière sûre, rigide et résistante, ou de tout autre moyen assurant une sécurité équivalente. « Les dispositifs de protection collective doivent en outre être conçus et installés de manière à éviter leur interruption aux points d’accès aux postes de travail. Toutes les mesures doivent être prises pour éviter que l’exécution d’un travail particulier n’entraîne l’enlèvement temporaire de dispositifs de protection collective afin d’éviter les chutes. Les postes de travail pour la réalisation de travaux en hauteur doivent être accessibles en toute sécurité, et la circulation en hauteur doit pouvoir s’effectuer en toute sécurité », a-t-il écrit dans sa contribution publiée dans la presse.
« Il est interdit d’utiliser des échelles, escabeaux et marchepieds comme postes de travail »
Revenant sur les interdictions, M. Diop note par ailleurs qu’il est généralement interdit d’utiliser des échelles, escabeaux et marchepieds comme postes de travail. « Cela ne peut être autorisé que lorsqu’il est techniquement impossible de recourir à un équipement assurant la protection collective des travailleurs, ou lorsque l’évaluation du risque a établi que ce dernier est faible et que les travaux sont de courte durée, non répétitifs », précise-t-il.
L’expert signale également qu’il est interdit de recourir aux techniques d’accès et de positionnement à l’aide de cordes pour constituer un poste de travail, sauf en cas d’impossibilité technique d’utiliser des équipements assurant la protection collective des travailleurs, ou après une évaluation des risques. Les conditions d’utilisation sont alors strictement encadrées, précise-t-il dans son texte.
Il insiste sur le fait qu’il est formellement interdit de réaliser des travaux en hauteur, quel que soit l’équipement ou l’installation, lorsque les conditions météorologiques (vent important, tempête, etc.) ou les conditions liées à l’environnement du poste de travail risquent de compromettre la sécurité et la santé des travailleurs ou l’intégrité de l’installation. Il ajoute également que ces conditions doivent être prises en compte pour toute activité en hauteur.
Mariama Diémé