L’air est lourd, saturé d’odeurs de billets froissés et de transactions fiévreuses. Des milliards circulent, s’évaporent, se cautionnent comme des sucettes à la vanille dans les mains d’un enfant capricieux. Tout se vend, tout s’achète, sauf peut-être la sérénité. Mais voici que le Ramadan approche, suspendant un instant la frénésie du monde. Pendant un mois, le temps ralentit, les cœurs s’ouvrent, et l’on partage plus qu’on ne thésaurise. Dans la lumière tamisée des iftars, la faim du jour se transforme en offrande, et la foi se nourrit de gestes simples.
Si seulement cet esprit de générosité débordait du cercle familial et s’infusait dans les hautes sphères ! Si, au lieu d’être traquées par le Pool judiciaire financier du Sénégal, ces richesses saisies étaient redistribuées, combien de vies seraient soulagées, combien de visages illuminés par autre chose que l’éclat du lucre ? Un petit moment de répit, un instant de justice – n’est-ce pas cela, au fond, l’essence même du Ramadan ?
Ramadan Kareem.