Une poignée de jeunes adeptes et accros des sports de glisse, plus précisément du roller et du skateboard, fréquente la corniche et la Place des cultures urbaines de Dakar, le plus souvent, à la recherche d’adrénaline et de bien-être. Depuis le début des années 2000, le roller-skateboard est devenu un sport prisé chez les jeunes sénégalais. Un moyen pour eux de se surpasser et de viser haut.
Courbés, ils pédalent sur leurs roues et enchaînent les exercices. À la Place du Souvenir de Dakar, les week-ends riment avec roller et skateboard. Le terrain de spectacle est bondé de monde. En recherchant des sensations extrêmes, les jeunes rollers et skaters se donnent les moyens de se surpasser. Filles comme garçons jouent à leur jeu favori. Après quelques tours sur le terrain de jeu, certains partent s’asseoir sur le trottoir, le temps de prendre des forces pour reprendre la course. Pendant plusieurs heures, une cinquantaine d’athlètes enchaînent les figures. Certains rollent pendant que d’autres se laissent glisser sur leurs planches d’un bout à l’autre de la place.
Lire aussi : Dame Fall, l’étoile filante du roller sénégalais
Ces jeunes sont supervisés par Awa Nar Fall, présidente de la Fédération sénégalaise de roller-skateboard, par ailleurs fondatrice du club Maestro Roller. Sa voix rugit de partout au cours des enchaînements. Telle une lionne, elle s’est imposée dans un milieu jadis contrôlé par les hommes. Son vœu, c’est de participer à favoriser l’épanouissement des jeunes. Awa Nar Fall se félicite qu’une association des rollers et des skateurs ait été créée afin de leur permettre de vivre de leur passion, en leur permettant d’offrir des services comme la distribution de flyers et la livraison. Admirée par les nombreux jeunes qu’elle forme, elle est la seule femme présidente d’une fédération de sport au Sénégal. Comme ses autres camarades, Aïssatou Thiam, 20 ans, admire la dame de fer. Pratiquante à ses heures perdues, elle considère le roller comme un passe-temps. « Le roller c’est un moyen pour moi de passer du bon temps quand ça me prend l’envie », estime-t-elle. Sans chercher à compétir dans les grands championnats, la jeune Make up artist d’occasion, se plaît à contempler les prestations de ses camarades de jeu. Si pour Aïssatou le roller n’est rien d’autre qu’un passe-temps, il représente plus pour beaucoup d’autres athlètes de Maestro Roller. C’est le cas de Abdou Latif Mané qui occupe le poste de pousseur.
La recherche d’adrénaline
À 20 ans, ce jeune homme a remporté plusieurs médailles d’or en championnat du Sénégal, depuis 2016. « Le roller nous donne de l’énergie. Ça me permet de m’évader quand je le pratique. L’adrénaline nous pousse à aller plus loin à chaque fois. C’est un sport de grand. Je ressens des sensations que je n’arrive même pas à expliquer. Le roller est devenu un moyen de survie », informe-t-il. Son voisin de palier et camarade d’entraînement, Amadou Sarr, est du même avis. Apprenti peintre, ce roller de 17 ans pense que pratiquer le roller, c’est, pour lui, un moyen de se surpasser. « Avant, je pratiquais le patin. Quand nous avons fait la rencontre de Awa Nar Fall, elle nous a poussés à opter pour le roller. Elle nous a convaincus de rejoindre son club. Elle nous a formés et ne cesse de nous encourager », se rappelle-t-il.
Ayant déjà participé à plusieurs championnats du Sénégal, en catégorie junior, Amadou Sarr espère devenir un grand champion. « Nous sommes maintenant habitués à parcourir les ruelles. Quand je ne le pratique pas, je ne me sens pas en forme », renchérit-il. Pour son premier jour d’entraînement, Awa Ndiaye est subjuguée par l’ambiance. « Je suis complètement tombée sous le charme du roller. Préoccupé par l’avenir de ses enfants, Yatma, parent de trois jeunes mômes, est habitué à suivre les entraînements. Accompagné de son épouse, il prend plaisir à suivre les mouvements de ses enfants. « On leur avait offert des rollers, mais on s’est dit que ça ne servirait à rien de les laisser à la maison. Du moment qu’ils trouvent du plaisir à pratiquer le roller, on est là pour les soutenir », lance-t-il. Pour lui, le roller est un sport qui peut servir à éduquer les enfants. « Le roller est un sport de combat qui permet aux enfants d’apprendre la mixité sociale. Ça leur apporte l’équilibre, à savoir prendre des coups et se relever. Par-là, nous voulons leur montrer, d’une manière imagée, que la vie est faite de hauts et de bas », considère-t-il.
Objectif Joj 2026
Coach de l’équipe nationale de roller, Souleymane Diallo est un passionné de roller qui a opté pour la formation des jeunes. Son histoire avec le roller a démarré en 2010, lorsque son chemin a croisé celui de Awa Nar Fall, l’actuelle présidente de la Fédération sénégalaise de roller-skateboard. Depuis, il s’est accroché à cette discipline qu’il considère comme son gagne-pain. « J’avais un ami avec qui j’entretenais une belle complicité. En le voyant roller, je me suis pris d’envie de faire comme lui. Quand j’ai arrêté les études par manque de moyens, j’avais commencé à faire du roller. Depuis 2010, je suis avec Awa Nar Fall, elle m’a appris comment me déplacer. Elle nous a inculqué une éducation stricte », témoigne-t-il. Champion du monde en 2017 de roll ball, champion d’Afrique en 2016, 2017, Souleymane veut transmettre sa passion à son fils, âgé d’un an, qu’il ramène avec lui durant les entraînements. « Je veux qu’il soit un champion comme moi », confie-t-il. Pour engager la nouvelle génération, un stage dédié aux jeunes athlètes sélectionnés pour les Joj « Dakar 2026 » a eu lieu. Après 10 jours de travail intensif à la Place des cultures urbaines de Dakar, les jeunes talents retenus pour représenter le Sénégal lors des Jeux olympiques de la jeunesse « Dakar 2026 » ont pu renforcer leurs compétences techniques, tactiques et mentales pour mieux affronter les exigences du haut niveau, d’après la présidente de la Fédération de roller-skateboard. « Cette session n’est que le début. D’autres cycles de formation sont prévus pour accompagner durablement ces futurs ambassadeurs du skate sénégalais. En attendant, l’entraînement personnel reste la clé pour maintenir le cap et viser l’excellence », fait savoir Awa Nar Fall.
Par Marième Fatou DRAMÉ