Certains lutteurs ont marqué l’histoire par leurs exploits sportifs, avant de se reconvertir après leur retraite. La rubrique « Que sont-ils devenus ? » raconte leur vie d’après-carrière. Aujourd’hui : Ababacar Diallo dit Baye Ndiaye.
Ababacar Diallo, alias Baye Ndiaye, a longtemps porté les couleurs de l’écurie Lansar, fondée en 2009 par Cheikh Niang et Max Mbargane. Dans ce collectif qui comptait Ness, Feugueleu 2, Sentel, Siteu ou Super Étoile, il s’est rapidement imposé comme l’un des lutteurs les plus redoutés. Véritable terreur des « mbapatt », il peinait à trouver des adversaires tant sa réputation précédait ses combats. Son palmarès en témoigne : 10 affrontements, 8 victoires et seulement 2 défaites. Parmi ses souvenirs les plus marquants, il cite sa victoire sur le regretté Sa Ngoundiane.
« C’était un lutteur très teigneux et fort dans les entrées en jambes. Max Mbargane ne voulait pas que je l’affronte, mais j’étais sûr de moi. J’ai insisté et gagné », explique-t-il. Même scénario face à Tapha Gadaye, réputé pour sa capacité féroce en bagarre. « J’ai déjoué son plan pour le battre magistralement », glisse-t-il. En 2015, Baye Ndiaye et quelques lutteurs, dont Missionnaire et Mbaye Niang de Rock Énergie, participent à une tournée en France pour promouvoir la lutte sénégalaise à travers des spectacles et des combats d’exhibition dans un programme dénommé : « Danses contemporaines ».
Après quatre voyages, ils décident de rester. Baye Ndiaye rejoint alors l’armée française. « En huit mois, j’étais caporal. On m’a proposé de faire le stage pour devenir sous-officier, mais j’ai préféré quitter l’armée », révèle-t-il. Cette expérience lui permet d’obtenir une carte professionnelle lui ayant ouvert les portes des métiers de la sécurité et du convoyeur de fonds. Mais il choisit finalement de revenir à son premier métier : soudeur métallique. Engagé par une entreprise française spécialisée dans la construction de ponts, il décroche un contrat à durée indéterminée (Cdi) comme « monteur métallique ». Au Sénégal, il avait tenté le commerce de vêtements importés de Turquie, communément appelés « prêts à porter », avant de l’abandonner pour l’élevage en période de Tabaski et la promotion immobilière à Dakar.
« Je vends des terrains. C’est une activité rentable », informe-t-il. Ces expériences témoignent de sa volonté de bien réussir sa reconversion. Aujourd’hui, loin des arènes sénégalaises, Baye Ndiaye se félicite de ce parcours atypique. De lutteur redouté à militaire français, puis artisan qualifié, il incarne la capacité des champions sénégalais à se réinventer après leur carrière sportive.
Abdoulaye DEMBÉLÉ