Icône du basketball sénégalais, Gorgui Sy Dieng incarne à la fois le talent, la persévérance et le patriotisme. De ses débuts inattendus à Kébémer jusqu’aux parquets de la NBA, il a marqué une génération, inspiré des milliers de jeunes et porté haut les couleurs du Sénégal partout dans le monde.
Gorgui Sy Dieng est né le 18 janvier 1990 à Kébémer, dans le centre-nord du Sénégal. Enfant tranquille mais au fort caractère, il a grandi dans une atmosphère paisible, partagée entre l’école, ses amis et surtout le football car, oui, bien avant le basket, Gorgui était passionné de ballon rond. Il passait ses journées à jouer avec ses camarades du quartier, loin d’imaginer que son destin l’attendait dans un autre sport : le basket.
Il a d’ailleurs confié sur le plateau de D’Clique, animé à l’époque par Pape Cheikh Diallo, que ce sont ses sœurs, elles-mêmes basketteuses, qui l’ont initié à la balle orange. En les accompagnant à leurs entraînements, il a progressivement découvert ce sport… avant d’en tomber amoureux.
Gorgui Sy Dieng s’y met sérieusement, s’entraîne et progresse très vite. Assane Badji, un proche, a remarqué son potentiel et a décidé de l’intégrer à la SEED Academy de Thiès, pépinière de nombreux talents sénégalais. Là-bas, il reçoit une formation de haut niveau, digne des clubs évoluant en NBA.
Rapidement surclassé, il s’impose comme l’un des meilleurs. Il raconte d’ailleurs que des Allemands, des Italiens et des Espagnols lui ont proposé la nationalité et une formation en Europe, mais patriote, il a refusé toutes ces offres, n’ayant qu’un seul et unique objectif : représenter le Sénégal.
En 2009, il participe à un camp NBA Africa en Afrique du Sud. Désigné MVP du stage, il obtient la promesse de parfaire sa formation en Allemagne. Il y améliore son tir et perfectionne beaucoup de moves. Prêt à franchir un cap, il s’envole ensuite pour les États-Unis avec un rêve unique : rejoindre la prestigieuse NBA.
Début du rêve américain
Gorgui Sy Dieng atterrit en Virginie et intègre l’Université de Louisville avec laquelle il dispute le championnat universitaire. Très vite, il se fait remarquer comme l’un des plus grands espoirs. Après trois saisons de très haut niveau en NCAA, il estime que le moment est venu pour s’inscrire à la draft NBA 2013.
Après deux mois intenses, il est sélectionné au premier tour par l’Utah Jazz en 21e position, puis échangé aux Minnesota Timberwolves qui le voulaient absolument. C’est le début de l’aventure dans le très haut niveau.
Lors de sa saison rookie, il bénéficie d’un temps de jeu limité. Mais, profitant des blessures de Ronny Turiaf et Nikola Peković, il connaît sa première titularisation le 16 mars 2014 contre les Kings de Sacramento et signe un double-double avec 12 points et 11 rebonds.
Quelques jours plus tard, le 20 mars face aux Houston Rockets, il réalise une performance historique avec 22 points et 21 rebonds, devenant le premier rookie des Timberwolves à réussir un 20-20, et seulement le sixième joueur depuis 1970 à enregistrer un tel exploit dans l’un de ses trois premiers matchs comme titulaire. Il enchaîne ensuite des performances proches du double-double et est élu Rookie du mois de mars dans la Conférence Ouest.
Des débuts de rêve, synonymes de grandes promesses. Avec toutes ses qualités, rien d’étonnant : il était un pivot moderne, exerçant un impact aussi bien en défense qu’en attaque. Doté d’une adresse remarquable à trois points, il disposait d’un atout majeur pour un joueur évoluant au poste 5. Toutes ses qualités lui ont permis de devenir un joueur important pour les Wolves.
Il a passé sept saisons avec Minnesota (2013-2020) avant de rejoindre Memphis pour une saison. La suivante, il est transféré aux Spurs de San Antonio, puis revient à Memphis pour un nouveau passage. Il poursuit ensuite sa carrière aux Hawks d’Atlanta durant deux saisons, avant de conclure son parcours en NBA avec les Spurs, en 2023.
Patriote dans le sang
En 2014, Gorgui honore enfin sa première sélection avec les Lions du Sénégal lors de la Coupe du Monde en Espagne. Le Sénégal crée la surprise en atteignant les huitièmes de finale mais est éliminé par l’Espagne (89-56). Ses débuts exceptionnels avec la sélection nourrissent l’espoir de voir enfin les Lions remporter l’Afrobasket, un titre qui les fuit depuis 1997.
Il participe pour la première fois à l’Afrobasket 2015, où le Sénégal termine quatrième. Gorgui se distingue comme véritable leader : il est élu dans le cinq majeur du tournoi, terminant meilleur marqueur et meilleur rebondeur avec une moyenne impressionnante de 22,9 points et 14,9 rebonds par match.
Il enchaîne ensuite avec les éditions 2017 et 2021, durant lesquelles le Sénégal décroche deux médailles de bronze, ses seules récompenses continentales avec la sélection. L’édition 2021 marque sa dernière apparition en Afrobasket et il ne portera plus le maillot des Lions.
Tout au long de sa carrière, son plus grand rêve est resté le même : remporter enfin un titre continental avec les Lions du Sénégal. Ce rêve ne s’est malheureusement pas réalisé.
Gorgui Sy Dieng s’est toujours battu pour représenter son pays. Il payait parfois son billet pour jouer en équipe nationale. Il a convaincu plusieurs joueurs de rejoindre la sélection sénégalaise, notamment le meneur américain naturalisé Clevin Hannah.
Gorgui entrepreneur… et humanitaire
En plus du basket, Gorgui Sy Dieng nourrit une véritable passion pour l’agriculture et l’élevage, qu’il considère comme les véritables richesses de la vie. Il possède un champ qu’il cultive ainsi qu’une ferme avec du bétail.
Il est aussi un homme au grand cœur. Véritable humanitaire, il n’a jamais oublié sa ville natale, Kébémer. À travers sa fondation, il multiplie les actions sociales et les dons, non seulement dans sa commune d’origine, mais également sur l’ensemble du territoire national.
Il a marqué toute une génération et inspiré de nombreux jeunes. Plus qu’un joueur de basket, il est une institution : un exemple de réussite, de patriotisme et d’humanité.
Yaya SOW