Surdoué, Dame Fall l’est. Depuis plusieurs années, il trône sur le roller sénégalais. Spécialiste du free jump, quatre fois champion du monde de la discipline, l’actuel sociétaire du Brest Roller Club prépare activement les championnats du Monde de Singapour. Il nous donne de ses nouvelles et décline ses ambitions.
Entre Dame Fall et le roller-skateboard, c’est une longue histoire, qui pourrait faire l’objet d’un bouquin. Le passionné de ce sport de glisse a touché le fond avant de s’élever vers le haut. Natif de la banlieue de Dakar, il a longtemps sillonné les rues de Niarry Tally et de Grand Dakar en s’accrochant aux voitures. « Auparavant, le roller était associé à l’image de délinquants qui s’accrochaient aux voitures. Donc, on se débrouillait avec les moyens du bord. Au tout début, mes parents n’étaient pas d’accord. Mais quand ils m’ont vu commencer à faire des compétitions, ils ont compris que c’était une passion. Ils ont alors commencé à m’appuyer financièrement et à me soutenir », confie le jeune homme de 27 ans. Avant de rejoindre son premier club, Dakar Roller, Dame Fall a été poussé à l’action par le petit frère de son père, Malick Fall, qui lui achète ses premiers équipements. « Mon tonton avait acheté beaucoup de rollers. Il m’en a donné quelques-uns. On peut dire que, quelque part, c’est ce qui m’a poussé à commencer à faire du roller, parce qu’il représentait une figure qui m’a marqué », explique-t-il.
Dame Fall estime aussi que son parcours avec Awa Nar Fall l’a fortement marqué. « J’ai commencé le roller en 2013. J’ai débuté à Dakar Roller, mon premier club où je suis resté jusqu’en 2015. Après, à partir de là, j’ai intégré Maestro Roller et commencé à faire des compétitions. C’est là que j’ai rencontré Awa Nar Fall, qui est actuellement la présidente de la Fédération de roller-skateboard », se rappelle-t-il. Le rider estime que son adhésion à ce club a été le point crucial de son succès. « Elle a beaucoup contribué à mon parcours d’athlète. Parce qu’elle m’a accueilli, bien que j’aie fait les bases ailleurs. C’est elle qui m’a permis de faire des compétitions au niveau national et international. Elle a fait son possible pour que j’aille participer à mes premiers championnats d’Afrique et du monde. Aujourd’hui, elle a grandement contribué à ce que je suis devenu aujourd’hui », confie-t-il.
Premier champion du monde sénégalais de free jump Aujourd’hui, installé en France, Dame Fall s’est reconverti en éducateur sportif. Il allie le sport et la formation. « J’ai rejoint la France en 2018. Il y a un proverbe qui dit que si vous voulez être le meilleur, il faut savoir s’entourer des meilleurs. La France est la deuxième nation de roller. Depuis que j’ai ouvert ce chapitre. J’ai fait des formations ici et je travaille toujours dans le même club. Aujourd’hui, au-delà de continuer à faire du roller, je forme aussi des élèves », ajoute-t-il. Il se dit ému du sacre de Maël Roudaut, un de ses protégés aux derniers championnats du monde. « L’histoire de Dame Fall en tant qu’athlète, en tant que personne reconnue, a commencé en 2017.
On ne me connaissait pas avant. Je ne savais pas que le roller avait autant d’ampleur. Il a suffi que nous gagnions les championnats du monde de 2017 en free jump pour que le sport commence à être de plus en plus reconnu », explique le sociétaire du Brest Roller Club. Passé par l’école Saint-Gabriel avant de continuer son cursus scolaire à Blaise-Diagne, Dame Fall a aussi excellé dans les études. « J’ai été champion du monde pour la première fois, la même année où j’ai passé le baccalauréat. Donc, j’ai eu mon baccalauréat un mois et demi avant. Et après, je suis parti en Chine pour compétir aux championnats du monde », informe-t-il. Faisant partie d’une famille modeste, Dame Fall regrette que le roller ne soit toujours pas pris au sérieux. « Au Sénégal, il n’y a pas de politique sportive. Donc, pour mélanger sport, études et pousser les parents à laisser leurs enfants s’intéresser au sport, c’est un peu compliqué », note-t-il. Après son sacre de 2017, Dame Fall a gagné trois fois (en 2022, 2023, 2024) les championnats du monde de free jump, une discipline du roller. Il détient à ce jour le record mondial. ;
En fin de carrière, Dame Fall estime que, dans un futur proche, il laissera la place aux jeunes pour se concentrer davantage sur la transmission du savoir. « La carrière d’un sportif n’est pas longue. J’ai aujourd’hui 27 ans. Il ne me reste plus beaucoup de temps. La génération future commence à frapper à la porte. Donc, en ce moment, mon objectif sera de participer à la coupe du monde de 2025, prévue à Singapour, et les World Skate Games qui seront organisées au Paraguay en 2026. On va dire qu’il me reste deux à trois ans. Si tout se passe bien, il se peut que je clôture en beauté en 2026 », prie-t-il. « J’ai beaucoup de projets qui sont dans les tiroirs, qui attendent vraiment avec impatience que je raccroche pour pouvoir m’en occuper. Il y aura du travail à faire à l’avenir », promet-il.
Par Marième Fatou DRAMÉ