Malgré la tension, la rivalité entre Balla Gaye 2 et Modou Lô est avant tout un formidable moteur pour la lutte sénégalaise. « C’est une rivalité comparable à celle de Messi et Ronaldo », confiait Balla Gaye 2. « Nous nous battons pour le prestige, la gloire et le titre de Roi des arènes », reconnaissait-il encore. Le parallèle n’est pas exagéré : comme les deux stars du football mondial, le « Lion» et le « Roc » s’admirent autant qu’ils se défient. La rivalité prend une telle ampleur qu’elle finit par atterrir au palais présidentiel. Le 9 mai 2011, Souleymane Ndéné Ndiaye, Premier ministre sous Wade, reçoit les deux lutteurs pour apaiser la tension. Quelques jours plus tard, le président Abdoulaye Wade lui-même les convoque. La photo de la réconciliation est symbolique : deux adversaires farouches décidant de mettre fin à leur hostilité. « La lutte est notre sport national, un sport noble qui doit être facteur d’unité. Il n’y a pas de place pour la haine ou la violence », martèle le Président Wade. Chacun poursuivra sa route vers la gloire. Balla Gaye 2, après avoir dominé Tyson de Boul Fall en 2011 et Yékini de Ndakaru en 2012 (22 avril), deviendra « Roi des arènes ». Modou Lô, battu par Bombardier en 2015, se relèvera et s’emparera à son tour du trône en 2019 après avoir vaincu Eumeu Sène (28 juillet). Deux parcours exceptionnels, deux carrières parallèles qui se répondent comme en miroir.
Le 13 janvier 2019, au stade Léopold Sédar Senghor, l’heure du grand remake sonne. Neuf ans après leur premier affrontement, Balla Gaye 2 et Modou Lô se retrouvent. Le combat est intense, suivi dans tout le pays. Une fois encore, le « Lion » de Guédiawaye sort victorieux, confirmant sa suprématie. Mais cette deuxième victoire marque aussi un tournant : les hostilités se calment, le respect s’impose. Les deux champions savent désormais qu’ils représentent ensemble le sommet de la lutte sénégalaise. Aujourd’hui, leur rivalité est entrée dans la légende. Elle n’est plus une simple confrontation de force, mais un symbole : celui de deux hommes qui, par leur charisme et leur parcours, ont hissé la lutte sénégalaise à un niveau inédit. L’union paradoxale du respect et de la rivalité, du défi et de la fierté, continue de nourrir les passions du public.
A.D
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