Le football sénégalais a perdu un talentueux représentant avec le décès, dimanche à Dakar, de Moussa Diop « Quenum », dans la soirée du dimanche 21 septembre. Un virtuose du milieu salué par ses contemporains.
Milieu de terrain ayant fait les beaux jours du Jaraaf de Dakar et de l’équipe nationale du Sénégal, surtout dans les années 1980, Moussa Diop « Quenum » était, selon Amadou Diop « Boy Bandit » qui a évolué avec lui au club de la Médina comme avec les « Lions », un virtuose du ballon rond qui donnait tout sur le terrain.
« On a perdu un monument. C’était un vrai patriote dans l’âme. Il se réclamait toujours Sénégalais par son comportement, sa rigueur dans le jeu. Il avait un tempérament de gagneur. Il ne voulait pas perdre. Pour lui, le maillot national était autre chose. Il le montrait dans sa façon de jouer. Il mouillait le maillot. Il donnait tout ce qu’il pouvait », confie le capitaine du Sénégal à la Can 1986.
« Il a fait toutes ses classes au Jaraaf. De l’école de foot à l’équipe sénior. C’était un gamin très jovial. Il était d’une politesse extraordinaire. Il était trop réservé. C’était un bon croyant et une personne très disciplinée », dit Amadou Diop « Boy Bandit ».
Selon lui, « Quenum » était doté d’une intelligence très élevée. « C’était un génie par sa technicité, son intelligence. Je n’ai pas vu un joueur plus intelligent que Moussa Diop « Quenum ». Il était trop tactique. Il aimait les dribbles et sa technicité était hors pair. C’était mon complice au milieu de terrain. Même en dehors du terrain, on était complices. Les relations entre les deux hommes allaient au-delà du foot. « Il m’appelait « Padré » ». Chaque fois qu’on allait lui demander quelque chose, il réclamait d’abord mon accord. Les anciens me le rappelaient le jour de ses funérailles », se souvient Amadou Diop qui garde de son ancien coéquipier le souvenir d’un bon père de famille, un homme d’une grande personnalité qui a bien éduqué ses enfants.
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Ancien journaliste au quotidien national Le Soleil, Babacar Khalifa Ndiaye connaît bien Moussa Diop « Quenum » qu’il a suivi quand il évoluait au Jaraaf et en équipe nationale.
« C’était un milieu de terrain de petite taille, mais son talent était énorme. Il était très technique. Il avait un coffre de marathonien. Il balayait le terrain de toute la largeur. Il n’hésitait pas à partir jusqu’au front de l’attaque. Il était doué. Un très bon dribbleur avec une bonne vision du jeu qui lui permettait d’orienter, d’illuminer la partie par ses passes décisives. Il était très précieux autant pour le Jaraaf que pour l’équipe nationale du Sénégal », témoigne le journaliste et écrivain.
D’après Babacar Khalifa Ndiaye, Moussa Diop « Quenum » était au sommet de son art dans le Jaraaf des années 1980. Ce qui lui avait permis de décrocher un contrat à Fès au Maroc.
« J’ai eu la chance d’avoir été au Maroc chez lui pendant qu’il y jouait. J’étais parti faire un reportage sur les Sénégalais comme Moussa Ndao, Diakhaby et autres. Il a laissé de bons souvenirs au Maroc. En dehors du terrain, il avait un caractère très trempé. Il était de petite taille mais ne se laissait pas marcher sur les pieds. Il était respecté de ses partenaires aussi », confie-t-il.
L’un des meilleurs moments de la carrière de Moussa Diop « Quenum » a été la qualification à la Can 1986 après 18 ans d’absence.
« Il a été de l’équipe qui a ramené le Sénégal à la Can après 18 ans d’absence. Il a fait la Can 1986, mais il n’a pas joué. Il avait disputé le fameux match qualificatif face au Zimbabwe (3-0). Il a compté dans le football sénégalais. C’est une grosse perte. Et dès le lendemain du décès de Fidel Diatta qui était aussi un bon footballeur », déclare M. Ndiaye.
Mbaye Jacques Diop, journaliste et ancien conseiller technique au ministère des Sports, estime, pour sa part, que le départ de « Quenum » laisse un vide abyssal.
« Mame Moussa comme on t’appelait familièrement, ton départ nous a tous plongés dans une profonde affliction, laissant derrière toi un vide abyssal que rien ni personne ne pourra combler. Tu étais plus qu’un frère pour moi, tu étais un mentor, un guide éclairé dont la sagesse et la perspicacité m’ont été d’un grand secours dans les moments les plus critiques », a-t-il écrit.
Julien Mbesse SÈNE