Dr Mohamed Diop est le président de l’Organisation nationale antidopage du Sénégal (Onads). Dans cet entretien accordé au quotidien «Le Soleil», il explique pourquoi le Comité national de gestion de la lutte (Cng du Sénégal) devra faire appliquer les sanctions de l’Organisation régionale antidopage Afrique (Orada) contre Siteu et son manager Max Mbargane.
Pouvez-vous nous dire si le document qui a annoncé la suspension de Siteu pour deux ans est authentique ?
Mais oui, le document que vous avez reçu est authentique. Toute la procédure y est expliquée. Il y a eu un combat entre Modou Lô et Siteu (24 novembre 2024). Siteu a refusé de se faire contrôler et la procédure, enclenchée depuis le mois de novembre, a été faite. À partir de novembre, il y a eu des courriers qui notifient toute la procédure. L’Organisation régionale antidopage Afrique (Orada) Zones 1 et 2 a demandé des explications. L’entourage de Siteu a répondu à cette demande d’explications, mais son manager Max Mbargane n’a pas réagi. Des sanctions ont été proposées après cette première procédure. On leur avait dit qu’ils avaient un délai de tant de jours pour apprécier et faire appel. Ils n’ont pas fait appel, le délai est arrivé et la sanction définitive est tombée.
Est-ce donc à dire que Siteu n’a plus de voie de recours face à cette décision définitive ?
La possibilité de faire appel a été donnée à Siteu. On lui a notifié qu’il a été sanctionné et qu’il devait répondre dans les délais au cas où il aurait souhaité faire appel. Mais si vous ne faites pas appel dans les délais, la sanction tombe. Je précise que le Cng a reçu les copies de tous ces courriers, il était donc au courant de toute la procédure. Depuis le début de cette affaire, le Cng reçoit tous les courriers au même titre que nous, l’Organisation nationale antidopage du Sénégal (Onads). C’est l’Organisation régionale antidopage Afrique qui envoie les courriers au Cng, à l’Onads et à l’écurie Lansar.
Cheikh Niang, le président de l’écurie Lansar, a déclaré qu’ils n’avaient pas reçu le courrier qui leur permettait de faire appel de la décision de sanction…
Je n’entre pas dans ces détails-là. Les courriers ont été envoyés à toutes les parties concernées. Le Cng de lutte et l’écurie Lansar ont reçu les courriers à l’adresse où ils avaient reçu le premier.
Le président Malick Ngom a soutenu que le Cng n’avait pas reçu le courrier de la décision de suspension de Siteu et de son manager Max Mbargane. Qu’en est-il ?
Nous avons reçu un mail où l’Orada a fait copie au Cng et à Lansar. Comme nous, le Cng a reçu le document depuis le samedi 28 juin 2025. Nous ne sommes pas dans des polémiques, nous sommes dans le factuel.
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À cause de cette suspension de Siteu pour deux ans, est-ce que son combat contre Balla Gaye 2 se tiendra-t-il ?
Une sanction doit être appliquée. Quelle est la structure qui fait appliquer les sanctions dans le milieu de la lutte ? C’est bien le Cng de lutte. Pourquoi le Cng doit-il appliquer la sanction de Siteu et de Max Mbargane ? Parce qu’il est membre de la Fédération internationale des luttes associées (Fila). Il est une fédération ou un comité, et il est aussi membre du Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss). Toutes ces trois instances sont liées par le Code mondial antidopage. Le Cng ne peut que respecter la charte qui lie toutes ces institutions. Sinon, on dira que le Cng ne respecte plus le Code mondial antidopage.
Et si le Cng ne respecte plus ce Code mondial ?
Là, on entrera dans une autre procédure, mais je ne pense pas qu’on puisse y arriver. Beaucoup de sportifs, même des footballeurs sénégalais, ont été sanctionnés dans le cadre d’un contrôle antidopage. Il ne peut pas donc y avoir deux poids deux mesures, les règles sont universelles et elles concernent tous les sportifs. Ces dispositions sont édictées pour préserver la santé des sportifs. Ces règles ne sont pas mises en place pour empêcher un tel combat ou un tel événement sportif, elles sont plutôt là pour préserver la santé des sportifs. C’est cela le plus important.
Êtes-vous conscient que la décision de la suspension de Siteu est tombée au moment où l’arène prépare un grand événement de lutte prévu le dimanche 20 juillet 2025 ?
La décision ne s’occupe pas d’un combat. Elle ne sait pas qu’il y a un combat en vue, que ce sera entre tel et tel autre lutteur. Nous ne nous occupons pas de Balla Gaye 2 ou d’un autre lutteur. C’est une procédure qui concerne tous les sportifs.
Est-ce que les deux cas sont les mêmes, si l’on sait que pour la Juventus, le match allait se jouer, alors que pour le cas de Siteu, le combat ne se tiendra pas ?
La sanction n’a rien à voir avec ce qui va se passer. Il faudra penser à l’éthique dans le sport. Modou Lô était dans les mêmes conditions et a accepté de faire le test. Un autre ne l’a pas accepté, personne ne se sent gêné par rapport à cela.
Y avait-t-il possibilité que les acteurs de la lutte soient alertés d’une probable sanction de Siteu pour éviter tout désagrément ultérieur ?
C’est lui (Siteu) qui ne devait pas signer un combat. Le Cng de lutte aurait pu dire que Siteu était en procédure et refuser qu’il signe un contrat de lutte.
Les gens ne comprennent pas que la décision soit tombée au moment d’un « face to face » …
La sanction n’est pas liée à cet événement. Peut-être qu’elle aurait pu sortir trois mois après ou avant. Après le dernier courrier du mois de mai, il était dit à Siteu que s’il ne répondait pas à telle date, on considérait qu’il avait accepté la sanction proposée. Ils n’ont pas répondu à cette décision et la sanction est finalement tombée. Pourquoi veut-on donner un statut particulier à un tel lutteur ?
Propos recueillis par Abdoulaye DEMBÉLÉ