Fadiouf Ndiaye, capitaine de l’US Ouakam, s’est effondré dans le vestiaire peu après la pause du match contre OSLO, disputé au stade Biram Ly des Parcelles assainies. Il n’a pas survécu à un malaise soudain.
Fadiouf Ndiaye (30 ans) est mort le samedi 17 mai 2025, des suites d’un malaise lors d’un match de Ligue 1 opposant l’US Ouakam à OSLO. Un drame soudain, brutal, que rien ne laissait présager. Pour comprendre ce qui s’est réellement passé, Le Soleil digital a recueilli le témoignage du médecin du club, Docteur d’Etat en médecine Issa Mboup, témoin des derniers instants du numéro 20 de l’USO. L’US Ouakam, en bonne dynamique en Ligue 1, affrontait samedi 17 mai au stade Baba Ly des Parcelles assainies OSLO, dans une rencontre importante pour recoller au peloton de tête. Fadiouf Ndiaye, capitaine et leader du vestiaire, était bien présent, titularisé comme à son habitude. Selon le Dr Mboup, « Fadiouf ne souffrait d’aucune pathologie. Il avait passé avec succès les tests médicaux de la Ligue. »
Un joueur médicalement apte
D’après le certificat de non contre-indication à la pratique du sport établi par le cardiologue et médecin du sport Dr Thierno Abass Ka de la Ligue pro, Fadiouf Ndiaye avait été examiné le 19 septembre 2024. À cette date, aucune anomalie clinique majeure n’avait été relevée, susceptible d’empêcher la pratique sportive. L’électrocardiogramme réalisé n’avait décelé aucune irrégularité incompatible avec le sport.
Pourtant, à la 37e minute de la première période, un premier signe d’alerte survient. Le capitaine s’assoit sur la pelouse, manifestement incommodé. Le médecin entre sur le terrain pour lui porter assistance. « Il m’a dit avoir souffert d’un courant d’air toute la semaine et que cela semblait le perturber. Je lui ai appliqué un massage chaud. Il est sorti brièvement, puis est revenu jouer jusqu’à la mi-temps », raconte le médecin. Rien d’alarmant, donc. Mais la suite allait basculer dans l’irréparable.
Un malaise foudroyant
À la pause, Fadiouf fait part d’une gêne persistante. Par précaution, le médecin demande au coach Moussa Diatta de ne pas le faire revenir sur le terrain. « Il a mis un blouson, on lui a appliqué du baume chauffant. Il m’a dit : “Je me sens mieux.” Il s’est assis sur le banc, rigolant avec ses coéquipiers, suivant tranquillement le début de la seconde période », poursuit Dr Mboup.
Mais à peine dix minutes après la reprise, tout s’accélère. Fadiouf ressent à nouveau une douleur thoracique et appelle le médecin. Le Dr Mboup, ne pouvant quitter le banc en pleine période de jeu, alerte alors son collègue, qui le conduit au vestiaire pour une nouvelle consultation. « Quelques instants plus tard, l’intendant du club est venu me prévenir que Fadiouf n’allait pas bien. Une fois sur place, je l’ai trouvé dans un état inquiétant. Il présentait une salivation et les yeux rougis. Il semblait piquer un début de crise. J’ai immédiatement alerté les sapeurs-pompiers pour une évacuation vers le centre de santé Mame Abdou Aziz Sy. Cela s’est fait en moins de dix minutes. Son père, présent au stade, a été informé et l’a accompagné. », soutient-il.
« Aucune négligeance médicale»
Mais il était déjà trop tard. Fadiouf a succombé probablement en cours de route. « Le médecin-chef de l’établissement a constaté son décès dès notre arrivée. Tout s’est déroulé très vite : en l’espace de quinze minutes, il a fait un malaise, puis a perdu la vie à son arrivée au centre de santé », rapporte le Dr Mboup, qui réfute fermement certaines rumeurs relayées dans les médias : « On ne peut pas parler de négligence médicale », insiste-t-il, visiblement très affecté.
Le médecin de l’USO reconnaît toutefois que les clubs de Ligue 1 ne sont pas suffisamment équipés sur le plan médical : « À part Génération Foot, qui dispose d’une ambulance médicalisée et probablement d’un défibrillateur, la majorité des clubs n’en ont pas », déplore-t-il. Aurait-on pu sauver Fadiouf ? Sur cette question, Dr Mboup reste prudent : « Il faut attendre les résultats de l’autopsie avant de se prononcer. » Il appelle néanmoins à des mesures urgentes : « La Ligue professionnelle devrait imposer à tous les clubs, dès la saison prochaine, de se doter d’un minimum de matériel médical. Ce n’est pas un investissement très coûteux, mais cela peut permettre d’éviter certains drames. »
Depuis l’instauration du professionnalisme en 2008, jamais un joueur de Ligue 1 n’était décédé en lien direct avec une rencontre officielle. Fadiouf Ndiaye, 30 ans, dix saisons passées en Ligue 1, un titre de champion du Sénégal remporté avec le Jaraaf (2018), laisse derrière lui un vide immense. Il repose désormais au cimetière musulman de Ouakam, auprès des siens. L’USO perd plus qu’un joueur : un frère, un capitaine, un guide. Le football sénégalais, lui, perd un visage familier de son élite.
Par Cheikh Gora DIOP