Le Rwanda s’apprête à accueillir les championnats du monde de cyclisme (21-28 septembre). Une première pour le continent africain. Dans cet entretien, l’ambassadeur du Rwanda au Sénégal, Festus Bizimana, revient sur les défis, les efforts mis en œuvre par son gouvernement aussi bien sur le plan sécuritaire qu’organisationnel, pour assurer le succès de l’événement.
Entretien
Tous les regards du monde du cyclisme sont tournés vers le Rwanda qui accueille, du 21 au 28 septembre prochain, les championnats du monde de cyclisme sur route. Comment appréciez-vous ce choix historique ?
En tant que Rwandais, je ne peux que me réjouir du choix porté sur notre pays comme hôte de ce grand événement. Je suis très fier et les Rwandais sont très heureux que leur pays ait été choisi. C’est une première en Afrique et nous nous préparons en conséquence. Nous mettons tous nos efforts, faisons tout pour que ce grand rendez-vous mondial soit un succès et que les autres continents puissent envier l’Afrique pour la réussite de l’organisation.
Des milliers de coureurs sont attendus à cet événement. Comment le préparez-vous ?
Techniquement, je vous dirais que même si les championnats du monde de cyclisme devaient se tenir demain, le Rwanda est prêt. Parce que nous avons suffisamment d’hôtels pour accueillir nos hôtes. Nous avons aussi des experts, des techniciens en termes d’organisation qui sont compétents et aussi la collaboration étroite avec l’Union cycliste internationale (Uci).
Nous attendons des participants de 70 fédérations cyclistes et à ce jour, 1200 coureurs ont déjà confirmé leur participation. De grands noms du cyclisme mondial comme le Belge Remco Evenepoel et le Slovène Tadej Pogačar seront de la partie. Sans compter que le peuple est prêt à accompagner les autorités et les organisateurs. Nous avons l’appui du gouvernement qui met tout en œuvre ; que ce soit sur le plan sécuritaire et organisationnel, pour que ce grand événement qui se passe pour la première fois en Afrique, soit un grand succès.
Votre pays est connu pour son fameux Tour du Rwanda. Est-ce qu’on peut dire que ces mondiaux sont une opportunité pour booster le développement du cyclisme rwandais ?
Absolument. C’est le cyclisme, les cyclistes, tout le secteur, toute l’industrie en rapport avec la discipline qui va en profiter parce que, quand nous parlons de sport, ça ne se limite pas seulement à la compétition et au spectacle. Ça va au-delà. C’est le développement du sport, mais c’est aussi le tourisme basé sur le sport, qui est aujourd’hui un secteur qui profite, qui croît d’abord, qui se développe et qui attire beaucoup de visiteurs. Donc, le sport est un vecteur de développement économique, car il va ensemble avec l’économie.
Certains pays ont demandé l’annulation de ces championnats du monde de cyclisme en raison de la situation sécuritaire ces derniers temps. Est-ce que toutes les dispositions ont été prises par votre gouvernement pour que tout se déroule sans incident ?
La preuve c’est qu’on a un record dans la confirmation des participations. Il n’y avait que deux pays qui demandaient le report pour des raisons politiques ; ce qui était dommageable parce qu’on ne mélange pas sport et politique. Aujourd’hui, l’un de ces pays a déjà confirmé la participation et ses coureurs seront de la partie. Donc, que ce soit avant ou dès le premier jour du choix, l’Union cycliste internationale (Uci), qui a choisi le Rwanda, savait très bien que la sécurité du pays, des coureurs et de tous les partenaires dans l’organisation était assurée. Sur le plan de la sécurité, le gouvernement a pris toutes les dispositions et cela ne date pas d’aujourd’hui. En termes de visiteurs, le Rwanda fait partie des premières destinations en Afrique ; cela signifie qu’il n’y a aucun problème au plan sécuritaire.
Le Rwanda fait du sport un outil de promotion à l’international avec notamment des partenariats avec Arsenal, Bayern Munich et le Psg … Est-ce que cette politique porte ses fruits ?
Je réponds sans hésiter par l’affirmative. Il faut voir tout simplement en termes de croissance, du nombre de touristes qui visitent le Rwanda et aussi des rentrées de devises. Chaque année, nous avons une augmentation de 10 à 15% du nombre de touristes. Rien qu’en 2024, le Rwanda a enregistré 1,4 million de visiteurs et presque 700 millions de dollars de revenus touristiques. Tout cela a été réussi grâce à la mise en place du mécanisme « Visiter le Rwanda », qui vise à faire connaître davantage le pays. L’autre exemple qui montre que c’est un choix pertinent, c’est qu’il y a d’autres pays en Afrique qui veulent faire la même chose que le Rwanda. Et nous voulons aussi partager notre expérience avec d’autres pays. C’est vous dire que cette politique mise en place par les autorités rwandaises, avec à leur tête le président Paul Kagamé, dans le cadre du développement du tourisme, et basée sur cette politique de « visiter le Rwanda » à travers les partenariats avec les grandes équipes de football, est en train de porter ses fruits.
Le Rwanda et le Sénégal entretiennent de bonnes relations. Est-ce qu’on peut s’attendre à un partenariat entre les deux pays au plan sportif ?
Absolument. Le partenariat est déjà là. Nous sommes en train de voir comment renouveler nos accords, notre partenariat en rapport avec le développement du sport parce que nous avons déjà des accords sur la culture et le sport. Mais aussi comment harmoniser, développer beaucoup plus le partenariat dans l’organisation de grands événements. Nos deux gouvernements et les agences spécialisées chargés de l’organisation et la gestion de grands événements, la promotion du tourisme du sport commencent à échanger pour que le partenariat soit beaucoup plus fructueux.
Excellence, vous avez été nommé récemment ambassadeur de la République du Rwanda au Sénégal. Comment se portent les relations entre les deux pays ?
Les relations entre le Rwanda et le Sénégal sont excellentes. Ce sont des relations de coopération, d’amitié exemplaires. Le Rwanda et le Sénégal sont sur le même pied de compréhension sur presque tous les sujets. Je vous dirais que je suis parmi les ambassadeurs les plus heureux parce que je travaille dans un environnement sain, un environnement de compréhension. Et puis nos deux chefs d’État, Bassirou Diomaye Faye et Paul Kagamé, entretiennent de très bonnes relations, de même que nos deux peuples. Nous visons à aller davantage de l’avant et à fructifier beaucoup plus notre coopération au profit des peuples rwandais et sénégalais.
En 2026, le Sénégal accueille les Jeux olympiques de la jeunesse (Joj). Comment Kigali pourrait accompagner Dakar pour la réussite de cet événement ?
J’ai eu la chance et la possibilité de visiter le Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss). Nous avons discuté et des opportunités ont été présentées. Beaucoup de candidats rwandais ont affiché leur volonté de travailler avec le Cnoss et les autres organisateurs. Et ce qui est sûr, c’est qu’il y en a beaucoup qui sont prêts et enthousiastes, que ce soit au niveau du Sénégal ou du Rwanda, à travailler ensemble. D’ici les Joj, vous allez avoir beaucoup de figures rwandaises qui vont travailler dans l’organisation de cet événement.
Entretien réalisé par Samba Oumar FALL (texte) et Moussa SOW (photo)