La décision de l’État de ne plus subventionner les clubs sénégalais engagés en compétitions africaines risque de causer des soucis financiers à la Fédération sénégalaise de football, qui prend déjà en charge une dizaine de sélections nationales. Pour son président, Me Augustin Senghor, il va falloir trouver des solutions permettant à l’instance dirigeante du foot sénégalais d’obtenir une autonomie financière.
Dans un courrier en date du 19 février, la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Khady Diène Gaye, a informé la Fédération sénégalaise de football (Fsf) de la décision de l’État de ne plus financer les clubs sénégalais engagés en coupe Caf et en Ligue africaine des champions. Ce désengagement de l’État, qui subventionnait jusque-là les formations sénégalaises en compétitions africaines interclubs, suscite de l’inquiétude chez Me Augustin Senghor, président de la Fsf. «Effectivement, nous avons accueilli cette décision avec beaucoup d’inquiétude, car la Fédération de football ploie sous le poids des nombreuses dépenses qu’elle supporte pour maintenir le développement du football sénégalais aux plans local et international. Mais nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter cette décision des autorités étatiques dans un contexte de marasme économique, semble-t-il », a réagi le patron du football sénégalais.
Le ministère des Sports, a-t-il rappelé, ne prenait en charge que le transport aérien des représentants sénégalais en compétitions africaines. « D’ailleurs, il faut préciser que la lettre du ministère s’adresse, hormis la Fsf, aux fédérations sœurs du basket-ball, du hand-ball et du volley-ball. En ce qui nous concerne, je dois dire que le ministère ne prend en charge que le transport aérien de nos clubs africains dans ces compétitions interclubs. C’est la Fsf qui les subventionne et prend en charge les frais des officiels de la Caf (transport aérien, interne et hébergement) et ceux d’organisation des matches.
Les clubs supportent le reste par eux-mêmes », a indiqué Me Senghor. Quoi qu’il en soit, cette décision sera lourde de conséquences sur les finances, car « le poste du transport aérien des équipes représente en moyenne 25 millions de FCfa par voyage pour une délégation de football ». Me Augustin Senghor s’attend à un alourdissement des charges de la Fsf, qui prend déjà en charge toutes les équipes nationales du pays. « Je précise enfin que la Fsf prend en charge intégralement les charges de toutes nos sélections nationales (une dizaine) en dehors de l’équipe A pour laquelle la Fsf contribue aussi à une hauteur raisonnable.
Au niveau national, la Fsf supporte à 100% tout le football amateur, les dépenses de fonctionnement de la Ligue professionnelle et leurs frais d’arbitrage pour des montants colossaux, sans compter les subventions pour tous les clubs et groupements affiliés (environ 400) et les investissements sur les infrastructures de football, en suppléance à l’État et ses démembrements (collectivités territoriales) pour plusieurs milliards de FCfa, ces dernières années, afin que le football puisse se jouer dans des conditions acceptables sur l’ensemble du territoire national », a informé Me Senghor.
Loin d’être abattu, le président de la Fsf estime qu’il faudra trouver les capacités pour surmonter les difficultés financières. « Voilà ce que je peux dire en attendant de nous concerter au sein du Comité exécutif et avec les clubs pour voir comment nous adapter à cette nouvelle situation, car il nous faudra faire preuve de résilience en essayant de poursuivre la politique de recherche d’une autonomisation accrue du financement du football », a-t-il préconisé. Cependant, il estime que l’État aurait dû soutenir la Fsf à travers des mesures d’accompagnement. « L’État aurait pu, toutefois, prendre des mesures supplétives à sa décision de désengagement en facilitant et incitant l’ouverture au financement du sport par les entreprises privées et en mettant en place un dispositif permettant de rendre visibles et attractives les compétitions sportives (droits Tv et commerciaux) », a-t-il conclu.
Julien Mbesse SÈNE