Après avoir annoncé son départ du Red Star en fin de saison dernière, Habib Bèye ne s’attendait, sans doute pas, à chômer aussi longtemps. Une absence de nouveau challenge qui interroge tant sa saison avec le Red Star et ses idées de jeu sont remarquables. Ce qui nous amène à nous demander pourquoi il est recalé par certains clubs, jamais cité pour d’autres. Et si le « problème était ailleurs.
« Aujourd’hui, j’exprime mon ambition. Mon ambition, c’est d’entraîner au plus haut niveau. J’ai encore deux matchs, des moments à vivre avec mon cœur. Mais oui on sera à l’écoute avec mes conseillers des opportunités qui se présenteront pour entraîner au plus haut niveau, ça c’est une certitude. J’en profite pour dire qu’il y a beaucoup de rumeurs disant que je me suis déplacé à Reims et que j’ai visité les infrastructures. Tout cela en pleine nuit ! Je n’ai rencontré personne, ni le directeur sportif, ni le président ni les infrastructures ». En faisant cette déclaration, en mai 2024, après avoir remporté le National et guidé le Red Star en ligue 2, Habib Bèye semblait avoir une voie royale, toute tracée, vers la Ligue 1, l’élite française. Plusieurs clubs lui faisaient les yeux doux, susceptibles, donc, de lui donner sa chance.
Dans ce murmure, on percevait Nice, Strasbourg, de Reims… Mais, finalement, aucun de ces bancs n’a donné sa chance à Habib Bèye. Ensuite, quelques mois après le début de la saison 2024-2025, Nantes l’a sondé, avant que Rennes ne le rencontre pour prendre la suite de Julien Stéphan. Le club breton a finalement décidé de confier son équipe à l’argentin Jorge Sampaoli. Et l’ex-international sénégalais, lui, a simplement rangé ses carnets en attendant une proposition à la hauteur de ses attentes. Sauf que cela commence à être long.
Tout le monde a sa chance, sauf Habib Bèye
Pour dire à quel point Habib Bèye est snobé, même son ancien adjoint au Red Star, Pierre Sage, a trouvé un banc. Il est, en effet, le coach de Lyon depuis la saison dernière pour sa première expérience en tant qu’entraineur. Alors, où se situe le problème ?
Il réside, peut-être, dans le fait qu’Habib Bèye est Sénégalais, même s’il est né en France. Il a joué pour le Sénégal, et n’a jamais été international français. D’autres techniciens noirs comme Jean Tigana ou encore Patrick Vieira ont eu la chance d’entrainer en France, mais avec l’avantage d’être des anciens internationaux français. Sinon, comment expliquer par ailleurs qu’Omar Daf, qui fait ses gammes en Ligue 2 depuis plusieurs années (Sochaux, Dijon, Amiens) n’ait lui aussi jamais eu sa chance avec des clubs de Ligue 1 ?
Les entraîneurs africains, jamais dans les premières divisons
Néanmoins, il ne faut pas circonscrire ce phénomène à la France. Les entraineurs africains peinent à avoir leur chance dans les clubs européens. Mbaye Lèye fait son bonhomme de chemin en première division belge depuis quelques années (Standard de Liège, Zulte Waregen, FC Seraing), il y a eu, aussi, Kolo Touré, éphémère coach de Wigan qui évoluait alors en deuxième division anglaise (9 matchs en 2022-2023 avant d’être viré). Pour les sélections nationales, seule l’équipe de Macao est dirigée par un Africain en la personne de l’Angolais Lazaro Oliveira. Ces clubs et pays européens ont, sans doute, un problème de confiance vis-à-vis des entraineurs africains.
Il y a quelques années, Aliou Cissé, alors sélectionneur du Sénégal, interrogé sur l’absence des Africains des bancs en Europe, affirmait pour Le Monde : « Ce n’est pas un problème de compétences, mais un manque de confiance. Les entraîneurs ont les diplômes, seulement ensuite, il ne se passe rien. Après le Mondial 2018, on m’a proposé d’entraîner de bonnes équipes en Europe, pas de grandes équipes. Mais je pense que les choses vont changer. »
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En espérant pour Habib Beye que le salut vienne de stars comme Yaya Touré. Ce dernier, qui vient de valider sa licence Pro de l’UEFA, a désormais les diplômes pour exercer. Son expérience de joueur de classe internationale ainsi que ses relations nouées avec les grands entraineurs qu’il a côtoyés, pourraient lui permettre d’avoir un banc en Premier League ou ailleurs ; ce qui serait bénéfique pour les autres coachs africains qui pourraient suivre ses pas. A noter qu’il a été entraineur des jeunes de Tottenham, et adjoint au Standard de Liège ainsi qu’en équipe nationale d’Arabie Saoudite.
Quoi qu’il en soit, Habib Beye lui, ronge toujours son frein …
Oumar Boubacar NDONGO