À moins de 90 jours de la prochaine Can, les blessures d’Habib Diarra et Assane Diao constituent une alerte pour la « Tanière ». Avec la volonté des clubs de retenir les joueurs à l’approche de la Can, les dirigeants sénégalais devront surveiller ces dossiers de près.
C’est un véritable coup dur pour Sunderland et l’équipe nationale du Sénégal. Habib Diarra, auteur d’un bon début de saison avec les « Black Cats », sera éloigné des pelouses pour plusieurs semaines. Le milieu de terrain sénégalais s’est blessé à l’entraînement la veille de la rencontre opposant son club à Aston Villa (1-1). Touché à l’aine, l’ancien capitaine de Strasbourg a subi une opération lundi dernier et a entamé une période de rééducation. Diarra est déjà out pour deux ultimes journées des éliminatoires du Mondial 2026 qui verront le Sénégal affronter, les 10 et 14 octobre prochains, le Soudan du Sud à Juba et la Mauritanie à Dakar. Deux matches que le Sénégal devra gagner pour être certain de disputer la Coupe du monde. En plus de rater ces deux rencontres, Habib Diarra ne sera pas disponible pour la fenêtre internationale de novembre. Son retour des terrains est prévu pour le 13 décembre qui coïncide avec une rencontre de Premier League contre Newcastle. Une semaine plus tard (21 décembre), la 35e édition de la Can démarrera au Maroc. Il pourrait donc être un peu trop juste pour arriver à la compétition continentale en pleine possession de ses capacités. Mais tout cela dépend aussi de la période de rééducation. Si tout se passe à merveille, le joueur pourrait même être d’attaque plus tôt que prévu. Dans tous les cas, Pape Thiaw doit suivre la situation d’Habib Diarra de près. Depuis l’arrivée du successeur d’Aliou Cissé à la tête des « Lions », le milieu de 21 ans a multiplié les titularisations au point de devenir un élément clé dans l’entrejeu. Auteur de 4 buts en 13 sélections, il monte en puissance et s’est montré souvent décisif à l’occasion des dernières sorties des « Lions ».
En plus d’Habib Diarra, Pape Thiaw devra aussi bien surveiller le cas Assane Diao. En avril dernier, l’attaquant de Come en Serie A italienne, en grande forme, avait inscrit 10 buts toutes compétitions confondues en plus de 4 passes décisives. Il avait, dans la foulée de son entame de saison réussie, rejoint l’équipe du Sénégal avec laquelle il a fait deux sorties acceptables contre le Soudan (0-0) à Tripoli et le Togo (2-0) à Dakar. Victime d’une fracture au pied droit, Diao est passé sous le billard et devait observer une période d’indisponibilité de plusieurs mois. De retour, il a rechuté avec une nouvelle blessure contractée le 16 août dernier en match de Coupe d’Italie contre Südtirol (3-1). Depuis l’ouverture de championnat italien, il n’a encore disputé aucune minute avec Come. Cesc Fabregas, artisan de la venue d’Assane Diao en Italie en provenance du Betis Séville, s’est récemment montré pessimiste quant au retour rapide à la compétition de l’attaquant de 20 ans. « Diao est plus lent, je suis le premier à ne pas prendre de risques. Je préfère qu’il soit de retour à 100 % dans 3 ou 4 semaines, car c’est une arme essentielle pour nous face à toutes ces équipes qui nous talonnent. Et il marque. La deuxième partie de saison doit être importante pour nous. Nous devons le soutenir », a récemment déclaré le coach espagnol.
Dans les cas Diarra et Diao, on peut bien suspecter la volonté des clubs de jouer sur les blessures des joueurs afin de les priver de disputer la prochaine Can.
Le cas Diafra Sakho
Ce cas de figure a, en effet, déjà eu lieu dans un passé très récent. Diafra Sakho, sélectionné pour la Can 2015 en Guinée équatoriale, avait dû déclarer forfait, car son club d’alors, West Ham, avait annoncé qu’il était victime d’une blessure. Les « Lions », privés de l’un de leurs meilleurs éléments, avaient été éliminés dès le premier tour après une défaite devant l’Algérie (0-2). Au même moment, l’attaquant sénégalais, censé être blessé, avait été aligné par West Ham en FA Cup et avait marqué face à Bristol (1-0). Ce match a eu lieu deux jours avant l’élimination du Sénégal face aux « Fennecs ». La Fédération sénégalaise de football, dans tous ses états, avait porté l’affaire devant les plus hautes instances de la Fifa. Le verdict sera sans appel. La commission de discipline de la Fifa avait infligé une amende de 95 mille euros (62,3 millions FCfa) à West Ham. La formation de Londres et le footballeur sénégalais avaient, chacun, reçu un blâme de la Fifa.
Ismaïla Sarr a failli rater la Can 2021
Ce triste épisode avait ravivé la vigilance de la Fsf qui a failli vivre le même scénario en 2022. À quelques encablures de la Can au Cameroun, Ismaïla Sarr s’est blessé avec Watford lors d’une victoire sur Manchester United (4-1). Touché au genou, l’ancien pensionnaire de Génération Foot avait été déclaré inapte à disputer la Can par son club qui parlait d’une indisponibilité d’un mois ou plus. La Fsf avait riposté par un communiqué pour fustiger la volonté du club de priver Sarr de la Can. « Par courrier en date du 31 décembre 2021, Watford a notifié sur la base d’arguments aussi spécieux que fallacieux, sa décision de bloquer Ismaïla Sarr qui a exprimé sa volonté de rejoindre la sélection sénégalaise en vue de la prochaine Can Cameroun 2021. La Fsf a répondu immédiatement à ladite correspondance pour confirmer le maintien de la convocation du joueur », lisait-on dans le communiqué de la Fsf. Face à l’intransigeance des dirigeants sénégalais, Watford s’était résolu à le libérer. Sarr, qui a raté les 3 matches de poule et le 8e de finale face au Cap-Vert (2-0), jouera ses premières minutes en quart face à la Guinée équatoriale (3-1). Buteur face au « Nzalang » national, il sera précieux en demi-finale contre le Burkina (3-1) avec une passe décisive, avant de contribuer à la victoire finale contre l’Égypte. Une vigilance que la Fsf devra conserver pour ne pas faire une croix sur Habib Diarra et Assane Diao.
Julien Mbesse SÈNE