Cet après-midi, à 16h00 GMT, l’Emirates Stadium de Londres accueille une affiche qui n’a rien d’un simple match amical : Brésil vs Sénégal, troisième épisode d’une confrontation qui tourne jusqu’ici à l’avantage des Lions.
Le quintuple champion du monde brésilien n’a jamais battu le Sénégal : un nul accroché (1-1) en 2019, puis une victoire éclatante des Lions (4-2) en 2022. Deux matches, deux avertissements laissés aux Auriverdes. Aujourd’hui, le contexte a changé mais la menace sénégalaise, elle, s’est amplifiée.
Sénégal, une sélection en pleine ascension, sûre de sa force
Le Sénégal s’avance avec un ascendant psychologique évident. Depuis son sacre à la CAN 2022, la sélection s’est métamorphosée. Le passage de témoin entre Aliou Cissé et Pape Thiaw a apporté un souffle nouveau : un jeu plus offensif, un vestiaire responsabilisé, un management participatif qui libère les talents. Les Lions sont devenus une équipe redoutée, capable de faire vaciller les meilleures nations du monde. France, Angleterre, Brésil : tous ont senti les griffes de cette équipe en pleine maturité, portée par une génération brillante.

Iliman Ndiaye, Sadio Mané, Ismaïla Sarr, Gana Gueye… et désormais des renforts binationaux qui densifient encore le groupe, à l’image de Mamadou Sarr ou d’Ibrahima Mbaye, appelé pour la première fois. Le Sénégal incarne une Afrique conquérante, sûre d’elle, jouant sans complexe face aux géants. Les Lions tenteront aussi de préserver leur impressionnante série : 26 matchs sans défaite toutes compétitions confondues.
Côté tactique, Pape Thiaw pourrait reconduire l’un des deux schémas qu’il affectionne : un 4-2-3-1 pour densifier son milieu et contrer le double pivot brésilien, ou un 4-3-3 plus agressif, quitte à se priver d’un véritable avant-centre. Une flexibilité stratégique devenue l’une des marques de fabrique de son mandat.
Un Brésil en quête de renaissance sous le magistère d’Ancelotti
En face, c’est un Brésil en reconstruction qui se présente. Un Brésil blessé, encore marqué par le traumatisme de Belo Horizonte lors de sa Coupe du monde en 2014 face à l’Allemagne (7-1) et les éliminations précoces lors des éditions de 2018 et 2022. Mais un Brésil qui a désormais trouvé un guide capable d’apaiser ses doutes : Carlo Ancelotti. L’Italien, l’un des entraîneurs les plus titrés de l’histoire, quadruple champion d’Europe, maître des relances impossibles, a été rappelé pour redonner une identité à la Seleção.

Son palmarès parle pour lui, son calme également. Il arrive à la tête d’une génération fascinante – Vinicius Jr, Martinelli – et de diamants bruts à façonner, comme Vitor Roque ou Estêvão. Pour ce match, Ancelotti a confirmé qu’il reconduirait le même système que lors de la victoire 5-0 contre la Corée du Sud en octobre :un double pivot Casemiro–Guimarães et quatre joueurs offensifs alignés d’entrée.
L’Italien ne cache pas son admiration pour les Lions: « Le Sénégal n’est pas seulement une équipe forte, c’est une équipe très, très forte. Elle compte d’excellents joueurs capables de surprendre au Mondial. Nous avons beaucoup de respect pour eux : c’est une équipe intense, physique, très bien organisée. Il faudra être irréprochables défensivement. » Et d’ajouter, en référence à sa connaissance du football sénégalais :« J’ai eu la chance d’entraîner Koulibaly, l’un des meilleurs défenseurs avec lesquels j’ai travaillé. »
Oppositions de styles
Cette rencontre offre une opposition de styles passionnante : technique brésilienne contre transitions sénégalaises tranchantes. Lors des deux précédents duels, le Sénégal avait exploité les espaces laissés par la défense adverse, obtenant notamment des penalties décisifs.
Pour la Seleção, 7ᵉ au classement FIFA, il s’agit de « briser le signe indien » face aux Lions, 18ᵉ nation mondiale. Enchaîner trois matches sans victoire contre le Sénégal, de surcroît sur terrain neutre, ferait tache et serait difficile à expliquer.
Pour Sadio Mané et ses coéquipiers, l’objectif est de marquer les esprits à un peu plus d’un mois de la CAN 2025 au Maroc (21 décembre – 18 janvier 2026). Une performance de prestige placerait les Lions dans la peau d’un favori assumé, presque effrayant devant le Maroc et la Côte d’Ivoire.
À Londres, c’est bien plus qu’un amical qui se joue ce samedi : c’est un choc de générations, de continents, d’ambitions. Et peut-être, encore une fois, un rendez-vous avec l’histoire pour les Lions du Sénégal.
Par Cheikh Gora DIOP


