Au sortir de la trêve de juin du Sénégal, un homme a marqué les esprits, dans la continuité de sa saison remarquable : Ismaïla Sarr.
Le joueur de Crystal Palace a corrigé certaines lacunes dans son jeu et s’est mué en un attaquant redoutable, à l’image d’Ousmane Dembélé du Paris Saint-Germain. Les deux joueurs présentent en effet de nombreuses similitudes, tant dans leur parcours que dans leur évolution.
Ceux qui avaient perdu espoir doivent désormais retrouver le sourire. Ismaïla Sarr est devenu un attaquant fiable. L’ailier, longtemps perçu comme un feu follet, capable de courir dans tous les sens sans conclure ses actions, est désormais clinique devant les buts. La preuve : en juin, il a marqué contre l’Irlande et l’Angleterre. Sans doute imprégné par les enseignements de sa saison anglaise, il a brillé lors de ces deux rencontres.
Avec Crystal Palace, Sarr est devenu un joueur décisif, chirurgical. Et, toutes proportions gardées, cela rappelle la transformation d’un certain Ousmane Dembélé. Ce dernier, longtemps moqué, était considéré comme un « poulet sans tête » incapable de conclure. Il a explosé cette saison, terminant meilleur buteur de Ligue 1 avec 21 réalisations. Toutes compétitions confondues, le Français a inscrit 33 buts et délivré 13 passes décisives en 49 matchs. C’est tout simplement la meilleure saison de sa carrière. À 28 ans, il est enfin devenu le joueur tant attendu. Et Ismaïla Sarr, un an de moins que le Français, semble lui aussi avoir atteint enfin sa pleine maturité footballistique.
Repositionnement dans l’axe
Cette saison avec Crystal Palace, l’ancien Marseillais a inscrit 12 buts et délivré 7 passes décisives. C’est sa meilleure saison en Angleterre. Il a même permis aux Eagles de décrocher le tout premier titre de leur histoire : la FA Cup remportée face à Manchester City à Wembley.
Cette efficacité retrouvée s’explique notamment par un facteur déterminant : son repositionnement en attaque. Son entraîneur, Oliver Glasner, l’a intégré à un 3-4-3 plus axial, loin du rôle d’ailier excentré qu’il occupait depuis des années. Avec le piston Daniel Muñoz chargé d’animer le couloir, le Sénégalais a moins de distance à parcourir et il est devenu plus clinique à force d’abnégation. Là encore, la comparaison avec Dembélé saute aux yeux. Luis Enrique habitué à jouer sans numéro neuf en club et en sélection, l’a lui aussi repositionné dans l’axe, laissant le couloir droit à Doué ou Barcola. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le Français a brillé cette saison, étant élu meilleur joueur de Ligue 1 et de la Ligue des champions. Il est même cité parmi les favoris pour le prochain Ballon d’Or. Les deux ailiers repositionnés comme attaquants désormais, partagent également une autre particularité : ils ont tous deux explosé au haut niveau sous les couleurs du Stade Rennais. Dembélé en 2015-2016, Sarr entre 2017 et 2019.
Un atout pour Pape Thiaw ?
Passés par Rennes au début de leur carrière, Ismaïla Sarr et Ousmane Dembélé ont longtemps été critiqués pour leur jeu parfois brouillon et leur manque d’efficacité devant le but. Mais le temps des occasions gâchées semble révolu. Place désormais à la précision. Tous deux frappent désormais avec justesse, pour le plus grand bonheur de leurs clubs et de leurs sélections.
Pour Ismaïla Sarr, ce repositionnement pourrait aussi profiter à l’équipe nationale. Longtemps cantonné au poste d’ailier droit, faute d’alternatives crédibles sur les côtés, le natif de Saint-Louis peut aujourd’hui être utilisé dans l’axe pour pallier l’absence d’un vrai numéro 9. Car Nicolas Jackson (1 but en 14 sélections) et Boulaye Dia (6 buts en 30 capes) peinent à convaincre. Iso, lui, est le 2e meilleur buteur des Lions en activité (14 buts), juste derrière Sadio Mané. Il compte d’ailleurs 4 buts sur ses 11 dernières apparitions en sélection, soit deux fois plus que Jackson et Boulaye réunis (2). En outre, Pape Thiaw dispose désormais de sérieuses alternatives sur les ailes avec Iliman Ndiaye, étincelant à gauche comme à droite, et le jeune Assane Diao.
À 27 ans, Ismaïla Sarr pourrait enfin devenir le nouveau leader offensif de la Tanière. En septembre, à l’occasion des deux matchs décisifs contre le Soudan et la République démocratique du Congo (RDC) dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde 2026, il sera très attendu pour porter son équipe, dans son nouveau costume de patron.
Oumar Boubacar NDONGO