L’ambassade des Pays-Bas au Sénégal, en collaboration avec l’association « Sama Vélo » et la startup Insta Bike, a mis en œuvre l’initiative « Jigéen on Bike ». Ce programme vise à former les femmes à la pratique du vélo afin de favoriser leur autonomie et de promouvoir une approche durable de la mobilité urbaine.
À Dakar, les femmes prennent le guidon. Depuis quelques semaines, une trentaine d’entre elles participent au programme « Jigeen on Bike », qui signifie en français « Les femmes à vélo ». Portée par « Insta Bike » et « Sama Vélo », avec le soutien de l’ambassade des Pays-Bas, cette initiative a pour objectif de permettre aux femmes d’apprendre à faire du vélo, tout en valorisant un mode de transport sain, écologique et économique. « Presque toutes mes amies savent faire du vélo. Alors, quand j’ai eu l’opportunité d’apprendre à mon tour pour être plus autonome lors de nos balades, je n’ai pas hésité », témoigne Mame Lissa Sané, l’une des participantes. Dans la mise en œuvre de « Jigéen on Bike », des sessions de formation sont organisées chaque samedi.
Le programme fonctionne par cohorte, avec de nouvelles participantes accueillies tous les trois mois. Sur 70 participantes qui ont postulé, 30 ont été retenues pour poursuivre l’aventure lors de la deuxième édition, financée à hauteur de près de 1,5 million de FCfa. Selon Line Darla Anomerawani, représentante de « Insta Bike », cette deuxième édition a été un franc succès. « L’idée, c’est de donner aux femmes un outil de mobilité. Ce n’est pas seulement leur apprendre à faire du vélo, c’est leur permettre d’être libres de leurs déplacements, sans dépendre de la circulation ou de la voiture. Le vélo devient alors un levier d’émancipation au quotidien », a-t-elle expliqué.
Un outil d’émancipation et de liberté
Elle ajoute avoir reçu des retours positifs de la part des participantes. « Certaines ont commencé à parler du programme autour d’elles. L’une d’elles nous a dit avoir été moquée par ses cousins, mais elle est restée déterminée. La majorité des femmes qui s’inscrivent savent pourquoi elles veulent apprendre : c’est un objectif personnel. » Baye Cheikh Sow, membre de « Sama Vélo », estime qu’il est nécessaire d’intensifier la sensibilisation pour toucher un public plus large. « Nous avons mené une campagne de communication sur la pratique du vélo, appuyée par l’ambassade des Pays-Bas. Il y a aussi une campagne en lien avec les pistes cyclables du corridor Brt, même si elles restent encore peu visibles. Nous allons continuer à sensibiliser pour mieux faire connaître ces alternatives », a confié M. Sow.
Partenaire du projet, l’ambassade des Pays-Bas salue une initiative en phase avec la culture cycliste profondément ancrée en Hollande. « Ce projet nous tient à cœur pour deux raisons », explique Carmen Hagen, ambassadeur des Pays-Bas au Sénégal. « D’abord, le vélo est un mode de transport quotidien aux Pays-Bas. Ensuite, il contribue à renforcer la place des femmes et des jeunes filles dans la société, en leur donnant plus de confiance », a fait savoir la diplomate.
C’est pourquoi l’ambassade des Pays-Bas au Sénégal soutient les programmes étatiques en rapport avec la mobilité urbaine. « On a un fort lien avec le Conseil exécutif des transports urbains durables (Cetud), qui est l’agence qui a programmé tout ce qui est transport en ville à Dakar, et on a accompagné une partie de la construction d’une piste cyclable sur le Vdn à côté du Brt », soutient-elle.
Carmen Hagenaars a partagé ses observations personnelles sur les évolutions de la mobilité dans la capitale. Vingt ans après un premier séjour à Dakar, elle affirme avoir constaté des transformations notables dans les modes de déplacement, ainsi qu’une prise de conscience progressive des enjeux liés à la mobilité durable. Pour elle, de simples pédales peuvent entraîner de grands changements.
Marième Fatou DRAMÉ