Certains lutteurs sénégalais ont marqué l’histoire de ce sport par des exploits, avant de se reconvertir après leur retraite. La rubrique « Que sont-ils devenus ? » raconte leur vie d’après-carrière. Aujourd’hui : Khadim Gadiaga, président de l’écurie Rock Énergie.
Khadim Gadiaga commence sa carrière en 2001, à une époque où Pikine avait de grands champions. Avec Dolf, Mitrailleuse ou encore Zoss, il fréquente l’écurie Falaye Baldé pour apprendre les bases de la lutte sénégalaise. Mais en 2002, lassés des trajets incessants, Khadim et Mitrailleuse persuadent le regretté Demba Dia, musicien et notable du quartier, de financer la création d’une écurie locale. Ainsi naît Rock Énergie, qui marquera l’histoire de la lutte. Au sein de ce creuset de talents aux côtés de Modou Lô, Super Diamono, Talla Gaïndé et Baye Peulh, Khadim se forge un palmarès de 14 combats, pour 9 victoires contre 5 défaites.
Il s’offre des succès notables face à Alassane Sy, Ibou Fall, Lirou Diane ou Tapha Guèye 2. Mais c’est son triomphe par Ko contre le lutteur Raye Sugar, alors en pleine ascension, qui reste gravé dans sa mémoire. « C’était un combat spécial. Je suis celui qui a stoppé son envol », se souvient-il. Sa victoire sur Tapha Guèye 2 de Fass, en 2003-2004 au stade Demba Diop, fait également partie de ses fiertés. Avant de s’investir corps et âme dans l’arène, Khadim suit une formation en comptabilité et gestion grâce à Massata Ndiaye, frère de Baye Alé Ndiaye, le père de l’homme d’affaires Aziz Ndiaye. Mais malgré un stage prometteur, il choisit définitivement la lutte.
Marié un temps à une Américaine militaire aux États-Unis, il profite de ce séjour pour acquérir une précieuse ouverture d’esprit. Leader naturel, il devient secrétaire général de l’Association nationale des lutteurs du Sénégal en activité avant d’être élu président en 2012, succédant à Boy Kaïré. Il restera cinq ans à ce poste. En 2019, après la défaite de Modou Lô contre Balla Gaye 2, les lutteurs de Rock Énergie le sollicitent pour diriger leur écurie. « J’étais obligé de démissionner de mon poste de président de l’association des lutteurs. Six mois après mon élection, nous avons décroché la couronne royale », raconte-t-il avec fierté. Loin de se limiter à la lutte, Khadim s’essaie à la politique. Candidat à la mairie des Parcelles assainies en 2014, il termine quatrième, mais obtient un poste de conseiller municipal et préside la Commission des sports et loisirs. Proche de l’ex-Premier ministre Amadou Bâ, il fonde le Mouvement citoyen pour le développement des Parcelles (Mcdp), aussi appelé Mouvement And Défar Parcelles assainies de Dakar. Aujourd’hui, le lutteur devenu homme d’affaires, partage son temps entre le commerce de produits importés, la fabrication de briques et la construction de maisons entre Dakar et Touba.
Par Abdoulaye DEMBÉLÉ