«Notre objectif, c’est de gagner l’Afrobasket ». Profession de foi signée Gora Camara, pivot des « Lions » de la balle orange. « Mon rêve, c’est de remporter la Coupe du monde avec cette équipe ». Déclaration, torse bombé et crinière au vent, d’Iliman Ndiaye, milieu de terrain des « Lions » du ballon rond. En milieu de semaine dernière, à un jour d’intervalle et comme s’ils s’étaient passé le mot, ces deux vaillants ambassadeurs sportifs du Sénégal nous ont rappelé que notre basket et notre football vont vers d’alléchantes échéances. Mais chaque chose en son temps et à chaque compétition suffit sa peine.
Le foot, d’abord, a plusieurs urgences à gérer avant de penser « remporter la Coupe du monde ». À commencer, évidemment, par s’y qualifier. Et ce n’est pas les doigts dans le nez que l’équipe y parviendra. Déjà qu’à une journée de la fin de la phase aller des éliminatoires, le Sénégal ne pointe « qu »’à la 2e place de son Groupe B avec 8 points, à deux longueurs du Soudan qu’il ira défier le 22 mars courant à Benghazi en Libye. L’impératif sera de lui dicter sa loi pour lui passer devant et reprendre les commandes de la poule. Pour de bon ? On l’espère, d’autant que dans la foulée, il faudra accueillir le Togo avant, plus tard, en septembre, d’aller se coltiner chez elle, la Rd Congo (7 points), l’autre « grand » de la poule.
Plus loin encore, à cheval sur l’année en cours et celle à venir, c’est au Royaume chérifien qu’il faudra aller chercher une deuxième couronne continentale, après celle décrochée en 2022 au Cameroun. Les éliminatoires du Mondial 2026 auront alors vécu depuis la mi-octobre, et les « Lions » sauront s’ils seront ou pas du rendez-vous de « États-Unis – Canada – Mexique ». Et dans un cas comme dans l’autre, il leur faudra être à la hauteur au Maroc. Il ne suffira pas d’avoir « les talents et le potentiel », selon la formule de l’excellent joueur ambidextre d’Everton en Premier League anglaise. Sinon, le Sénégal serait aujourd’hui à la 4e place du hit-parade africain, avec 3 sacres, à égalité avec le Nigeria. Car, en plus de la Can 2021 (disputée en 2022) qu’il a remportée, il avait objectivement les ingrédients et les arguments listés par Iliman Ndiaye pour s’imposer en 2017 et 2023.
Or, il avait piteusement balisé la voie du succès final respectivement au Cameroun (en quart de finale) et à la Côte d’Ivoire (dès les huitièmes de finale). Rien à voir avec l’édition de 2019 perdue face à l’Algérie qui, honnêtement, lui était supérieure pour l’avoir battu en match de poule et en finale… Le basket ensuite qui court derrière sa 6e bague de champion d’Afrique depuis 1997 et qui rêve de rechausser la couronne continentale en août en Angola.
Chez le recordman de sacres (11) qui gagne souvent à domicile et sur les parquets où les « Lions », alors rois du continent avaient perdu leurs illusions en 1999, avec une peu honorable 7e place. Et face à des cadors du calibre de la Tunisie, vainqueur des deux dernières éditions de l’Afrobasket masculin et de la Côte d’Ivoire, vice-championne en titre. Sans oublier l’Egypte et le Nigeria. Tout un programme ! D’avoir réussi un sans-faute lors des deux fenêtres des éliminatoires de Dakar et de Rabat, face au Gabon, au Rwanda et surtout contre le Cameroun – malgré les conditions dantesques de voyage et de travail des joueurs, lors de l’étape … à domicile – peut donner des idées ; mais ne saurait constituer une indication fiable quant aux chances de tout renverser sur leur passage. Le coach principal Ngagne DeSagana Diop, pourtant connu pour sa correction, avait tapé de son gros poing sur la table et menacé même de se démettre au sortir du tournoi de Dakar. Depuis, les choses semblent s’être améliorées.
D’où l’optimisme de Gora Camara. 4e en 2015, 3e en 2013, 2017 et 2021, le Sénégal n’est en fait pas très loin de retrouver le toit de l’Afrique. Mais ce n’est pas en « équipe de quartier (…) avec ces préparations escamotées », comme s’était emporté Desagana, qu’il y parviendra. Plus prudent que son joueur, il n’avait pas promis de remporter l’Afrobasket ; il avait juste demandé « de bonnes conditions (de préparation) pour faire des résultats ».
Tout compte fait, Gora et Iliman (et au-delà tous leurs partenaires) ont raison de rêver « écrire l’histoire ». Cependant, ils ont besoin de disposer de la bonne encre. Ce qui n’est pas de leur seul ressort et exige une grosse synergie de mesures et d’actions qui a trop souvent fait défaut. Peut-être que cette fois…