En une année, le Sénégal a perdu trois titres de champion chez les « Lions », les U17 et les U20 qui viennent d’être éliminés en quarts de la Can U20. Après une période de grâce, le football sénégalais retombe dans ses travers et renoue avec la « loose ». Un nouveau déclic est attendu pour dominer à nouveau le continent africain et aller à la conquête du monde.
Il y a tout juste deux ans, le Sénégal trônait sur le football continental. Les « Lions » avaient annoncé la couleur en remportant la première Can du pays en triomphant au Cameroun en 2022. Les locaux, qui avaient échoué durant 12 ans à se qualifier à un Chan, ont marché sur les traces de la bande à Sadio Mané en allant s’imposer en Algérie. La moisson du football était loin de s’arrêter. Cette fois-ci, c’est dans les petites catégories, où le Sénégal n’avait jamais remporté de trophée, que la razzia allait se poursuivre. Avec une magnifique génération constituée de joueurs comme Lamine Camara, Pape Demba Diop, Samba Diallo, Mamadou Lamine Camara…, le Sénégal a brillé de mille feux et remporté la Can U20 en 2023, en Égypte.
Quelques mois plus tard, c’était aux U17, emmenés par Amara Diouf, d’imposer leur domination sur le continent en gagnant la Can de la catégorie en Algérie. Cette succession de succès avait placé le Sénégal au sommet du foot africain. Se maintenir au sommet était le grand défi du football sénégalais.
Cependant, la reconquête des trophées remportés s’est avérée très compliquée. Les « Lions » ont été les premiers à s’effondrer, emportant avec eux les autres catégories. Ultra favoris de la Can en Côte d’Ivoire, Sadio Mané et ses coéquipiers se sont vus éliminer par la Côte d’Ivoire en 8e de finale.
Au Maroc pour défendre leur titre de champion, les U17, auteurs d’une phase de groupe mitigée, ont été éliminés prématurément en quarts de finale par la Côte d’Ivoire (tirs au but), finalement devenue une bête noire. Le manque d’efficacité, une plaie toujours béante C’était maintenant aux U20 de mettre un terme à cette spirale négative du football sénégalais.
L’espoir était permis, car la sélection concoctée par Serigne Saliou Dia était de grande qualité avec des jeunes comme Yaya Diémé, Pape Daouda Diong, Pierre Antoine Dorival Diatta… Mais, malgré un regroupement de talents, la mayonnaise n’a pas pris. Avec un jeu décousu, des errements défensifs, un milieu sans génie et surtout une attaque en panne d’inspiration avec seulement 3 buts inscrits dont 2 sur penalty, le Sénégal n’a jamais survolé ses rencontres. Qualifiés in-extremis après un succès sur la Rd Congo (2-0), les « Lionceaux » avaient atteint leurs limites. En quarts de finale, ils se sont heurtés au géant Nigeria, encore lors de la fatidique séance de tirs au but.
En l’espace de deux ans, tout ce qui faisait la force des petites catégories avec cette insouciance, ce talent pur, des buts à la pelle avec des joueurs affamés qui avaient envie de prouver à la face du monde semble s’être étiolé. Selon Vieux Ba, l’ancien coach du Stade de Mbour, les vieux démons du manque d’efficacité ont encore ressurgi pour écourter le parcours des juniors sénégalais.
« Collectivement et individuellement, beaucoup de joueurs étaient attendus, surtout les renforts qui nous viennent d’Europe comme Yaya Diémé, Dorival Diatta, Pape Daouda Diongue, Clayton Diandy… Cela a été une véritable déception », regrette-t-il. Selon le technicien, « si on analyse le parcours de cette équipe, on verra qu’en 4 matches, on n’a inscrit que 3 buts. Cela vient confirmer les soucis du football sénégalais au niveau de l’efficacité offensive.
C’est un axe sur lequel la Direction technique nationale doit faire une évaluation. Ce manque d’efficacité commence à devenir une vraie plaie ». Poursuivant, il a estimé qu’il y avait aussi un problème sur le choix des joueurs sélectionnés.
« C’était difficile de ne pas partir sans certains éléments qui ont de l’expérience et qui jouent à un niveau qu’on pourrait assimiler à un niveau supérieur, mais c’est un leurre. Certains des expatriés jouent en U19 ou sont remplaçants dans leurs clubs. Ils ont un problème de rythme et de réadaptation au football africain. Cela les a poursuivis durant tout le tournoi. Ce qui fait qu’ils sont passés à côté de leurs pompes », a ajouté Vieux Ba. Face à cette situation, il urge de trouver des solutions pour stopper l’hémorragie, car le Sénégal a encore de grands rendez-vous devant lui.
En septembre, les « Lions » auront des affiches très décisives contre le Soudan et la Rd Congo, en éliminatoires du Mondial 2026. L’occasion d’enclencher une nouvelle dynamique avec une qualification. Les locaux, qui sont les seuls à détenir encore leur trophée après l’échec des « Lions », des U20 et des U17, iront le défendre en Tanzanie, en Ouganda et au Kenya. En fin décembre 2025, le Sénégal sera au Maroc pour reconquérir le titre de champion perdu en Côte d’Ivoire.
Julien Mbesse SÈNE