Au Maroc, en tant que membre de la commission Football des jeunes au niveau de la Caf, le 2e vice-président de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), Abdoulaye Saydou Sow, a analysé sans complaisance la débâcle des « Lionceaux » à cette 15e édition de la Can U17 où le Sénégal a été éliminé prématurément en quart de finale. Dans cet entretien, accordé au quotidien national « Le Soleil », le maire de Kaffrine, par ailleurs président de l’As Kaffrine (L2), revient sur la campagne des protégés de Pape Ibrahima Faye. Il évoque aussi la prochaine assemblée générale de la Fsf qui alimente tous les débats.
Président, qu’est-ce qui explique votre présence au Maroc depuis le début de la Can U17 ?
Je suis au Maroc depuis le 28 mars dernier en tant que membre de la commission Football des jeunes au niveau de la Caf. Comme vous le savez, depuis le renouvellement des instances de la Caf, je suis aux côtés du Djiboutien Souleymane Waberi, président de ladite commission. Lors des dernières compétitions africaines, je n’avais pas suffisamment de temps pour prendre part aux travaux, notamment dans l’organisation et la coordination. J’ai tout de même assisté à pas mal de finales que l’équipe nationale a disputées. Maintenant que j’ai moins de charges, même si je suis toujours maire de Kaffrine et administrateur civil, je suis venu tout naturellement sous ma casquette de membre de la commission Football des jeunes pour organiser les matchs. C’est une grande confiance placée en ma personne, une fierté pour moi, mais aussi pour le football sénégalais.
Le Sénégal, champion d’Afrique en titre, a été éliminé en quart de finale par la Côte d’Ivoire. Peut-on parler d’échec ?
En tant que champion d’Afrique en titre, le Sénégal devait au moins atteindre les demi-finales de cette Can. Ce qui n’a pas été réalisé. Donc, on ne peut qu’être animé par un sentiment d’échec. En tenant compte de tous les paramètres, on doit reconnaître que c’est une véritable débâcle, car le Sénégal n’a pas su tenir son rang. Mais, à mon avis, c’est depuis la phase de groupe qu’on a failli. Le Sénégal était favori, mais est sorti deuxième derrière la Tunisie qui, je le signale, n’est pas un foudre de guerre en U17. Pour un champion en titre, ce n’est pas quelque chose de rassurant.
D’aucuns fustigent le choix des joueurs pour cette campagne. Quelle lecture faites-vous de ces critiques ?
En football de petite catégorie, gagner des titres est important. Mais, à mon avis, les sélections de jeunes servent surtout à préparer l’avenir. Si on analyse les prestations de nos «Lionceaux», on se rend compte que nous n’avons pas pris de but dans cette compétition. Une performance qu’on est la seule équipe du tournoi à avoir réalisée. C’est vraiment à saluer. Mais il est aussi paradoxal, en revanche, que l’attaque n’ait pas marché. Donc pour moi, il faut surtout revoir nos méthodes de sélection, sur quels critères se base-t-on pour sélectionner les jeunes ? Nul n’a le monopole de la vérité. Il ne faut pas tout centraliser sur certaines académies. Tous les Sénégalais doivent être d’égales chances pour représenter le pays. Qu’on évalue les meilleurs en donnant les moyens aux entraîneurs pour leur permettre d’aller dénicher les talents partout où ils se trouvent ! Aujourd’hui, la Direction technique nationale doit tirer les enseignements nécessaires de cette campagne pour mieux envisager l’avenir. Tirer les conséquences de cet échec pour rester au sommet au niveau des catégories de jeunes.
L’Assemblée générale de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) suscite beaucoup de bruits, avec notamment la dernière sortie du président Augustin Senghor. En tant que 2e vice-président, quelle lecture faites-vous de la situation ?
C’est toujours comme ça à chaque veille d’élections au niveau de la Fédération. Les spéculations vont toujours bon train. Mais je salue la sortie du président Augustin Senghor par rapport à la date de l’Assemblée générale. C’était impensable de repousser les élections. Ç’aurait plongé notre football dans une crise sans précédent. Heureusement qu’il a coupé court aux rumeurs. Personnellement, je n’étais pas d’accord qu’on prolonge mon mandat. Car le plus important, c’est notre football. Le moment venu, Augustin Senghor consultera sa base. Après, quoi qu’il arrive, on saura à quoi s’en tenir. J’aurais préféré le « Mankoo» (l’unité), même si « Mankoo » ne veut pas forcément dire que tout le monde sera d’accord. Ici, tout le monde se vaut, ce ne sont pas les personnes qui font du football, mais des structures fortes. Je vois que certains se trompent de cibles et tentent d’amadouer des influenceurs et autres tik-tokeurs. Ce sont les clubs et groupements affiliés qui votent, ça ne se décidera pas au niveau des suffrages universels.
Propos recueillis par Papa Alioune NDIAYE (Envoyé spécial au Maroc)