Parmi les grandes favorites de la compétition, l’équipe féminine de basket du Sénégal s’est inclinée samedi, au Palais des Sports de Treichville, au pire des moments : aux portes de la finale de l’Afrobasket féminin Fiba 2025. Elle n’a pas réussi à relever la tête contre le Soudan du Sud (66-65), dimanche, lors de la petite finale. Le Sénégal, qui rate la marche pour décrocher le bronze, a subi une vraie désillusion dans cette compétition. Une première sans médaille depuis 2021 au Cameroun : un vrai échec des « Lionnes ».
ABIDJAN – Désireuses de mettre fin à une attente de dix ans pour remporter le trophée continental après avoir perdu trois des quatre dernières finales contre le Nigéria, les « Lionnes » ont subi une grosse désillusion lors de cet Afrobasket féminin Fiba 2025. Après un revers contre l’Ouganda et trois sorties convaincantes contre la Guinée, le Rwanda et la Côte d’Ivoire, les Sénégalaises ont connu la défaite au pire des moments. En demi-finale, contre le Nigéria (75-68), au terme d’un scénario qui laissera sans doute d’immenses regrets aux coéquipières de Cierra Dillard. Privée de la finale continentale par le Nigéria, l’équipe du Sénégal n’a pas réussi à relever la tête contre le Soudan du Sud (66-65) lors de la petite finale. Les « Lionnes » manquent le podium pour la troisième fois en 26 éditions. Elles avaient échoué lors de la première édition en 1966 et en 2021 au Cameroun, terminant quatrièmes à chaque fois. Elles auront matière à réflexion, car elles n’ont pas encore retrouvé leur domination d’antan.
Et pour sa première campagne avec le Sénégal, le coach américain Otis Hughley Jr rentre sans médaille. Après avoir vu son équipe se déliter lors de la petite finale contre le Soudan du Sud, le sélectionneur a fait part de sa déception en conférence de presse. « Cela fait deux matchs d’affilée que certaines choses nous ont été défavorables, contre le Nigéria et contre le Soudan du Sud. Alors moi, je me pose la question de savoir si on a mal fait d’avoir éliminé la Côte d’Ivoire parce que ce n’est pas possible qu’on fasse de la politique dans un championnat tel que l’AfroBasket. J’aime l’Afrique, je travaille en Afrique depuis longtemps, mais j’estime que l’Afrique mérite mieux que ça », a-t-il fait savoir face à la presse. Selon lui, on ne peut pas décider du sort d’un match à partir de certaines considérations qui ne sont pas sportives. « Mes joueuses se sont battues et je pense que leurs efforts n’ont pas été récompensés par la politique. Il y a eu beaucoup de bonnes choses qui ont été faites dans ce tournoi concernant l’arbitrage. Malheureusement, il y en a de moins bonnes et qui ont décidé du sort de mon équipe. Je respecte beaucoup le Nigéria qui est une grande équipe, la Côte d’Ivoire joue également bien, mais certaines décisions ont pénalisé mon équipe », avait noté l’ancien coach du Nigéria.
Le sélectionneur insiste par ailleurs sur un fait : 9 des 12 joueuses sénégalaises effectuaient leur premier AfroBasket. Une nouvelle et jeune équipe qui, d’après lui, va grandir d’ici les années à venir: « Pour le Mali, tout le monde est revenu. Pour le Nigéria, l’équipe n’a non seulement pas bougé, mais elle est habituée des grandes compétitions internationales. La Côte d’Ivoire est, certes, une nouvelle équipe mais talentueuse. Par contre, nous sommes au début d’un projet avec de nouvelles joueuses qui ont besoin de ce genre de compétition pour grandir ».
Cierra Dillard, la grande satisfaction
À la question de savoir si ce résultat est un échec ou un fiasco, Otis Jr répond d’un ton protecteur : « Il ne faut pas blâmer mes joueuses, je suis le seul responsable de ce résultat ». En fait, quatrièmes du classement général, les « Lionnes » sont loin de leurs ambitions de titre. Leur pire résultat depuis l’AfroBasket féminin 2021 au Cameroun. Et selon les observateurs, le Sénégal a failli dans tous les domaines de son basket avec une attaque stéréotypée et un laxisme inhabituel en défense. Entre une phase de poules pas très convaincante, une victoire en huitième contre le Rwanda et une autre en quart de finale contre la Côte d’Ivoire, une démonstration en demi-finale puis une nouvelle leçon du Nigéria, on peut dire que les Sénégalaises ont complètement raté leur tournoi.
C’est clairement la Sénégalaise la plus solide de l’AfroBasket féminin 2025. Parmi le Top 5 de Fiba, la meneuse Cierra Dillard a prouvé, lors de cette compétition, l’impact qu’elle peut avoir dans l’équipe. Avec sa capacité à shooter de loin, mais également à jouer dos au cercle, la meneuse des « Lionnes » propose une palette d’options. Leader incontestée, Cierra Dillard a fait tout son possible pour aider le Sénégal à battre le Nigéria pour la première fois depuis 2011. Avec 26 points, sept rebonds et trois passes décisives, elle a été désignée meilleure joueuse du match. « Je suis déçue de moi-même et de ma performance pour avoir poussé mon équipe.
J’aurais dû faire preuve d’un meilleur leadership », avait-elle fait savoir, presque en larmes. Et d’ajouter : « Je n’étais pas fatiguée, je suis même en colère pour ma performance. J’aurais pu être meilleure pour l’équipe. Personnellement, je suis très fière de moi et de mon équipe ». La meneuse des « Lionnes » avait révélé qu’elle revenait d’une grave blessure : une rupture des ligaments croisés survenue en décembre dernier. « J’ai eu six mois pour me rétablir afin de tout donner pour le Sénégal. Certains ne savent pas les efforts que j’ai faits pour être présente à cet AfroBasket. Je n’imaginais pas participer à ce tournoi avec le Sénégal, parce que je n’arrivais même pas à marcher. J’ai tout donné pour être là et j’ai tout donné pour le pays, pour mes coéquipières, pour ma famille et pour moi-même ».
Pour Cierra Dillard, l’équipe s’est battue jusqu’au bout. « Les joueuses traversent des épreuves difficiles. Et ce n’est pas seulement à cause des ennemis ou des critiques. Elles traversent des épreuves difficiles et se battent tout le temps. Donc, je n’abandonne jamais avec le Sénégal, car cette équipe s’est battue, mon entraîneur s’est battu aussi ». Dans tous les cas, son tournoi est totalement réussi et, à 29 ans, elle a tout pour s’imposer comme un leader des « Lionnes » pour les compétitions à venir.
De notre envoyée spéciale à Abidjan, Absa NDONG