Il était un élégant arrière droit et il est sur la bonne voie pour devenir un très grand entraîneur. Habib Beye vit un rêve éveillé depuis qu’il a rejoint le Stade Rennais. En 19 matchs sur le banc des Rouge et Noir, il a gagné dix fois, perdu huit fois et partagé les points une seule fois. Des statistiques encourageantes, de la discipline imposée et du très beau jeu, il réussit ses débuts en Bretagne.
Son arrivée sur le banc de Rennes a fait couler beaucoup d’encre, mais il n’a pas tardé à mettre tout le monde d’accord. Habib Beye a pris les rênes d’un club qui vivait les pires moments de son histoire. Tout était rouge comme leur maillot. Il a succédé à deux coachs qui avaient été licenciés entre août 2024 et janvier 2025. Habib a récupéré le club alors que, si la saison s’était terminée le 25 janvier 2025, Rennes aurait joué les barrages de relégation. Les Bretons occupaient la 16e place du classement. Un chaos total pour l’un des clubs français les plus mythiques.
Pourtant, il lui avait été difficile de trouver un club malgré ses prouesses extraordinaires avec le Red Star. Habib Beye était au chômage depuis son départ du club francilien. Il devait prendre les commandes du FC Metz, mais à une condition: que l’équipe évolue en Ligue 1. Malheureusement pour les deux camps, Metz a perdu les barrages face à Saint-Étienne et a donc dû évoluer en Ligue 2. Un accord de principe avec le Red Star l’empêchait de diriger un club de Ligue 2. Fidèle à sa promesse, il a préféré rester sans poste car aucun club de Ligue 1 ne semblait vraiment intéressé.
La chance tant attendue
Le 26 janvier, il reçoit un coup de fil. Frederic Massara l’appelle pour lui proposer le poste d’entraîneur du Stade Rennais, qui venait de se séparer de Jorge Sampaoli pour « mauvais résultats ». Il s’agissait d’un contrat de six mois, avec pour mission de maintenir le club en Ligue 1.
Une opportunité en or qu’il a saisie. Habib prend en main une équipe malade, démotivée, démoralisée, qui enchaînait les mauvais résultats. Une équipe dont les supporters ne venaient plus au stade. Il y avait du pain sur la planche. Il ne restait que quelques jours avant la fermeture du mercato. Habib voulait tout de même injecter du sang neuf dans son effectif. Mais il découvre aussi une équipe au plus bas financièrement. Pour recruter, il fallait vendre.
Le directeur sportif se résout alors à céder deux des meilleurs joueurs : Amine Gouiri à l’Olympique de Marseille et Arthur Theate à Francfort, ainsi que Joao Pedro Jota au Celtic. Ces trois transferts rapportent 42 millions d’euros. Des fonds suffisants pour recruter quelques joueurs et préparer le mercato estival, car il est difficile d’attirer de bons profils en hiver.
Rennes parvient quand même à recruter l’attaquant japonais Kyogo Furuhashi, auteur de 12 buts en première moitié de saison avec le Celtic. S’ajoutent Lilian Brassier et Ismaël Koné en prêt, ainsi que Kazeem Olaigbe, Musa Al-Tamari et Anthony Rouault en transferts définitifs. De quoi jouer le maintien. Le technicien sénégalais a ensuite su trouver les bons mots pour tirer le meilleur de ses joueurs, remotiver tout le vestiaire et sortir le club de cette situation.
Et il a bien réussi ! Habib Beye démarre sa nouvelle aventure par un succès important face à Strasbourg (1-0), alors que les Alsaciens étaient en pleine forme grâce à leurs nombreuses pépites. L’équipe jouait mieux. Il met en place un système en 3-4-3 avec un pressing très haut.
Il éloigne rapidement l’équipe de la zone rouge et accomplit sa mission. Le Stade Rennais termine à la 12e place du classement. Les dirigeants décident alors de le conserver et de construire avec lui l’avenir du club. Son contrat est prolongé.
Nouvelle saison, des objectifs plus grands
Après avoir accompli sa mission de maintenir l’équipe en Ligue 1, Habib doit maintenant préparer la saison 2025-2026 avec des ambitions plus élevées. Et cela passe par un bon mercato. Rennes se sépare de son directeur sportif Frederic Massara. Loïc Désiré, une légende du club, prend le relais avec la volonté de donner à Habib Beye les joueurs nécessaires pour viser le haut du tableau et une place européenne.
Rennes réalise un mercato XL. Des joueurs comme Valentin Rongier, Breel Embolo, Esteban Lepaul, Mahdi Camara, Przemysław Frankowski ou encore Quentin Merlin rejoignent l’effectif. Certes, ils ne sont pas des joueurs de classe mondiale, mais ils sont suffisamment talentueux pour aider l’équipe à viser l’Europe cette saison.
L’aventure démarre bien. En quatre matchs, le Stade Rennais a gagné deux fois, s’est incliné une fois et a fait un nul. Ils ont déjà récolté trois cartons rouges depuis le début de la saison, dont deux contre Lorient, les obligeant à évoluer à neuf dès la 11e minute, ce qui explique la lourde défaite face aux Merlus (4-0). On voit quand-même un nouveau visage de Rennes cette saison. Les Rouge et Noir occupent actuellement la sixième place du classement. Mais il n’y a pas de limite pour Habib qui vise plus haut.
QI foot et tactique
Tout le monde le sait : Habib Beye est fait pour le football. Il connaît ce sport, il le vit. Sa grande connaissance lui avait déjà permis d’être un excellent joueur, puis l’un des meilleurs consultants chez le groupe Canal +, avant de se lancer dans une carrière d’entraîneur prometteuse. C’est ce qui lui a permis de réussir au Red Star, où il a construit une équipe solide et attractive, avec un jeu séduisant, jusqu’à la montée en Ligue 2.
Avec Rennes, il poursuit sur cette voie. Habib a donné un nouveau souffle à une équipe à l’agonie. Il a amélioré les performances tout en proposant du beau jeu. Et même quand Rennes perd, c’est toujours avec la manière.
La discipline, son arme
Habib Beye impose une discipline stricte dans les vestiaires rennais. Pour lui, tout commence par là. Il est à la fois un coach, un éducateur, un tonton, un papa pour ses protégés. Mais il ne tolère pas l’indiscipline, les retards ni les absences injustifiées. Cette saison, il a écarté du groupe des joueurs pourtant importants, pour avoir manqué à ses règles. Musa Al-Tamari, l’un de ses meilleurs éléments, n’a pas été convoqué lors du déplacement à Lorient car il était arrivé en retard. Son compatriote sénégalais Mikayil Ngor Faye a lui aussi été écarté lors du match face à l’OM, en ouverture du championnat.
Habib y tient. Il veut des joueurs disciplinés, car c’est essentiel pour aller loin et faire de bonnes choses. De joueur élégant à entraîneur prometteur, Habib Beye écrit à Rennes un nouveau chapitre qui pourrait bien marquer durablement l’histoire du club. Sauver, reconstruire et bientôt conquérir, l’aventure de Habib Beye ne fait que commencer et une belle histoire l’attend.