La lutte sénégalaise s’apprête à vivre un tournant décisif de son histoire. Pour la première fois, cette discipline profondément ancrée dans la culture nationale va disposer d’une Fédération sénégalaise de lutte (FSL) pleinement structurée, en lieu et place du Comité national de gestion (CNG), en fonction depuis les années 1990.
Cette évolution, longtemps réclamée par les acteurs du milieu, prend forme grâce à l’impulsion donnée par la ministre des Sports, Khady Diène Gaye. Depuis son arrivée, elle n’a cessé de poser des actes concrets pour moderniser et réguler ce sport. Parmi les mesures phares, figure l’instauration d’un respect strict des horaires des combats, pour mettre fin aux débordements souvent décriés. Mais l’étape majeure reste sans conteste la mise en place effective de la Fédération, désormais encadrée par un calendrier clair et détaillé.
Une structuration en quatre phases
Conformément à l’arrêté n°027698 du 31 octobre 2024, le processus se déroule en quatre phases selon un communiqué rendu public à cet effet : structuration de base, cadrage juridique, structuration territoriale et enfin structuration nationale de la Fédération.
1. Structuration de base (31 juillet – 8 août 2025)
Cette phase initiale vise à recenser les associations et écuries actives, en tenant compte des règlements définis par le CNG. Une liste provisoire est publiée le 4 août, avec un délai de recours jusqu’au 8 août. La liste définitive est attendue le 12 août.
2. Cadrage juridique national (12 – 24 août 2025)
Les comités régionaux interviennent pour recueillir les observations sur le projet de règlements intérieurs et de statuts. Ce processus participatif doit aboutir à la validation des textes juridiques de la future FSL.
3. Structuration territoriale (1er – 28 septembre 2025)
Le 1er septembre, les services concernés publient la liste provisoire des structures électrices (associations, écuries et groupements), à tous les niveaux. Après examen des réclamations, le corps électoral définitif est rendu public le 10 septembre. Suivront les assemblées générales électives des districts (11-21 septembre), puis celles des ligues régionales (20-28 septembre), sous supervision des services déconcentrés du ministère des Sports.
4. Structuration de la Fédération nationale (15 septembre – 8 novembre 2025)
Les candidatures aux postes de direction seront déposées entre le 15 septembre et le 3 octobre. Une liste provisoire sera publiée le 6 octobre, avec un délai de réclamations prévu jusqu’au 13 octobre. La liste définitive des candidats sera rendue publique le 15 octobre. Le processus culminera le 8 novembre 2025 avec la tenue de l’Assemblée générale élective de la FSL, qui marquera officiellement la naissance de l’instance fédérale.
Une volonté politique assumée
Khady Diène Gaye est en passe de réussir là où ses prédécesseurs ont échoué. En plus de sa fermeté sur la régulation du calendrier des combats, elle a su enclencher un chantier institutionnel complexe, attendu depuis plusieurs décennies. Sous son impulsion, le sport national de la lutte pourra enfin disposer d’une gouvernance fédérale démocratiquement établie, avec des représentants élus à tous les niveaux.
Les acteurs du monde de la lutte – managers, promoteurs, lutteurs, journalistes spécialisés – saluent ce progrès majeur, symbole de transparence, de modernisation et d’autonomisation de la discipline.
Cheikh Gora DIOP