Le match de gala opposant l’Amicale des travailleurs de la Sspp Le Soleil à la presse locale de Saint-Louis, le 13 avril dernier, a été arbitré par un trio de trois jeunes dames Maïmouna Wade, Khady Diagne et Mané Thiam. Leur fourchette d’âge est comprise entre 18 et 26 ans. Elles rêvent toutes de faire une carrière internationale dans l’arbitrage à l’image de l’ancien international, Malang Diédhiou.
En les voyant sur la pelouse du stade Mawade Wade avec leur petite taille, le plus novice en football pourrait croire que Maïmouna Wade, Khady Diagne et Mané Thiam sont des pom-pom girl (supportrices en anglais). Loin de là, le trio féminin est bien là pour arbitrer le match de gala opposant l’équipe du « Soleil » à la presse locale de Saint-Louis. Les joueurs et supporters des deux camps ont cru avoir affaire à des non initiées ou bleues. Certains semblent même parler à de petites filles faciles à amadouer. Mais, Maïmouna Wade, Khady Diagne et Mané Thiam sont restées professionnelles jusqu’au coup de sifflet final. Car, les trois arbitres sont habituées aux remarques sexistes. Combien de fois Maïmouna Wade n’a-t-elle pas entendu : « allez faire la cuisine au lieu d’arbitrer comme un homme ; vous êtes une fille ». Outre les stéréotypes, Mounass subit également des railleries et autres moqueries. Comme celui de ce garçon qui lui lance lors d’un match : « arbitre, tu ressembles à un vendeur de mayonnaise ». Mais la jeune fille à la noirceur d’ébène est toujours restée imperturbable. Au contraire, elle en rigole toujours. Car, la passion qu’elle nourrit pour l’arbitrage l’aide à surmonter les obstacles. Une passion née dans les années 2015-2016. Alors qu’elle accompagne souvent ses frères au stade pour voir des matches, elle tombe un jour sur une arbitre. C’est le déclic pour la titulaire d’une licence en gestion des entreprises et en produits halieutiques. « Je me suis dit, pourquoi pas moi et que j’étais même capable de faire mieux qu’elle », confie celle que l’on surnomme « l’assistante du peuple ».
Et c’est avec les encouragements de ses frères qui ont vaincu les réticences de sa défunte mère que Maimouna Wade continue de faire son bout de chemin. Rien qu’en 2024, elle a participé aux phases nationales des Navétanes à Diourbel. « Je faisais partie des arbitres qui ont officié lors de la finale cadette. Mais également de ceux qui ont officié la finale D2 foot féminin en 2023 au stade Lat Dior de Thiès », dit-elle fièrement. Membre de la ligue de la Commission régionale des arbitres de Saint-Louis depuis 2020, son rêve est de devenir arbitre international de la Fifa. Ce rêve, Maïmouna Wade le partage avec Khady Diagne, l’arbitre centrale du match. La jeune fille de 26 ans a également subi l’influence familiale, notamment celle de son père qui jouait aux Navétanes. Contrairement au pater, la férue de sport tient le sifflet en tant qu’arbitre centrale après avoir été basketteuse. Mais depuis deux ans, elle dirige des matches de football jusqu’à son recrutement comme professeur de sciences physique grâce à son Master en éducation physique et sportive (Eps). En attendant, Khady Diagne continue d’arbitrer en dépit des remarques sexistes et des violences qui émaillent certains matches. « Sur le terrain, on essaie de se comporter comme des militaires, car il faut vraiment être ferme pour pouvoir faire face aux hommes », dit-elle. Et cela, Mané Thiam l’a compris malgré son jeune âge. A cause de sa petite taille, l’élève de 18 ans en classe de Première L2 au Lycée Charles de Gaulles de Saint-Louis subit quolibets et même insultes. « Parfois, des garçons se mettent à me critiquer en me traitant de nulle en pensant que je n’ai pas d’expérience », dit-elle, sourire en coin. Mais, en vivant sous l’ombre d’un père arbitre devenu inspecteur, la jeune Mané est devenue arbitre depuis deux ans. Tout comme ses deux coéquipières, elle espère un jour devenir arbitre international.
Par Fatou SY