C’est avec fierté que le coach Mame Moussa Cissé revient sur la récente qualification de l’équipe nationale féminine de féminine de football à la Can « Maroc 2026 ». Cela, après un parcours parsemé d’embûches. Fort d’une préparation méthodique et d’un travail d’équipe rigoureux, il évoque l’équilibre entre l’expérience des anciennes et la montée en puissance des jeunes talents, ainsi que les défis spécifiques rencontrés face à un adversaire de qualité.
Quel sentiment vous anime après la qualification du Sénégal à la Coupe d’Afrique des nations féminine ?
C’est un sentiment de grande fierté d’avoir pu relever ce défi. Après le match nul concédé à domicile contre la Côte d’Ivoire, beaucoup de personnes avaient perdu espoir par rapport à la qualification. Mais le groupe n’a jamais douté de sa capacité à aller l’arracher dans la difficulté chez l’adversaire. Je félicite les filles pour cet état d’esprit conquérant.
Quelles ont été les clés de ce succès ?
La connaissance de nos forces et faiblesses, mais surtout un travail sérieux, planifié et méthodique basé sur nos capacités à faire face aux exigences sans cesse croissantes du haut niveau. Nos filles ont appris à travailler dans l’humilité et la résilience et cela fait qu’elles sont dotées aujourd’hui d’une mentalité qui leur permet de faire face à toutes les épreuves.
En quoi cette qualification confirme-t-elle la montée en puissance du football féminin au Sénégal ?
La régularité et la constance sont les baromètres les plus fiables pour évaluer une performance. Après 10 ans d’absence, nous nous sommes fixés comme premier objectif de ne plus rater de rendez-vous et jusqu’à présent on l’a réussi par la grâce de Dieu. Aujourd’hui, la qualification à une Can semble banale et normale : cela montre le niveau atteint par notre football féminin qui ne cesse de croître lentement mais sûrement vers le sommet du football africain.
Quels objectifs vous fixez-vous avec cette équipe qui progresse constamment ?
Après deux Can et deux quarts de finale, nous visons les demi-finales et une qualification au prochain mondial. Ce groupe a l’étoffe pour y parvenir et avec un accompagnement conséquent, il y a des chances d’y arriver.
Quels ont été les défis lors de cette dernière campagne de qualification ?
On a rencontré la Côte d’Ivoire, un adversaire de grande qualité qui avait envie de revenir à la Can après 11 ans d’absence et qui avait mis beaucoup de moyens pour parvenir à ses fins. L’autre défi était d’aller chercher la qualification chez l’adversaire après un match nul à domicile. Le troisième et dernier défi était que notre championnat n’avait pas encore repris et nos filles qui sont à l’extérieur étaient en début de championnat : cela s’est ressenti surtout au match aller où on a eu quelques difficultés à trouver les bons automatismes pour perforer le bloc adverse et marquer au moins un but.
Comment avez-vous réussi à maintenir la motivation et la cohésion du groupe sur le long terme ?
Je me suis appuyé sur l’expérience des anciennes pour intégrer progressivement les plus jeunes. Avec mon staff, j’ai pu installer un environnement propice d’apprentissage centré sur les joueuses et basé sur leurs besoins et leurs qualités. On a su aussi instaurer une concurrence positive ayant pour soubassement la compétitivité et la performance de l’heure. Cela a fait que certaines anciennes se sont parfois retrouvées sur le banc, mais elles l’ont accepté et ont même motivé les plus jeunes.
La nouvelle génération a-t-elle pleinement trouvé sa place dans cette équipe désormais expérimentée ?
Si vous regardez l’équipe de plus près, vous verrez que les jeunes joueuses prennent du galon et sont même souvent titulaires : Adji Ndiaye (18 ans), Aïssatou Fall (17 ans), Wolimata Ndiaye (20 ans) et tant d’autres cheminent avec assurance auprès des anciennes comme Mama, Nguénar et Awa Diakhaté. Pour moi, les seuls critères qui vaillent sont le talent et la compétence.
Quels enseignements tirez-vous de ces trois qualifications consécutives pour préparer la suite, notamment la Can et les échéances mondiales ?
Rien n’est définitivement acquis et qu’il faut se remettre tout le temps en question. Aujourd’hui, de grandes nations comme le Cameroun, l’Égypte et la Côte d’Ivoire ont de la peine pour retrouver leur niveau d’antan. Il ne faut surtout pas dormir sur ses lauriers. En côtoyant les meilleurs, nous nous sommes aguerris et avons progressé. Il faut continuer sur cette voie.
Comment envisagez-vous l’évolution du projet « football féminin au Sénégal » au-delà de ces succès sportifs ?
Nous avons des sélections de jeunes qui travaillent bien et fournissent à la sélection A des joueuses talentueuses. Le championnat est régulier et les clubs se structurent et mettent des moyens importants pour être performants; ce qui élève le niveau de jeu de nos filles. Il nous faut arriver à la catégorisation du championnat et à trouver des sponsors pour les clubs. Avec une meilleure vulgarisation, le football féminin sénégalais peut atteindre un niveau insoupçonné d’ici peu.
Quelles sont les perspectives ?
Il faut bien préparer la Can 2026 prévue, en mars prochain, au Maroc. Pour ce faire, il me faut jouer des matches amicaux sur la fenêtre Fifa du mois de novembre et se mettre vite en regroupement pour espérer créer la surprise.
Entretien réalisé par Fama NDIAYE

