Certains lutteurs ont marqué l’histoire par leurs exploits sportifs, avant de se reconvertir après leur retraite. La rubrique « Que sont-ils devenus ? » raconte leur vie d’après-carrière. Aujourd’hui : Omar Mbaye dit Mansour Diop 2.
C’est en 2004-2005 que Mansour Diop 2 fait ses premiers pas dans la lutte sénégalaise à Diamaguène, son quartier natal, où il est né et a grandi. Pensionnaire de l’école de lutte Les Tigres de Mbaye Guèye, il a rapidement montré des qualités techniques remarquables qui le démarquaient de ses pairs. Après plusieurs années sous la direction du premier Tigre de Fass, il a pris son indépendance pour fonder, avec d’autres passionnés comme Ndick Fall, l’écurie Diamaguène Sicap-Mbao. Reconnu pour sa maîtrise technique, Mansour Diop 2 s’est imposé comme l’un des meilleurs lutteurs de sa génération. Au total, il a disputé 13 combats, remportant 8 victoires et enregistrant 5 défaites.
Parmi ses succès, il a notamment battu des athlètes de renom tels que Tapha 3, Fifty Cent, Cargo de Pikine ou Bassirou Souaré, tandis que Bébé Saloum, An 2000 et Zarco ont eu raison de lui. Son parcours a débuté par une sortie difficile face à Socé, aujourd’hui coach adjoint de l’écurie Fass. La fin de sa carrière survient en 2012 après une défaite contre Zarco de Grand Yoff. « Je suis un enfant de Diamaguène. Lors de ce combat, je savais que j’étais plus fort que lui, mais il m’a surpris et m’a terrassé. Tous mes proches s’attendaient à ma victoire, mais ce revers m’a profondément marqué. J’ai alors choisi de quitter mon quartier pour m’installer à Mbour et me consacrer à la boulangerie », raconte-t-il. Cette reconversion n’est pourtant pas venue par hasard. En 1995, Mansour Diop 2 avait déjà commencé à se former au métier de boulanger auprès de son cousin, Dame Mangara. Après plusieurs années d’apprentissage, il avait acquis un savoir-faire reconnu, ce qui lui a permis d’être engagé en 1999 par Souhaïbou Diop, propriétaire de boulangeries à Keur Massar et à Mbour. Sa mission consistait à lancer l’activité et attirer la clientèle grâce à son professionnalisme.
Fort de ces expériences, il s’est installé à Mbour, où il a loué des boulangeries entre 2016 et 2018. Cette activité lui a permis de générer un capital conséquent, qu’il a investi dans l’achat de terrains, dont l’un lui a rapporté des millions de FCfa. Cette somme a servi à construire le complexe qu’il dirige aujourd’hui. Dans son complexe, Mansour Diop 2 gère la boulangerie et la pâtisserie, tandis que sa femme dispose d’un espace dédié à la vente de vaisselle. Mais son ambition va bien au-delà de la simple activité commerciale. « Mon objectif est de faire de ce complexe un centre de formation payant, mais accessible, pour tous les jeunes désireux d’apprendre le métier de boulanger comme moi », explique-t-il. Par ce projet, Mansour Diop 2 illustre parfaitement la transition réussie d’un champion de lutte vers un entrepreneur déterminé, prêt à partager son expérience et à offrir des perspectives à la jeunesse de son pays.
Par Abdoulaye DEMBÉLÉ