Candidat à la présidence de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), El Hadji Oumar Ndiaye propose un programme de rupture basé sur la justice, la transparence et le développement des clubs de base. Dans cet entretien, il dévoile les grandes lignes de son projet de « redonner au football sénégalais sa dignité ».
Vous êtes candidat à la présidence de la Fédération sénégalaise de football. Sur quoi repose votre programme ?
Je veux simplement rendre au football sénégalais ce qu’il m’a donné. J’ai été joueur, j’ai été dans les clubs, dans la Ligue aussi. À 65 ans, je veux mettre mon expérience au service du pays pour faire mieux. Le football, c’est une passion, et je veux qu’il soit géré autrement, parce que je crois qu’il a besoin de respirer. Il faut repartir sur des bases justes, inclusives et plus proches des réalités locales. Trop de clubs souffrent en silence, beaucoup d’acteurs sont oubliés. Moi, je suis le candidat de ceux-là, des passionnés qu’on ne voit pas, mais qui font vivre le ballon. Ma vision est de bâtir une fédération juste, équitable et en adéquation avec les réalités locales. Je pense que le football sénégalais doit être réconcilié avec ses bases, notamment les clubs de quartier, les régions oubliées et les acteurs souvent marginalisés. C’est pourquoi je propose une gouvernance transparente, solidaire et structurée à tous les niveaux. Mon programme s’appuie sur cinq piliers et sur mes cinquante années d’engagement sportif. Il concerne le renforcement des clubs, la réforme des compétitions, la valorisation des sélections nationales, la gouvernance et la diversification des ressources.
Chaque mesure que nous allons prendre sera chiffrée et planifiée. Tout cela vise à garantir l’équité entre les acteurs. Pour cela, nous comptons octroyer des subventions annuelles fixes : 50 millions de FCfa pour les clubs de Ligue 1, 30 millions de FCfa pour ceux de Ligue 2, 15 millions de FCfa pour les divisions régionales et 10 millions de FCfa pour les districts. Il y aura aussi un soutien logistique et administratif, un fonds de garantie pour l’achat de bus, ainsi qu’un fonds spécial de 15 millions de FCfa pour le championnat de beach soccer.
S’agissant des compétitions, il est impératif d’harmoniser le calendrier, de relancer la Coupe nationale et de structurer les championnats régionaux. Pour la région de Dakar et ses 140 clubs, il faudra un traitement particulier, en concertation avec les acteurs locaux. Nous voulons que chaque région ait une voie d’accès vers les divisions nationales. Un protocole d’accord avec l’État sera également signé pour que la logistique, les primes et les déplacements soient pris en charge efficacement. Nous accompagnerons aussi les clubs engagés dans les compétitions africaines et subventionnerons les écoles de football agréées à hauteur de 5 millions de FCfa par an.
Comment comptez-vous financer toutes ces actions ?
Je vais signer des conventions avec de grandes entreprises publiques et privées : Sonatel, Senelec, etc. Je veux aussi créer des revenus propres à partir des boutiques, des stations-service, de la billetterie en ligne… Nous comptons également former les jeunes aux métiers du sport : arbitrage, management, marketing. De même, je veux doter la Fsf de ses propres infrastructures. Je suis prêt à céder un titre foncier de 7 00 m² appartenant à ma famille, dans le cadre d’une convention avec la Fsf et l’État. Ce dernier pourra indemniser ma famille et la Fsf deviendra ainsi propriétaire du terrain. C’est ma manière de montrer mon engagement total. Ainsi, l’État pourra nous aider à construire le siège, un vrai centre moderne.
Nous irons également chercher des sponsors solides et mieux gérer les finances. Nous pensons que les anciens joueurs ont donné leur vie au football. Nous créerons une mutuelle pour eux et les intégrerons dans les projets. Ils peuvent aider et transmettre.
Votre programme évoque une meilleure gouvernance. Comment comptez-vous l’instaurer ?
Nous allons instaurer une transparence totale. Les états financiers seront publiés chaque année, tout comme les subventions et aides allouées. Un comité de suivi indépendant, incluant des journalistes et des représentants de la société civile, sera mis en place. Nous voulons aussi digitaliser toutes les procédures pour améliorer l’efficacité administrative. Il est temps de redéfinir les missions de la Lsfp, à travers un audit rigoureux. Nous voulons en faire une structure plus professionnelle, plus transparente et en phase avec les enjeux actuels du football. Nous adopterons une politique de tolérance zéro face aux fraudes. Les clubs qui ne seront pas en règle seront sanctionnés, y compris par des rétrogradations. Des inspecteurs du Trésor interviendront pour auditer la gestion des clubs, et un encadrement plus strict des salaires, des contrats et des obligations sociales sera appliqué.
Comment comptez-vous développer la petite catégorie et le football féminin ?
Le football féminin mérite une place centrale. Pendant trop longtemps, les filles et les femmes passionnées de football ont été laissées en marge. Je compte instaurer des compétitions régulières, avec des subventions spécifiques pour les clubs féminins. Chaque ligue régionale devra avoir une section féminine active. Nous allons aussi investir dans la formation des encadreuses, des arbitres féminines, et assurer une meilleure visibilité médiatique des compétitions. Mon objectif est que le football féminin soit respecté, structuré et compétitif. Nous allons également renforcer les compétitions U15, U17, féminines, scolaires et spécifiques. Les équipes locales et de quartier seront soutenues pour garantir une pratique régulière et accessible. Ce sont ces bases qui nourrissent l’élite.
Selon vous, qu’est-ce qui fera la différence entre vous et les autres candidats en lice pour diriger la Fédération ?
J’ai une solide carrière dans l’administration publique, notamment dans le secteur de la santé. J’ai été comptable des deniers publics, chargé de vérification des factures des fournisseurs au ministère de la Santé, directeur des Ressources humaines et comptable au district sanitaire Dakar-Ouest. Ensuite, j’ai occupé le poste de régisseur des recettes à l’hôpital d’enfants Albert Royer de Fann pendant 22 ans. Ce parcours m’a appris la discipline, la gestion des ressources et la transparence : des qualités essentielles pour diriger une fédération comme la Fsf. Ce que j’ai de plus, c’est l’expérience du terrain. Je connais les réalités du football sénégalais, des terrains sablonneux des quartiers aux bureaux des fédérations. Je veux servir et réparer ce qui a été oublié.
Entretien réalisé par Marième Fatou DRAMÉ