Le sélectionneur national du Sénégal, Pape Thiaw, a montré toute sa classe lors du match décisif qui opposait, au Stade des Martyrs de Kinshasa, la République démocratique du Congo au Sénégal. Le Sénégal s’est imposé dans cette rencontre ô combien décisive grâce à son sélectionneur.
Si, en tant que sélectionneur, il est « né » dans l’après-midi du 10 septembre 2025 à Kinshasa, Pape Thiaw a vu le jour le 5 février 1981 à Dakar.
Il a commencé à jouer au football dans les rues de Dakar avant de rejoindre l’ASC Yeggo, avec laquelle il a fait ses débuts. Il a rapidement décroché un contrat en Europe et atterri en France, à Saint-Étienne.
Il a aussi évolué en Espagne, en Russie, ainsi que dans d’autres clubs français, mais c’est en Suisse, notamment avec le Lausanne FC, qu’il a connu les meilleurs moments de sa carrière en marquant 14 buts en 43 matchs.
Il est ensuite revenu au Sénégal. Il a rejoint l’ASC Jaraaf en 2010 puis Niarry Tally en 2011, où il a terminé sa carrière en 2013.
En sélection, il n’a joué que huit matchs, mais il est entré dans l’histoire du football sénégalais en un seul.
C’était un fameux 16 juin 2002, en pleine Coupe du monde. Le Sénégal affrontait la Suède en huitièmes de finale.
Bruno Metsu, sélectionneur de l’époque, avait créé la surprise en titularisant Pape Thiaw à la place de Khalilou Fadiga, alors qu’il n’avait jamais été utilisé en match de poule, pas même en seconde période.
Pape réalise un très grand match. Mais ce qui le fait entrer dans l’histoire, c’est cette talonnade sortie de nulle part à la 104e minute des prolongations pour lancer Henri Camara, qui élimine le milieu de terrain Johan Mjällby et se présente seul devant le portier Magnus Hedman, à qui il ne laisse aucune chance. Poteau rentrant et but du Sénégal. Ce but permet aux Lions de se qualifier pour les quarts de finale de la Coupe du monde 2002.
Pape Thiaw donne donc raison à Metsu, qui l’a titularisé pour ce match si important. Mais il ne sera pas utilisé en quarts contre la Turquie.
Il a aussi participé à la CAN 2002 au Mali et faisait donc partie de l’équipe qui a perdu la finale face au Cameroun.
Après sa retraite en tant que footballeur professionnel, Pape Thiaw voulait continuer à vivre sa passion. Il se reconvertit en entraîneur.
Débuts pénibles
Il démarre sa carrière de coaching à Niarry Tally en 2018. Mais il est limogé en 2021 pour « insuffisance de résultats ».
Un plus grand destin l’attendait pourtant. La Fédération sénégalaise de football lui donne sa chance en lui confiant l’équipe nationale locale du Sénégal en 2022, avec pour objectif la qualification au Championnat d’Afrique des Nations.
Il parcourt toutes les pelouses du Sénégal pour dénicher les meilleurs talents du championnat.
Il atteint son premier objectif en qualifiant le Sénégal au CHAN en 2023, pour la troisième fois de son histoire après 2009 et 2011.
Le CHAN, son propulseur
Il réalise un exploit historique avec le Sénégal. Alors que personne n’attendait les Lions, ils remportent la première place du groupe B devant la Côte d’Ivoire, l’Ouganda et la RDC.
Les Lions iront jusqu’en finale, éliminant successivement la Mauritanie en quarts et Madagascar en demi-finale.
En finale, ils s’imposent aux tirs au but face à l’Algérie devant son public. Pape Thiaw fait entrer le Sénégal dans l’histoire. C’était historique.
Le Sénégal avait gagné avec la manière. Du beau jeu était au rendez-vous.
En défense, c’était aussi du très haut niveau. Les Lions n’avaient encaissé qu’un seul but en 6 matchs, et c’était face à l’Ouganda lors du deuxième match de groupe.
Le CHAN fut donc une réussite totale pour le Sénégal, mais surtout pour le tacticien sénégalais.
Prochaine étape : la sélection nationale A du Sénégal
Le 29 août 2024, Régis Bogaert quitte son poste d’entraîneur adjoint de la sélection nationale.
Pour le remplacer, la Fédération sénégalaise de football mise sur Pape Thiaw. C’était en quelque sorte pour préparer l’après-Aliou Cissé, dont le départ devenait un sujet brûlant.
Il ne sera coach adjoint que pour deux matchs (le nul face au Burkina, 1-1 à Dakar, et la victoire face au Burundi, 0-1, pour les qualifications à la CAN).
En octobre de la même année, le contrat d’Aliou Cissé n’est pas renouvelé et Pape Thiaw est désigné pour le remplacer. Sa nomination a fait couler beaucoup d’encre, mais il n’a pas tardé à faire taire les critiques.
Il a donné un nouveau visage à la sélection du Sénégal. Efficacité offensive, solidité défensive et surtout beau jeu : l’équipe de Pape Thiaw séduit. Il a survolé le reste des éliminatoires de la CAN 2025 en terminant premier de son groupe.
Son bilan en dix matchs est très satisfaisant : huit victoires et deux nuls, avec 19 buts marqués et seulement 4 encaissés.
Mais il vient de passer un cap depuis qu’il a pris les rênes de la sélection. Son match référence n’est pas seulement la prestation historique face à l’Angleterre.
Sa carrière de sélectionneur a officiellement pris une nouvelle dimension le 5 septembre 2025, lors du match décisif contre la RDC pour la Coupe du monde 2026. Nous avons assisté à un chef-d’œuvre tactique de Pape Thiaw.
Alors que le Sénégal était mené 2-0 en seulement 33 minutes, le sélectionneur prend le match en main. Réajustements tactiques, changements décisifs, mais surtout des mots justes à la mi-temps pour motiver ses joueurs. Le Sénégal a remonté la RDC en marquant trois buts grâce, en grande partie, aux choix de Pape Thiaw.
Ce match face à la RDC, il n’est pas près de l’oublier. C’est un match référence, un match durant lequel il a fait les choix qu’il fallait pour aller chercher la victoire. Peu d’entraîneurs oseraient sortir Sadio Mané alors que leur équipe se dirige vers un nul et qu’elle a besoin d’un but impératif pour gagner. Il fallait du courage, et il l’a fait.
C’est la marque des grands : l’audace. Et nul ne doute maintenant, au Sénégal, que c’est lui l’homme de la situation.
Il est né à Kinshasa et une très longue vie pleine de succès l’attend.
Yaya SOW